33- Feux D'amour

206 29 380
                                    

—Tom, je...

Lizzie s'interrompit. Peut être qu'elle ne parlait qu'à une porte finalement. Peut-être que le beau vampire n'était pas réveillé, ou qu'il avait décidé de se dégourdir les jambes, verouillant par précaution sa chambre avant de partir.

Le jeune fée préférait ces scénarios.

Parce qu'ils signifiaient que Tom ne l'ignorait pas.

Mais d'après Léo, il avait regagné son cercueil quelques minutes plus tôt.

C'était d'ailleurs la raison de sa venue, peu après le dernier coup du crépuscule.

— Tom me semble... différent.  Pourriez-vous lui parler ?  avait demandé sa Majesté, sans tenir compte des baillements que lançait une Joanne exténuée dans son dos. Je sais que je vous ai dit hier qu'il souhaitait être seul. Mais... il m'inquiète, et vous seule saurez délier sa langue.

Gagnée par l'anxiété, Lizzie s'était empressée d'accéder à sa requête.
Elle avait couru, oubliant même de prendre congé auprès de ses deux visiteurs, et en moins d'une minute, elle avait atteint la chambre de son cher vampire.

Mais, quand elle avait toqué, personne ne lui avait répondu.

En collant son oreille à la serrure close, elle percevait pourtant  quelques craquements de bois. Comme si Tom s'était retourné. Comme s'il s'était levé, qu'il avait marché un peu.

Comme s'il avait entendu sa voix sans oser lui répondre.

— Tom, souffla - t-elle, une main plaquée contre la porte, je sais que tu ne veux pas trop me voir... Et je suis certaine que...

Tu m'aimes encore..., finit-elle en songe, loin d'avoir la force de prononcer ces mots, de crainte qu' ils s'avèrent faux.

— Je veux juste m'assurer que tu vas bien. Léo... Léo m'a raconté ce qu'il t'était arrivé...

Les humains. Leurs actes... et le piège odieux qu'ils lui avaient tendu.

Lizzie retint ses larmes, sans parvenir à dissimuler les brisures jaillissant de sa voix.

Sa vie. Tom aurait pu y laisser la vie. Pour toi, pauvre idiote.

Elle regretta de ne pas l'avoir attendu. Elle et sa stupide impatience.

— Réponds-moi... s'il te plaît.

Elle se tut, se noyant dans un silence oppressant. Finalement, son dos glissa contre le bois écaillé et elle s'assit par terre, ses bras s'enroulant autour de ses genoux, comme un escargot rentrant dans sa coquille. Elle ne s'en sentait pas plus puissante.

— Si tu as besoin de moi, je suis là, murmura-t-elle sans certitude qu'il l'entende. Je vais partir. Mais demain, je reviendrai.Et je recommencerai tous les jours jusqu'à comprendre ce qu'il s'est passé dans ces bois. Jusqu'à ce que tu ailles bien... Parce que...

Je t'aime, Tom.

Sa poitrine la brûlait, tel un feu qui venait de consumer son cœur. Face à ce nouveau silence, Lizzie crut que rien ne parviendrait à l'éteindre. Elle compta dix secondes, et se releva péniblement, en route vers sa propre habitation. Ou plus loin, dans les sous sols de la bibliothèque, si ses pas la menaient ainsi.

— Lizzie, attends !

La porte n'avait pas cillé mais les murs avaient délivré cette voix qu'elle n'espérait plus.

— Tom ? Je peux entrer ? demanda-t-elle, les yeux lumineux d'espoir.

Elle colla son oreille contre le mur, croyant écouter jusqu'à la respiration lente de son petit ami.

Rouge grenade (terminée) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant