Au fond d'ma tête - PLK

Seize

Mathieu

Dans deux jours je retourne au studio. J'suis pressé. C'est limite si j'en rêve pas la nuit tellement ça me manque. Le pire c'est de voir mes potes y aller alors que j'suis presque bani de l'endroit. Mais je sais que cette pause m'aura fait du bien même si j'ai la tête en vrac à cause d'une certaine brune. D'ailleurs, je lui ai envoyé un message pour qu'on se voit. On n'a pas vraiment eu l'occasion de se retrouver que tous les deux ces derniers jours et juste passer un moment calme avec elle me convient très bien si elle ne veut pas parler.

Après avoir reçu sa réponse positive. Je m'étais préparé pour venir chez Elyo. Et me voilà dans le salon avec elle, entrain de fumer une clope.

- Tu veux parler ?

Elle semble réfléchir avant d'hausser les épaules. On va dire que c'est un oui.

- Est-ce que ça te dérange si on parle de ta maladie ou tu veux qu'on parle d'autre chose ?

Elle me regarde longuement dans les yeux comme elle le fait souvent.

- Poses moi toutes tes questions maintenant et après on n'en parle plus.

J'hoche la tête. Je comprenais sa décision et j'en étais même très content.

- Comment s'est apparu ?

- Je l'ai depuis petite. Ça s'est juste prononcé avec le temps et ça a empiré quand mon frère est parti de la maison familiale et qu'on n'a plus jamais eu de nouvelles. J'ai fait ma première vraie crise. Et ça s'est enchaîné.

- Ça se soigne ?

Elle sourit amusée.

- Ça serait trop simple si la réponse était oui. Tu peux calmer les symptômes mais ça reste là, en toi et ça ne partira jamais vraiment, t'apprends juste à vivre avec.

Je suis presque confus en entendant sa réponse. Elle n'a pas l'air triste de savoir ça. C'est comme si on lui disait qu'elle allait très bien.

- C'est quoi les symptômes ?

- Ça va dépendre des gens. Moi c'est surtout le renfermement et l'isolement. C'est pour ça que je parle pas beaucoup. Puis, j'suis un peu désordonnée mais ça va mieux. J'ai aussi des problèmes de concentration et de mémoire. Ça m'arrive aussi d'être un peu euphorique ou à l'inverse à la limite de la dépression mais ça reste rare.

Assimilant toutes les infos, j'hoche lentement la tête. C'est vraiment pas drôle comme maladie sérieux et j'en suis presque fasciné. C'est vrai qu'elle a un comportement un peu étrange mais jamais quelqu'un penserait qu'elle est schizophrène. Et puis elle en parle tellement facilement. Enfaite je pense que sa force mentale me fascine. Faut être grave fort pour pouvoir supporter tout ça.

- Merci.

Elle hoche la tête et sort à nouveau une cigarette.

- Tu sais que c'est pas bon quand même ?

- Je suis plus à ça près.

Je me suis presque senti tomber des nues en l'entendant. Qu'est-ce que ça signifie ? Qu'elle s'en fout de sa santé ?

- Me regarde pas comme ça. Je vais pas faire de bêtises. J'ai pas prévu de mourir maintenant.

Je me sens presque soulagé mais une part de moi a quand même peur de ce qu'elle est capable de faire. Pas envers moi mais envers elle-même.

- J'ai une dernière question.

Elle hoche la tête et je comprends que je dois continuer.

- T'as déjà essayé de te..

- Suicider ? Oui. Mais comme je suis devant toi, tu comprends bien que ça a foiré.