18- Princesse En Armure

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— Garde ton calme, Méri, t'énerver ne t'amènera à rien.

Méridice avait scruté chaque recoin, chaque mur, chaque serrure, chaque livre de la bibliothèque. Dans l'espoir que, tout comme son demi-frère, le roi des phénix avait couvert ses plus grands secrets de pages antiques noyées d'encre noire.

Les vitraux flamboyants donnaient sur la muraille extérieure, la plus haute qu'il lui était donné de voir. La franchir lui avait pris trois heures, deux harpons, dix flèches et une crampe à la jambe. Seule, de surcroît. Malheureusement Méridice était partie de jour, et personne dans le palais n'aurait supporté la douce chaleur solaire aussi bien qu'elle. Sauf  peut-être la princesse Lizzie si elle avait pu se servir de ses jambes. Quoique...

Méridice n'avait rien contre celle qui ravivait les colères tempêtueuses de Joanne, gonflait le cœur du soldat Tom et abreuvait la curiosité du roi Léo, mais elle savait reconnaître des bras qui n'avaient jamais brandi une hache de guerre, et des jambes trop fragiles pour soutenir un corps éreinté.

De plus, la solitude lui convenait parfaitement.   L'elfe avait ainsi pu rejauger les paroles de Léo, et la crainte qu'elle avait lue dans ses yeux. Il tenait à elle, elle tenait à lui d'une certaine façon.

Mais, ils convoitaient la même vampire. Lui était roi, elle simple soldate.

Non, capitaine .

Non, princesse. 

Et puis zut, le rang avait-il vraiment son importance quand il suffisait d'écouter son cœur ? Bien que celui de Joanne s'apparentait au plus dur des silences.

Distraite, elle s'entailla la main contre une tige d'acier. Une goutte de sang azur contourna sa paume, avant d'être englouti entre ses lèvres fines. Un juron lui échappa. C'était si difficile de planter un clou correctement ! s'agaça-t-elle en son for intérieur.

La tête sorti, ce clou ressemblait à un champignon cuivré, comme  ceux que Méridice aimait cueillir en automne. Certains, fantastiques, modifiaient les souvenirs, annulaient le poids de la gravité ou dissimulaient dans leur pied terreux des diamants.

Animé d'une idée, le regard de la jeune femme s'illumina.

« Et si...»

Elle tira son couteau de sa ceinture , et frappa sur la malheureuse tige pour l'enfoncer de plus belle dans le bois. Le mécanisme s'activa, beuglant rouages et déplacement de bûches. Puis, une trappe se déroba au fond d'un mur grisâtre.

Bingo, songea l'elfe en s'y précipitant.

Si elle s'attendait à decouvrir une minuscule clef de bronze sertie d'un joyau turquoise (tout aussi riquiqui) , son enthousiasme ne tarda pas à s'etouffer.
Rien.

Il y avait bien un lot de bijoux,— peut-être la collection personnelle de la reine Iris Wallfire, ou celui d'une grande duchesse— mais rien ne ressemblait à l'objet de sa quête.

— Vois le côté positif des choses, tu as l'occasion d'admirer les bijoux les plus somptueux du monde entier, se dit-elle à voix haute, en repensant au talent que possédaient les hommes-oiseaux pour l' orfèvrerie.

L'un d'eux, plus grand que les autres, brillait d'une lumière de jade. Piquée par la curiosité, Méridice le libéra de sa boîte de fer, et fut immédiatement frappée par deux choses.

D'une part, sa beauté : le médaillon, en forme d'œil, semblait avoir été poli et taillé par des doigts de fées, et recouvert d'une couche de poussière d'étoile. Il accueillait en son centre une émeraude ronde tout aussi élégante.

Rouge grenade (terminée) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant