43- Un Heureux Épilogue ? (1/2)

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(🐣 :  scènes matures  )

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— Puisque je vous dis que je ne délirais pas ! Laissez-moi entrer, sombres imbéciles.

Adossé à son cercueil, Léo papillota des paupières. Sa tête lui semblait lourde, et ses muscles étrangement raides. Il se massa les tempes, en balayant sa chambre du regard.

Des pétales, de roses noires ou de lys blancs, traînaient encore sur le sol, mais plus personne n'occupait les lieux.

Enfin tranquille, songea-t-il en soupirant.

Son réveil s'était accompagné de cris d'effrois et d'une agitation sans nom. Quelques officiers avaient essayé de ramener l'ordre, chassant les plus bruyants de la pièce, tandis que Léo s'était vu administrer un nombre incalculable de traitements et de soins. La plupart, inutiles, n'avaient fait qu'accroître sa fatigue.

Finalement, les médecins l'avaient laissé, lui prescrivant seulement du repos et du simili-sang frais pour recouvrer ses forces. Une cloche reposait sur sa table de chevet et deux gardes tendaient l'oreille à sa porte, veillant à respecter le moindre de ses désirs.

Rétabli, il s'empara du manche de cuivre et les appela.

— Sire ? répondirent-ils .

— Laissez la entrer, exigea - t-il d'une voix calme.

Ils se devisagèrent, abasourdis.

— Mais Votre Majesté, mademoiselle Mirror n'est pas dans son état normal. Elle pourrait vous importuner, les médecins ont recommandé du calme, il serait plus prudent de...

— Laissez-la entrer, répéta-t-il en fermant les yeux. Et prenez une pause tous les deux. Vous l'avez bien mérité.

Trop heureuse de passer la défense des gardes, Joanne se faufila entre eux—non sans les bousculer gentiment— et referma la porte derrière elle. Elle semblait plus radieuse que jamais.
Léo se rappelait qu'à son réveil, les  vampires les plus athlétiques  l'avaient brutalement escortée dans le couloir, au même titre que de vieux courtisans, criant au démon— ou au miracle orchestré par la Déesse lune.

En réalité, aucun ne sut jamais ce qui l'avait sauvé. Aucun, hormis peut-être Joanne.

— Ils pensent que je suis folle, soupira-t-elle.

— Tu l'es un peu, non ?

Comme elle sourcillait, dubitative , il leva la main et présenta le fragile anneau  qui ceignait son doigt . Elle ne retint pas un sourire, et lui tira la langue.

— Rappelle moi comment tu as eu cette bague ? J'ai comme un trou de mémoire.

— Je crois qu'une jolie vampire me l'a donnée. Malheureusement, j'ai oublié  son nom. Pas le choix : je vais devoir faire essayer cet anneau à toutes les demoiselles de la cour —et épouser celle à qui il ira.

Elle balaya sa plaisanterie d'un geste de la main. Puis, aussi agile qu'un félin, elle bondit au pied du cercueil, et s'allongea à ses côtés.

Il n'était pas inhabituel de surprendre Joanne entre les édredons de plumes et le sommier de bois royal qui le recouvraient. Or cette fois, tout différait. Elle ne cherchait ni luxe, ni pouvoir, mais seulement les bras —fins et amaigris par la maladie —de son fiancé.

— Ne meurs plus jamais, lui susurra -t-elle, son souffle chaud lui caressant la joue.

— Promis.

Les souvenirs de Léo étaient encore brumeux : il se rappelait de son dernier échange avec sa petite amie —comment l'oublier ?—et d'un tunnel obscur qui avait semblé l'engloutir, étouffant avec lui de derniers appels au secours.

Rouge grenade (terminée) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant