Au fond d'ma tête - PLK

Bonus

Mathieu

La porte d'entrée claque juste avant que ma fille apparaisse dans le salon.

- Je suis rentrée !

Je la regarde s'installer sur la chaise en face de moi, son caprisun et un paquet de gâteaux dans les mains.

- C'était bien les cours ?

Aleah hausse les épaules tandis que j'hausse un sourcil pour qu'elle m'en dise plus.

- Quoi ?

- Bah j'sais pas le lycée c'était bien ?

- Ah oui j'avais oublié que mon père était pas allé jusque là. Tu sais faut me le dire si tu veux prendre ma place, je te la laisse volontiers.

Je ricane. Ouais c'est bien ma fille. Elle me raconte alors sans plus de détails les différents cours qu'elle a eu.

- Et toi ? T'avais pas une nouvelle artiste qui signait aujourd'hui ?

- Ouais.

- Elle est mignonne ?

J'hausse les sourcils. J'ai bien entendu là ?

- Qu'est-ce que tu me racontes encore ?

- Bah j'sais pas. Ça fait des années que t'es célibataire. Moi ça me dérange pas si tu retrouves l'amour hein.

- Je te l'ai déjà dit Aleah. C'est ta mère et personne d'autre.

- Je sais mais..

- Non pas de mais. Ta mère était l'amour de ma vie. J'ai pas envie de perdre de temps avec quelqu'un que je n'aimerai pas au moins autant qu'elle.

- Ok ok. Pas besoin d'être autant sur la défensive.

Je soupire et attrape sa main. Je sais qu'elle est triste de ne pas avoir une mère comme toutes ses amies. Qu'elle est obligée de se confier à son père et que tous les trucs que ses potes font avec leur mère, elle ne peut le faire qu'avec moi. Mais Romy est toujours dans mes pensées et mon cœur. Même après seize années, rien a changé de mon côté. Au point que mes proches trouvent ça presque pathétique. Mais je n'ai besoin de personne d'autre qu'Aleah dans ma vie.

- Dis ?

Je lui fais un signe de tête pour qu'elle continue.

- Tu t'es déjà embrouillé avec maman ?

Je souris. Si seulement je pouvais lui répondre que non.

- Ouais. J'ai pas toujours été très cool avec ta mère.

- Et elle est restée ?

- Elle est restée. Enfin on s'embrouillait. Elle ne me parlait plus jusqu'à ce que je fasse le premier pas pour m'excuser. Sinon avec ta mère, ça aurait pu durer des mois voire même des années. C'était la pro du silence.

- Et elle ? Elle t'a déjà menti ?

- Ouais.

- Par rapport a quoi ?

- Sa maladie. Souvent, elle était dans une mauvaise période où elle avait des pensées sombres mais elle a toujours agit comme si de rien était. Surtout quand on lui demandait. Elle a toujours nié. Il y a juste une fois, une fois ou c'était bien trop important pour qu'elle se taise, elle m'en a parlé.

- Mais en dehors de ça ?

- Non. Ta mère a toujours été honnête pour le reste.

Elle hausse les sourcils puis hoche lentement la tête. Elle prend un autre gâteau en bouche puis me regarde intensément. Je sais qu'elle a une question à me poser. Depuis petite elle me pose pleins de questions sur sa mère et j'essaye d'y répondre autant que je peux parce que j'adore parler de Romy. J'ai eu énormément de mal à m'en remettre et pour être honnête je pense pas que je m'en suis complètement remis. Mais avec le temps, j'ai compris qu'échanger ces moments que j'ai eu avec sa mère me rendait moins malheureux.

- Si tu devais décrire maman en un seul mot, ça serait lequel ? Pas juste physiquement mais de manière générale.

Je prends le temps de réfléchir pour répondre. Romy était tellement tout. Elle était parfaite à mes yeux. Mais parfaite ne serait vraiment pas le mot pour la décrire.

- Je pense que je dirais imprévisible. Ta mère était vraiment incroyable. Elle m'a toujours surpris pour n'importe quelle situation. J'ai aussi toujours admiré son courage et sa simplicité. Mais je pense qu'imprévisible est ce qui la caractérise le mieux.

Je la vois sourire grandement, ce qui me fait sourire à mon tour.

- Moi aussi je veux trouver un amour aussi puissant que le vôtre.

- Non non t'as le temps. T'as tes amis et moi, ça suffit amplement.

- Mais..

- Pas de mais. Tu crois vraiment que tu vas avoir un copain a ton âge ?

Je la vois rouler des yeux mais je ne capitule pas. J'ai été jeune moi aussi et j'ai clairement été de ceux qui jouaient un max avec les filles. Je sais très bien comment un gars pense, il est hors de question qu'un connard touche à ma fille.

- Donc tu penses vraiment que je vais attendre mes cinquante ans pour avoir un copain ?

- Oui.

Elle soupire et se lève.

- M'en fiche. Zeu me laissera lui.

- Mais c'est même pas ton père.

Elle hausse les épaules comme si ça l'importait peu. Aussi chiante que sa mère celle-là.
Quelques minutes plus tard, la porte claque une deuxième fois.

- Minimoys ? T'es rentrée ?

Je soupire en entendant Enzo. Ces deux-là ont toujours une relation super fusionnel, comme un frère et une sœur aurait. Et même s'ils sont souvent contre moi, je dois avouer que ça me rend heureux de les voir aussi proches.

- Dans le salon tête de cul !

Je ricane quand je les entends se chamailler.
C'est sur que c'est pas facile tous les jours mais je fais en sorte que ça le soit pour elle. Et malgré tout, tout le monde est là pour m'aider. Il ne manque qu'elle, Romy.