La bibliothèque royale fourmillait d'ouvrages sur l'hypnose et la magie de l'esprit : pas autant que le palais des fées, mais suffisamment pour que Lizzie et Tom s'occupent en lecture.
La nouvelle s'était répandue comme une traînée de poudre dans le palais, et il avait été recommandé à chacun de ne pas approcher la princesse rose. L'idée venant de Lizzie elle même. Cependant, Tom refusait de se séparer d'elle.
Ils realisèrent quelques potions, mais régulièrement, l'envoutement revenait posséder la jeune fée. Tom avait beau la surveiller et rester sur ses gardes, il passa plusieurs fois près de la mort. Un rideau mal tiré, une épée de fer, ou un poison virulent : au bout de la quatrième fois, Lizzie s'échappa dans sa chambre, l'évitant à tout prix.
Pour couronner le tout, leurs recherches n'avaient rien donné.
— Lizzie, je peux entrer ? demanda Tom derrière la porte de sa chambre.
Le nez enfoui entre ses genoux, la jeune fée se haïssait. Pourquoi n'arrivait-elle pas à chasser cette vile magie ? Pourquoi ne parvenait-elle pas à deviner qui la dupait ? Sans Étincelle, elle n'aurait sans doute jamais repris conscience. Cette dernière ne manquait d'ailleurs pas une occasion de le lui rappeler, prétendant devoir occuper les commandes de son enveloppe corporelle à sa place.
— Tu es plus jolie avec un sourire, commença une voix.
Lorsqu'elle releva deux yeux bouffis vers lui, il passa un bras derrière son dos et l'attira contre lui, lui offrant une nouvelle étreinte qu'elle jugea aussi réconfortante qu'une friandise. Mais rien ne pouvait lui faire oublier, ce qu'on avait fait d'elle : une marionnette instable.
— Tom, il vaut mieux que nous nous éloignons l'un de l'autre un petit moment, murmura-t-elle, la tête contre son épaule.
Alors que Lizzie espérait au fond d'elle qu'il refuse, Tom finit par hocher la tête, résigné.
— Je demanderai aux meilleurs gardes de veiller sur toi. Je ne te laisserai jamais seule. Jamais ! Tu occupes la plus grande place de mon cœur.
Ses mots la firent fondre. Il attrapa ensuite sa main droite, et embrassa le bout de ses doigts, avant d'atteindre la porte d'entrée.
— Léo a organisé une réunion pour parler des humains. Je dois m'y rendre mais ensuite, j'irai immédiatement prévenir Aliénor. C'est une garde très compétente, tu verras.
Une pointe de regret avait surgi dans sa voix, immédiatement effacée par un sourire franc. Lizzie le lui rendit, mais avant qu'il ne disparaisse dans le couloir, elle bondit sur ses pieds et se précipita à sa suite. Lui crier qu'elle l'aimait, lui promettre des balades romantiques sous le clair de lune, mourir d'envie de l'embrasser : toutes ces idées affluèrent dans son esprit.
Or, lorsque Tom fit volte face vers elle, Lizzie n'aborda rien de tout ça.
— Je... Tu portes toujours la broche en forme de loup ?
En effet, sur sa veste de jais, était épinglé le canidé et son auréole lunaire.
— Je n'ai aucune raison de m'en séparer.
Et il partit, déjà bien en retard.
***
Une pile d'ouvrages à sa gauche, une assiette de biscuits au chocolat à sa droite, Lizzie ne détachait plus les yeux d'une page. Une main griffonnait sur un vieux papier diverses notes, l'autre remplissait son estomac. Sa lecture achevée, Lizzie dut se mordre la lèvre pour ne pas éclater de joie.
Elle avait trouvé ! Un espoir avait fleuri entre les lignes de ce grimoire.
Le seul souci : le voyage risquait d'être dangereux, et surtout de mettre à mal son secret. Autrement dit, mentir et se faufiler seraient des outils clefs. Rien qu'à cette idée, Étincelle bouillonnait d'excitation.
Lizzie jeta un œil à l'extérieur de la chambre : personne ne la surveillait. En plus, la réunion semblait s'éterniser.
« C'est le moment, l'incita Étincelle, et son influence fut telle que Lizzie finit par l'écouter »
Elle piocha une cape ébène dans la garde robe, et s'enfuit en traversant le jardin, doré par le crépuscule. Elle franchit le dôme magique, et à l'extérieur, une boule d'appréhension la saisit.
Tom lui en voudrait-il lorsqu'il trouverait le mot qu'elle lui avait adressé ?
Elle secoua la tête. Non, il comprendrait ! Cette fois ci, ce n'était pas dans le but de satisfaire sa curiosité, ou de goûter à la fraîcheur de l'aventure. Ce n'était pas non plus pour venir en aide à une ombrume inconnue.
Cette fois ci, elle se battrait pour éviter de devenir un poids. Elle se jetterait dans la gueule du loup, pour échapper à l'ensorcelement. Elle courrait à travers la nuit, et reviendrait plus forte. Même Etincelle tombait d'accord avec cet idéal. Elles avancèrent, d'un but commun.
Si la forêt des elfes côtoyait la résidence royale, la limite entre le confort princier et la dureté elfique se fit sentir. Et malgré une chaude veste d'écorce, le froid hivernal aussi.
Lizzie n'osa jeter un œil aux statues de cristal qui peuplaient sa route. Elles lui rappelaient ses frères et sœurs, figés de terreur, ou au contraire, enjoués, inconscients du drame qui les touchait. Le plus dur avait été de retrouver sa mère, droite comme un piquet, et les yeux clos, comme si elle priait. Elle avait craint qu'ils ne respirent plus jamais, qu'ils ne partagent plus aucun repas avec elle autour d'une table volante. Qu'ils ne participent plus à un bal ou une soirée d'anniversaire si chère aux yeux de la reine. Elle crut les avoir perdus.
Soudain, une ombre s'aglutina aux troncs de bois . Le cœur de la forêt ombrageait les rayons lunaires quand celui de Lizzie accéléra sa course. Une branche craqua sous son pied, puis deux phares rouges, semblables à deux rubis, s'allumèrent. Les humains, songea Lizzie en deglutissant.
Sans réfléchir, elle se mit à courir à toutes jambes, le souvenir de sa dernière altercation avec Rémi en tête. L'ombre la poursuivit, filant entre les plus courts espaces, où Lizzie avait du rétrécir sa taille pour oser s'y glisser. Elle grimpa aux arbres avec l'agilité d'un chat et suivit sa proie. Elle semblait côtoyer les nuages, tailler puis briser les branches d'un coup de griffe et fuir les rayons de la lune qui revenaient éclaircir leur voie.
Enfin, la silhouette sauta, couverte d'une cape carmine volumineuse. Elle atterrit devant Lizzie qui, bousculée, perdit l'équilibre, et tomba entre la neige et la gadoue. Deux canines blanches aiguisées brillèrent d'une blancheur surnaturelle. Un poignard d'argent, pendu à sa taille, les imitait.
— On ne t'a jamais dit que tenter de semer un vampire était une terrible idée !
Si elle n'arborait pas de sourire carnassier, prête à la dévorer toute crue, Lizzie aurait presque été soulagée de croiser la route de Joanne Mirror.
***
Bonjour à tous, comment allez vous ?
Deux chapitres d'un coup, mais que se passe-t-il ?
En fait, je voulais tester une nouvelle mise en pages : mes chapitres s'allongent. Et je me demandais :
Préférez-vous que je laisse un plus long chapitre (aux alentours de 2700-3200 mots)?
Ou de le scinder en deux mini /moyen chapitres comme aujourd'hui ?
Et je profite de cette note d'auteur pour glisser une petite anecdote. Pour ceux et celles qui connaissent lulu. Elle a failli prendre la place d'étincelle. Mais finalement, je préfère la garder pour une autre histoire 🥰.
Merci à vous de continuer à lire les aventures de Lizzie tom.
Je vous fais plein de bisous, et à vendredi prochain 🥰😘😘
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Rouge grenade (terminée)
FantasyRose framboise Tome 2 [spoiler Tome 1] Tom et Lizzie ne se sont pas revus depuis plus de quinze ans. Quinze ans pendant lesquels la jeune fée s'est habituée au monde humain. Des années que le vampire espère toujours son retour, cloîtré dans un pa...