19- Mystérieuse Ombrume

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Comme la queue d'un serpent de glace, —créature hivernale  du monde des ombrumes— accroît lorsqu'il s'abreuve, une file d'acolytes se rangea dans le dos de leur chef.

Malgré ses étranges vêtements tirant sur le vert feuille et propre aux humains, Méridice n'eut aucun doute quant à son identité.

Il était l'ombrume cachée parmi les humains. Celle que Selena avait dénoncée. Celle qu'il fallait à tout prix tuer ou mettre en cage. Ou le risque que son sang n'éveille une affreuse Sombrume deviendrait réel.

— C'est... C'est un fantôme, il pouvait m'empoigner, balbultia son altesse, recroquevillée sur elle-même, en lévitation.

Tout courage avait déserté son visage, désormais presque aussi translucide que du verre.

Méridice voulut la rassurer, lui rappeler que les fantômes n'étaient pas faits de chair, qu'elle était là pour la défendre mais une violente détonation lui ôta la parole.

La balle se logea dans une colonne de pierre, engendrant crépitements et volutes de fumée noire. Une fissure traça sa route jusqu'aux pieds de la fantôme. Méridice se raidit. Ici, toute structure pouvait attiser le feu au moindre choc. Explosifs magiques, ardoises incandescentes, allumettes ensorcelées...

Autrement dit, il fallait fuir d'ici avant l'incendie.

Selena l'ayant bien compris, disparut à travers le sol de marbre, esquivant de peu de nouveaux coups de feu et d'acier. Néanmoins, elle prit soin de lancer à sa camarade un flacon d'elixir Lunaire... Que l'humain intercepta avant elle.

Méridice dégaina en vitesse sa dague, et ses poings. Le premier crochet le toucha : il vacilla un instant. Ses prunelles s'obscurcirent, et sa peau se fondit dans le décor, comme un... Fantôme.

En parallèle, les humains tiraient à distance, sans précision. Les éviter devint vite aisé, d'autant plus qu'ils semblaient reculer au moindre des ses mouvements. Un sentiment de peur vibrait dans leurs yeux.

Le chef réapparut dans son dos, avec toujours cette même tache violacée—et brève —troublant son regard. Méridice essaya de lui trancher la peau des mains mais à leur contact, le métal fondit comme de la glace.

Impossible !

Tout s'enchaîna vite. Il la contourna, l'evita, usa d'une vitesse tantôt acceptable, tantôt surnaturelle. Il se jouait des ombres, se camouflait entre les grands rideaux royaux. Y grimpait, s'envolait.

Rapidement, le combat les éloigna, et les enfonça au fond de la pièce.

Il ne pointait ni flèches, ni couteau sur elle. Mais ses coups étaient précis, ses sens affûtés. Quelques fois, de vils jeux de lumière embrouillèrent l'esprit de Méridice, qui se mit alors à voir une pointe sur ses oreilles  ou la trace édifiante d'ailes brillantes dans son dos. Il lui paraissait inébranlable, inépuisable, tandis qu'elle peinait encore à maintenir son souffle.

Diable, quelle Ombrume était-il ?

Ses mouvements gagnèrent en maladresse. Ses muscles ne criaient qu'une chose : la fin du combat. Sans compter ses jambes qui, déjà affaiblies par l'escalade de la muraille, souffraient le martyr à force d'esquiver, de bondir, de chercher à atteindre cet être aussi vif et insaisissable que le vent.

Dans un élan trop confiant, elle parvint à lui griffer la joue, au prix de sa déconcentration. Il attrapa son poignet, la tira vers lui, la jeta à terre, puis la maintint, un pied sur son ventre.

Méridice renacla, paralysée. La dernière personne à l'avoir bloquée  de cette manière était une vampire... Joanne quand elle l'avait prise sous son aile avant de l'engager à son poste.

Rouge grenade (terminée) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant