46-Morsure?

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— Votre Altesse, le roi vous demande.

Pelotonnée contre les abdominaux  de son petit ami, Lizzie grogna mollement. Ses yeux refusaient de s'ouvrir, et son corps de quitter l'étreinte envoûtante que le vampire lui offrait. Mais les coups contre la porte eurent raison de son sommeil  et le garde insista :

— Sa Majesté souhaite vous voir. Il dit que c'est urgent.

Si c'était si urgent que ça, il se serait déplacé, défendit Étincelle en baillant.

Partageant son opinion, Lizzie plongea la tête dans un édredon de soie, et rabattit les coins contre ses oreilles.

— Encore cinq minutes ... grommela-t-elle à moitié assoupie.

— Nous serons là dans un petit quart d'heure, répondit Tom plus haut en riant.

Un quart d'heure, c'était si peu !
Il se dégagea du lit avec douceur et la petite fée gronda de plus belle.

— Dis lui que je suis malade... Que nous sommes malades, que nous avons attrapé la grippe humaine.

Pour l'amadouer, elle fit trembloter sa lèvre inférieure avant de conclure d'un candide "s'il te plaît".

— Allez, si Léo veut nous voir de si bonne heure, c'est pour nous annoncer une chose importante... ou une excellente nouvelle. Ça vaut le coup.

Relâchant un soupir, Lizzie abdiqua. Une bonne nouvelle, se convainquit-elle, en se frottant les yeux. Ça ne pouvait être que ça.

Le roi avait peut-être décidé d'informer Tom de ses fiançailles. Sans doute s'apprêtait-il à lui confier les joyaux d'éternité, deux diamants confiés aux témoins jusqu'à la nuit de noces.

Elle émergea finalement du lit, les muscles criant de fatigue.

— Tu sais que tu es magnifique ?

Magnifique ? En robe de nuit, les cheveux en pagaille, et les yeux auréolés de cernes, Lizzie manqua de le contredire. Pourtant, dès qu'il enroula ses bras autour de sa taille, et qu'il plongea ses lèvres le long de son cou, elle commença à le croire. Elle tourna son visage vers lui et il comprit : imprimant son souffle au parfum de menthe contre le sien.

— Tu aurais dû laisser plus de temps au garde, déplora Lizzie en détachant, blotti dans les bras de Tom, le lacet doré qui flottait sur sa robe de nuit.

Le vêtement glissa jusqu'à ses pieds, et elle se retrouva en simple nuisette de coton. Une autre tenue l'attendait, derrière le paravent. Aimant Tom de tout son cœur, elle ne se sentait toutefois pas prête à se montrer en tenue d'êve devant lui. Il lui envoya un baiser, qu'elle fit mine d'attraper et disparut de son regard doux.

Elle en ressortit, vêtue d'une robe aussi claire que sa chevelure. Tom avait enfilé un bas sombre et la chemise ample de son uniforme de garde. Au dessus de son cœur, une rose blanche remplaçait le maudit pins de loup dans sa boutonnière.

— Tu veux que je noue ta robe ? proposa-t-il en pointant son dos nu.

Elle le sentit frôler sa peau et tirer les fils du  corsage. Elle bloqua son souffle, et rentra le ventre, se préparant déjà à subir le câlin étouffant du corset au profit d'une élégante taille de guêpe. Or rien ne la compressa; Tom avait suspendu son geste.

— J'aurais aimé... te rendre tes ailes, souffla-t-il, d'un ton défait.

Les mains retenant ses cheveux par dessus son épaule, Lizzie comprit quelle cicatrice blanche avait heurté son regard.

Rouge grenade (terminée) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant