14- Promesse Rose

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Lizzie dansait sur des étoiles. De la poussière blanche, qu'aucun plumeau ne pourrait balayer tant le sol en roche d'onyx l'accrochait. Des fragments de miroir pailletaient les parois, comme un millier de cristaux blancs. Seule Lizzie arrivait à discerner leur véritable reflet, sous forme de souvenirs chers qu'elle aurait pu contempler pendant des heures.

Mais la jeune fée s'était promis de ne pas perdre la moindre seconde, ignorant encore combien de temps, Joanne dormirait sur son lit de terre et de racines.

Elle s'envola. Même sans ailes, cela lui était de nouveau possible, dans cette section de jardin qu'elle avait nommée « observatoire », probablement influencée par de belles nuits à admirer les constellations sous les remarques érudites de son ami vampire.

Lizzie aurait aimé en refaire. Elle savait à quel point Tom se plaisait avec une lunette astronomique. Son sourire valait bien mille aventures.

Entre une myriade d'éclats de verre, Lizzie se figea, deux détails l'interpellèrent : le premier, un morceau de miroir brisé. Ses doigts l'effleurèrent timidement, inquiets de l'abîmer davantage. Un loup surgit dans la glace qui éclata aussitôt. Effrayée, Lizzie recula, haletante, une main sur son cœur.

Le second élément, placé un peu plus en hauteur, était un carré opaque. Pêche, il se fondait parfaitement avec la peau de la princesse, mais contrastait avec celle du mur bleu roi. Du bout des ongles, Lizzie l'arracha. Un crépitement jaillit au dos du dispositif, câblé de circuit métalliques.

Je l'ai trouvé !

Un sentiment de victoire l'assaillit lorsqu'un poids s'ota de sa nuque. Elle avait réussi : d'ici quelques secondes, la ruse de Rémi ne serait plus qu'un vilain souvenir.

***

Un grand soupir de déception.
Rien ne décrirait mieux la réaction d'Etincelle lorsque Lizzie franchit une deuxième fois la barrière d'écorce. Aspirée par une force invisible, elle regagna le corps de la fée, en lui jurant qu'elle paierait pour sa rapidité.

L'ignorant, Lizzie se précipita vers Joanne, toujours endormie et lui secoua les épaules en répétant son nom. Par chance, l'astre de la nuit peignait toujours le ciel. Pour combien de temps ?

La vampire audacieuse papillonna des paupières, l'air groggy. Elle étira ses bras, et son visage. Ses canines dépassaient de ses lèvres roses, gonflées par la fraîcheur forestière.

— Ma tête... geignit-elle, en s'appuyant contre les branches d'un buisson nu, pour se redresser.

Elle ne put faire trois pas qu'elle bascula en avant, et se retint à Lizzie.

— Je...peux... marcher... toute seule, fit-elle, la voix pâteuse avant de s'écrouler contre un arbre.

Lizzie maudit intérieurement sa part sombre qui répliqua aussitôt : «Elle allait nous tuer, je te rappelle. J'aimerais bien t'y voir, à essayer de doser ta magie dans l'urgence. »

Un brin de malice se logea dans sa voix lorsqu'elle reprit :

— Et puis, ne va pas dire le contraire, elle est bien mieux comme ça.

— Ça suffit Étincelle, gronda Lizzie à voix haute.

Joanne s'arrêta, courbée contre une branche, et pivota la tête d'un geste mécanique.

— Toi aussi tu les vois ? lança-t-elle, distraite. Les feux-follets...

Lizzie voulut se frapper le front. Pour ne rien arranger, Étincelle se tordait de rire dans un coin de son esprit, et l' empêchait de réfléchir correctement.

Rouge grenade (terminée) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant