25- Aimer À En Tuer (1/3)

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Tom avait déjà combattu une armée de loups, échappé au feu des dragons, risqué sa vie face aux gorgones. Il avait même affronté le regard outré de la reine des fées sans faiblir.

Il était entraîné, armé de sa plus fidèle dague. Il connaissait les réflexes de Lizzie par cœur, savait où frapper pour la faire plier. Éteindre la dernière Sombrume de ce monde semblait être un jeu d'enfant. C'est ce que tout le monde attendait de lui, et ce qu'il devait faire.

Alors pourquoi tremblait-il autant ?

- Je t'en supplie, Tom... Ne fais pas ça, pria-t-elle d'une voix étouffée.

Un ruisseau de larmes devalait le long de ses joues roses. Et le cœur se Tom se fendit. Il avait toujours détesté la voir pleurer
Quand c'était le cas, il s'arrangeait pour la réconforter, la cajoler, entamer avec elle de longues discussions jusqu'à la tombée de la nuit. Il essayait de la faire rire, de trouver quelque chose, n'importe quoi pour calmer son chagrin. Mais maintenant qu'il était l'origine de ses pleurs, comment pouvait-il encore l'apaiser ?

Une lueur fragile chancelait dans ses iris brillants.

- Par pitié... murmura Lizzie en soutenant son regard.

Elle ne conclut pas sa phrase mais il lut dans ses yeux d'autres mots.
Si tu m'aimes encore juste un peu, laisse moi la vie sauve.

Et enfin, il se décida à ouvrir la bouche :

- Il... il y a peut être une explication. Une méprise. Tu ne peux pas être une Sombrume.

Pourtant Lizzie hocha la tête avec frayeur.

Au fond de lui, Tom le savait, il l'avait toujours su. Lizzie était différente des autres fées, tout simplement parce qu'elle n'en était pas une. Mais ce matin là, quand elle avait murmuré ce mot dans son sommeil, qu'elle avait annoncé pouvoir à tout moment s'éveiller, qu' elle avait supplié une certaine Etincelle de ne pas le tuer, les ongles ancrés dans ses coussins de soie, tout avait pris sens.

L'isolement de Lizzie, ses anneaux d'onyx, l'insistance dont avait fait preuve la reine pour ne pas pousser sa fille à utiliser sa magie. Et surtout tous ces secrets !

Malgré cela, Tom n'arrivait pas à cesser de l'aimer. C'était encore trop tôt pour se détacher d'elle. Alors la dague tomba à ses pieds dans un tintement métallique. Lizzie s'éloigna, les yeux encore rouges.

- Je vais partir, très loin de ce royaume... De toi. Personne n'entendra plus jamais parler de moi. Je te le promets, souffla-t-elle, le dos contre la porte, sa main tatant la poignée.

Tom ne put lever le bras pour la retenir. Une douleur piquante s'acharna contre ses tempes, et l'empêcha d'entreprendre le moindre geste. Jusqu'à ce qu'il ne reprenne pleinement ses esprits.

S'enfuir ?

- Au royaume des fées ?

Elle ne répondit pas, car déjà, elle s'était échappée de la pièce à toute ailes.

- Lizzie !

Conscient de sa bêtise, il se lança à sa poursuite, mais s'il avait pu voir dans quelle direction elle était allée, ce lieu lui était malheureusement inaccessible. Dehors, sous les rayons mortels du soleil.

Son cœur se serra dans sa poitrine. Trop douloureux, il se laissa glisser contre un mur et tomber sur le sol, saisissant sa tête entre ses mains.

Qu'avait-il fait ?

Ses poings se serrèrent. Les minutes defilèrent, accentuant ses remords, et son angoisse. Sous ses paupières vint se loger l'image atroce d'une créature sanguinaire, enflammée, à la crinière rose, incontrôlable et perdue. Il se frotta les yeux pour effacer cette terrible pensée qu'il remplaça par une tout aussi terrifiante : sa douce fée, brisée d'amour ou aux mains des humains.

Rouge grenade (terminée) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant