27-La Plus Belle Fleur Du Bal (2/2)

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— M'accordez-vous cette danse ? répéta-t-il avec un petit sourire crispé.

Genée, et cachant bien mal sa surprise puis sa déception, Lizzie accepta poliment son bras pour se laisser emporter au milieu  de la piste de danse. Dès lors, la musique s'éleva, s'anima. La Princesse se demanda un instant d'où elle provenait , avant d'apercevoir dans un petit balcon excentré, une  ombrume  secouer une baguette brune face à une multitude de reflets cuivrés.

— Vous attendiez quelqu'un d'autre ? Ne me dites pas que je lui ai volé une première danse promise, j'en serai très navré, commença Léo en guidant ses pas.

La foule continua de les dévisager, avant de les rejoindre, se laissant porter par le rythme entêtant de la musique.

Ne pas remarquer le roi aurait été un exploit. Bien qu'il ait troqué son couvre chef royal pour une couronne plus fine et légere, son costume scintillait comme une mine de diamants. Des pépites d'or, ou d'emeraudes fourmillaient sur sa veste sombre, et sur sa boutonnière, une rose fleurissait.

Lizzie se pinça les lèvres.

— Non, bien sûr, je ne me suis engagée à rien, mentit-elle à moitié pour ne pas le froisser. Je... suis juste surprise. Je pensais que vous proposeriez une danse... à quelqu'un d'autre. Joanne, par exemple.

Une ombre passa devant le visage du monarque, mais il ne relacha pas son sourire.

— Si elle était venue, elle n'aurait pas seulement pu partager ma première  ou ma deuxième danse : je n'aurais pas lâché sa main de toute la soirée.

En effet, en balayant les alentours d'un regard attentif, Lizzie ne retrouva pas la grande conseillère royale.

— Pourquoi n'est-elle pas là ?

— Joanne a sa propre idée du bonheur, et se rendre à un bal n'y entre pas, se contenta-t-il de répondre en faisant tournoyer sa cavalière, qui maladroitement finit son tour en lui écrasant le pied.

Bravo, Lizzie.

— Toutes mes excuses... Je n'ai pas l'habitude de... danser. Surtout sous tous  ces regards.

Le front du roi se plissa. Pas de mécontentement, de doute plutôt.

— Ce n'est rien. Mais j'avoue être surpris. Je pensais que tous les princes et princesses savaient merveilleusement danser. Votre sœur, Miele, par exemple, est une ballerine née.

Il disait vrai. Miele pouvait charmer n'importe qui, pointes aux pieds. De toutes ses sœurs, elle avait toujours été la plus belle, la plus gracieuse, la plus aimée du peuple. La plus parfaite en somme. Et Lizzie savait à quel point cela lui pesait parfois sur les épaules.

Être toujours sous les feux des bougies devait être épuisant à force. Rien qu'en partageant cette danse avec le cavalier le plus prisé du bal, Lizzie commençait à le comprendre.

— C'est pour cette raison que vous avez voulu danser avec moi ? Me comparer avec mes sœurs ? suspecta Lizzie, en sourcillant.

Sa remarque sembla l'amuser.

— Non. Simplement, Selena est encore en convalescence. Méridice n'arrive que dans une demi-heure. Et Joanne... vous savez déjà pour elle. Pour vous... j'imaginais que vous n'aviez personne avec qui danser, comme votre arrivée dans le château est très récente . J'aimerais aussi en savoir plus sur celle qui hante l'esprit de mon meilleur soldat et — je l'espère un jour —demi frère.

Lizzie sourcilla à nouveau.

— J'ai un cavalier, rouspeta-t-elle en se concentrant sur ses pas pour ne pas freiner la cadence du monarque.

Rouge grenade (terminée) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant