8- Baiser Glacé

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Glaciale, l'eau de ne devait pas dépasser les dix degrés. C'était peu, trop peu pour le corps d'une fée humaine. En quelques brasses, Tom l'avait déjà rattrapée. Il saisit son bras et remarqua sa détresse. Si les premiers mouvements de Lizzie avaient été vigoureux, son énergie, elle, avait diminué. Une flopée de bulles remontèrent à la surface, signe de son essoufflement. Le froid la tenaillait, piquer sa peau, mordait son cœur et ses poumons.

Ne craignant pas le froid, Tom couvrit ses épaules, fit de son corps une cape, et la laissa se refugier contre ses bras, lovée contre son torse. Elle replia ses genoux, faiblement. Son pouls ralentit, épuisé par tant d'effort. Elle ne bougeait plus.

Des débris de coraux lumineux, vaguant au gré du courant, mirent en valeur ses lèvres violacées, et son teint blanc porcelaine. Tom jeta un œil vers la surface. Ils s'étaient trop éloignés pour y remonter. Et Lizzie avait besoin de se débarrasser de ce foutue cœur. Alors, le vampire l'emporta en profondeur.

Il atteignit le premier fond, qui se souleva en quelques volutes de sables d'or. La vue était admirable, bercée de couleurs et de lumière chaudes. Le royaume des sirènes se composait d'une dizaine de falaises toutes  gravées de cristaux fluorescents et de vase.

Ça va aller, Lizzie, tiens bon, on y est presque, voulut chuchoter Tom mais ses mots se changèrent en écume.

La caverne d'Aquarelle se situait en marge du royaume, à peine une vingtaine de mètres plus bas. Ici, la température sembla se réchauffer. Sans tarder, il prit de l'élan et sauta. Il serra Lizzie contre son cœur tandis qu'une apparente apesanteur prenait possession de son être.

Elle l'éleva, méfiante, le sépara du royaume et le lâcha dans un gouffre sous-marin. Tom tomba, comme si un boulet avait été sanglé à sa cheville, sans savoir où est-ce qu'il atterrirait. Sa dernière vision ne fut qu'une rangée de pics acérés, parfaites pour lui transpercer le cœur.

***

Une chaleur agréable caressa sa joue, une pression se fit sur son buste. En ouvrant les yeux, le visage de Lizzie se dessina, auréolé d'une lumière blanche. Une nuée de bulles jaillit de sa bouche en cœur. Sous l'eau, Tom ne parvenait pas à savoir si elle avait pleuré mais puisqu'elle contactait son bras avec force, il songea qu'elle s'était inquiétée. Quand il tenta de se redresser, une tâche bleue flotta à sa droite et une douleur aiguë lui ceignit le bassin. Du sang. Son sang.

D'habitude, s'il s'était correctement abreuvé, les blessures d'un vampire  se régénéraient en quelques secondes et Tom était certain d'avoir bu suffisamment de simili sang pour cela . Lizzie attrapa sa main en douceur, comme seul réconfort puis montra une rangée d'aiguilles géantes dont certaines, brisées, reposaient encore sur le sol. Alors Tom comprit. De l'onyx. Cette pierre annhilait tout pouvoir. Si ces abominations avaient traversé sa chair, ses capacités surnaturelles attendraient sans doute un moment avant de se remettre.

Le cours de ses pensées s'arrêta lorsqu'une paumade glacée s'étendit sur sa plaie. Non, pas une pommade. Des algues poisseuses qui pansèrent sa blessure sous les doigts habiles de Lizzie. Elle aida son ami à se relever, et lui indiqua l'entrée d'une caverne, fermée par une conque géante.
La demeure d'Aquarelle.

Un boule d'appréhension se forma dans sa gorge. Espérons qu'elle pourra faire quelque chose pour Lizzie. Elle a besoin de sa magie, et moi j'ai besoin d'elle.

Lizzie déplaça la coquille. A l'intérieur, sous de majestueuses parois aux reflets turquoise, l'eau avait deserté les lieux au profit de l'air.  Mais tandis qu'ils en cueillirent une bouffée, une faux fendit l'espace, et manqua de débarrasser Tom de sa chevelure.

Rouge grenade (terminée) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant