10-Saveur Framboise

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Qui aurait pu croire qu'en rentrant, il découvrirait le roi Léo au cours d'une bataille d'oreillers géante, couvert de plumes et de peluches blanches ?

Pas Tom.

Ainsi lorsque sa sœur avait surgi d'une pile d'édredons éventrés, et que la digne capitaine Meridice Swann l'avait attaquée de son arme rembourré, il avait cru halluciner un instant. Lizzie lia sa main à la sienne. Il craignit qu'elle ne se jette dans la cohue générale, mais contre toutes attentes, elle se tint calme sans dissimuler, dans son petit sourire et son regard délicat, l'envie folle de s'amuser. Qui aurait cru que la plus sage du groupe serait, après lui, sa petite rose ?

En remarquant leur présence, le rouge montant aux yeux du roi. Il s'extirpa du désordre, reboutonna sa veste, et tendit une main vers Lizzie, accueillant.

— Vous devez être la princesse Lizzie ! s'exclama-t-il. Enchanté de vous rencontrer, Tom m'a beaucoup beaucoup parlé de vous.

Se mordillant les lèvres, un brin gênée, elle le remercia et s'inclina avec maladresse, preuve qu'elle n'avait pas souvent eu l'occasion de se présenter devant un souverain.

— Je suis heureux de vous revoir sains et saufs, se réjouit Léo. Mais je savais que je n'aurais pas dû m'en faire : mon meilleur soldat ne rate jamais aucune mission. D'ailleurs, Tom, avant que tu ne te reposes, j'en aurais une nouvelle à te confier.

Le garde hocha la tête, obéissant.

— Peux-tu trouver une chambre digne de ce nom à cette ravissante demoiselle ?  Ainsi que tout ce qu'il lui plaira. Je ne voudrais pas que la reine des fées me qualifie d'hôte négligeant.

Derrière lui, Joanne roula des yeux. Le monarque conclut avec un clin d'œil, à peine discret, et retourna dans la chambre aux murs carmin, où il semblait qu'une horde de tigres avaient travaillé leurs griffes. Meridice, soigneuse, commença à ranger leur pagaille, bien que Léo ait déjà tiré sur un cordon afin d'attrouper des domestiques.

— T'étais mieux en blonde, souligna Joanne en croisant les bras sur sa poitrine, appuyée contre le cadre de la porte.

Las de ses piques, Tom voulut l'ignorer et s'enfuir avec la jeune fée au cœur du dédale de chambres  mais Lizzie resta droite, le regard vissé à celui de la vampire, sans trembler.

— Merci...

— Ce n'était pas un compliment, cracha la brune.

— Merci, se reprit Lizzie, pour ce que tu as fait pour Tom. Merci de l'avoir caché ici, de lui avoir confié un métier, et de l'avoir rendu heureux pendant que je n'étais pas là. Tu as été —es toujours—une sœur formidable pour lui. J'aurais sincèrement aimé être ton amie.

Si Joanne demeura sans voix, Lizzie lui tourna le dos, non sans le bourgeon d'un sourire au creux de ses lèvres d'ange.

***

— Elle te plaît ?

Plaire ? Quel bel euphémisme ! Ce dont Tom se rendit compte lorsque sa meilleure amie sauta à son cou, les iris pétillants de poudre dorée.

— Elle est parfaite !

Somptueuse, la chambre disposait d'une immense fenêtre que de longs rideaux mauves recouvraient. Soutenue par des candélabres d'or, une multitude de cierges colorés éclairaient les parois blanches et roses de la pièce. Au fond, un nécessaire à peinture, ainsi que diverses toiles blanches n'attendaient qu'une âme créative pour les orner. Il y avait aussi une garde robe et des armoires fermées par un verrou d'argent, mais qui ne résisterait pas longtemps à la curiosité sans faille de la jeune fée.

Rouge grenade (terminée) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant