Soixante dix-neuf

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Mathieu

Je salue tout le monde avant de m'assoir sur le canapé. Pour une fois, on avait réussi à réunir tout le monde pour qu'on se fasse une petite soirée tranquille, juste entre nous.

- Elle vient pas Romy ?

Je tourne la tête vers Alad'. Après ce qu'il s'est passé l'autre jour, Romy avait complètement changé de comportement. Elle était redevenue la fille muette et impénétrable qu'elle était au tout début. Je savais très bien que c'était même pas la peine de lui proposer de venir.

- Non elle était fatiguée.

- Ah relou. Ça date je l'ai pas vue.

Je vois du coin de l'œil Elie qui me regarde. On sait tous les deux que j'ai menti mais pour l'instant c'était mieux de garder ça pour nous.

On parle tranquille de nos projets et de nos vies. Ça rit, ça boit, ça fume. On passe simplement une bonne soirée entre nous, sans prise de tête. Y avait vraiment une bonne ambiance.

- Ça vous dit on fait un son ? Ça date.

Sans même réfléchir, on accepte tous et on essaye se mettre d'accord sur une instru. Mais le problème est qu'on avait tous évolué musicalement et qu'on avait tous notre style. Rapidement, je sors mon téléphone pour appeler Junior pour qu'il se ramène. Je sais que lui peut nous pondre une dinguerie en quelques minutes. Il est trop fort ce gars.

- C'est bon il arrive.

Les autres acquiescent et je sens mon téléphone sonner. Je ricane en pensant que Junior avait déjà oublié l'adresse mais mon sourire retombe quand je vois un numéro que je ne connais pas. Je fronce les sourcils et décroche tout en m'éloignant du salon.

- Allo ?

- Monsieur Pruski ?

- C'est moi.

- C'est l'hôpital Antoine-Béclère, l'hôpital de Clamart.

- Ouais je connais.

- Une certaine Romy...

Mes oreilles sifflent. J'entends pas la suite. Je sais pas ce qu'il se passe. Je panique. Mon cœur a littéralement arrêté de battre. Romy bordel.

- J'arrive.

Je raccroche directement sans même savoir pourquoi on m'a appelé. Je reviens dans le salon pour récupérer ma sacoche.

- Tu vas où ?

- Romy est à l'hôpital.

Je dis rien de plus et sors aussi vite que possible de l'appartement. Je monte direct dans ma voiture et conduit pour arriver à l'hôpital. Je me gare un peu n'importe comment et rentre en furie dans l'hôpital. Arrivé a l'accueil je demande le nom de Romy et on me dit d'aller en salle d'attente car le médecin va venir me voir.
Ma tension monte. Il faut que je la vois. Que je sache qu'elle aille bien. J'ai besoin de la voir. On peut pas me demander d'attendre sagement. Je vais retourner l'hôpital.

- Oh Polak ! Attends !

Je me retourne et vois Elyo arriver en courant.

- Elle est où ?

- J'sais pas. Je vais câbler.

- J'arrive.

Il va a l'accueil et je le vois gueuler sur la secrétaire. Je pense que j'aurai ri et réagit dans une autre situation mais là je commence à être à bout. Mon cerveau est entrain de disjoncter et je vais rapidement péter un câble.

Elie revient les sourcils froncés, mais étonnamment calme.

- Elle est en salle d'opération. On peut pas la voir tant que c'est pas fini.

- Pourquoi elle est en salle d'opération ? Elle va bien ? Putain réponds !

- Je.. je sais pas.

Ma respiration se fait de plus en plus forte et rapide. Il faut que je me calme avant qu'un des employé appelle les flics et que je me fasse embarquer.

- Je vais fumer une clope.

Elie hoche simplement la tête et s'assoit sur une des chaises sans un mot tandis que je me dirige vers la sortie. Je comprends pas ce qu'il s'est passé. Elle devait être tranquillement à la maison, à rien faire. Comment elle peut en arriver là ?

Sans réfléchir, je sors une deuxième cigarette sans pour autant que je me calme. Pourtant je la finis rapidement et retourne à l'intérieur pour aller attendre avec Elie.

- Mathieu Pruski ?

Je relève la tête et vois finalement le médecin arriver jusqu'à nous. Il se présente rapidement et nous dit que c'est lui qui s'est chargé de Romy. J'espère pour lui qu'il a fait un bon taff parce que je vais lui refaire son portrait et ça sera lui qui se retrouvera en salle d'opération.

- Romy a eu une crise. On ne sait pas ce qui a été l'élément déclencheur de sa crise mais c'était assez violent.

- Est-ce qu'elle va bien ?

- Justement. J'y viens.

Bah viens plus vite. J'ai pas ton temps.

- Elle est dans le coma.

Je fronce les sourcils, les yeux perdus dans le vide. J'ai la boule au ventre, la gorge sèche et je suis incapable de sortir une phrase correcte.

- Pour l'instant son état est stable.

- Et les enfants ?

- Je suis désolé.

Je reste immobile. Impossible de dire ou faire quoique ce soit. Ma tête se fait lourde, mon cœur à cessé de battre le temps de quelques secondes. Je sens des larmes qui ne demandent qu'à sortir de mes yeux.

- Un des deux jumeaux n'a pas pu être sauvé. On a fait ce qu'on a pu pour le maintenir en vie.

Je nage en plein cauchemar. J'ai perdu un de mes enfants et ma femme est entre la vie et la mort. Et moi je suis incapable de faire quoique ce soit. Même cligner des yeux semble être trop dur.

Au fond d'ma tête - PLKOù les histoires vivent. Découvrez maintenant