— Si je comprends bien, tu aimerais que nous jouions les gardes du corps de sa Majes... Léo, juste toutes les deux. Moi la nuit, toi le jour ?
Joanne acquiesça franchement. Sa queue de cheval accompagna son mouvement, et elle empoigna le manche de son épée, avec fierté. Elle lui avait visiblement manqué. Méridice la comprenait : loin de ses dagues ou de son arc, elle aussi aurait la terrible sensation de se promener nue... et munie d'une effroyable vulnérabilité.
— Tu as le droit de refuser, Méridice, intervint Léo d'une voix lasse, épuisé et affalé contre le rebord de son gigantesque cercueil. Je peux assurer ma sécurité tout seul...
La semelle de ses bottes crissant contre le parquet de bois, Joanne lâcha un grognement en le fustigeant du regard :
— Non, tu ne peux pas ! Tu es un combattant pitoyable, Léo. Si l'assassin refait surface, je ne te donne pas dix minutes de survie. Cinq, si j'étais moins optimiste.
Tandis qu'une ombre passa au milieu du visage du souverain, Méridice retint son souffle. Elle n'avait pas beaucoup connu le prince dont elle partageait le sang, mais elle savait qu'il avait toujours battu son grand frère.
Émile avait reçu l'enseignement d'une lignée d'excellents professeurs et d'assez bons réflexes. Si personne n'avait entendu ses cris, c'est parce que le vampire n'en avait pas poussé. Son meurtre avait été sec, bref et, tristement efficace.
Elle rejoignait l'opinion de Joanne : Léo n'avait aucune chance. Elle-même ignorait si elle pourrait tenir bien longtemps, dotée de sa simple force d'elfe. D'autant plus avec les traces envenimées qui grattaient encore ses veines bleues.
— Ce n'est pas que je refuse... mais... Il faudrait peut-être un soldat plus fort pour assurer cette tâche.
Plusieurs noms lui vinrent déjà en tête.
Les anciens, comme les plus habiles. Et parmi eux, une tête se détacha. Sa petite Aliénor. Elle était redoutable au corps à corps, surtout pour une aussi jeune recrue. Elle aimait apprendre et si elle commettait parfois quelques maladresses, Méridice lui offrirait sa confiance sans hésiter.— Même si je pense qu'il était humain, expliqua Joanne d'un ton détaché, l'assassin peut être n'importe qui....Y compris, un de tes gardes. Tu es la seule en qui j'ai réellement confiance. Parce que Léo est ton frère, que tu as déjà fait tes preuves et que... Le jour du meurtre, tu étais encore clouée au lit. Tu as une technique imparable. Ça suffira : je doute que le meurtrier prenne le risque d'attaquer la nuit de toute manière, enchaîna-t-elle en tournant la tête avec désinvolture.
— Et Tom ? Tu n'as pas confiance en lui ?
La conseillère plissa le nez et grimaça, peu encline à cette idée.
— Pour Tom, c'est différent. Sa loyauté ne va qu'à une seule personne... Et ce n'est pas son roi. Les humains ont déjà réussi à le piéger, ils pourront recommencer. Il se fera duper, encore et encore, parce qu'il ne supportera pas l'idée de laisser mourir sa petite peste !
Ces derniers mots sonnaient comme si elle avait recraché du poison.
— Tu restes persuadée que le coupable est humain ? avança Léo, en se grattant la tête.
Elle haussa les épaules.
— Je n'en sais rien. Mais la coïncidence semble trop grande pour qu'en moins d'une journée, les humains parviennent à contrer le dôme... et que quelqu'un assassine Émile. En plus... je crois que...
Ses doigts se replièrent. Sa phrase s'était éteinte, laissant planer un déstabilisant silence.
— Joanne ? l'interpella le roi dans son dos. Tu allais dire quelque chose.
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Rouge grenade (terminée)
FantasyRose framboise Tome 2 [spoiler Tome 1] Tom et Lizzie ne se sont pas revus depuis plus de quinze ans. Quinze ans pendant lesquels la jeune fée s'est habituée au monde humain. Des années que le vampire espère toujours son retour, cloîtré dans un pa...