Épilogue

160 15 261
                                    

Un siècle plus tard.

— Papa, ils arrivent, ils arrivent, je les ai vus dans le ciel !

Un sourire en coin, Léo ébouriffa la chevelure brune de son petit garçon. De ses trois enfants, Bastian était de loin le plus turbulent. Tout le contraire de l'homme qui lui avait inspiré son prénom. L'humain avait eu une belle vie : il s'était marié, peu de temps après son retour dans son monde. Depuis, Léo et son épouse l'avaient revu quelques fois : une nuit de temps en temps, ils franchissaient le puits pour explorer le monde que Lizzie avait tant complimenté.

Néanmoins, s'ils s'y étaient rendus, ce n'était pas pour s'enrichir des paysages mais dans l'espoir que quelque part dans un laboratoire humain, un remède attendait Joanne. 

Léo n'avait pas compté les pièces d'or, ni le temps pour le chercher. Il avait laissé la gestion de son royaume à ses nouveaux conseillers, plus fiables et honnêtes que les précédents, et aux côtés de son épouse, il s'était engagé dans un épatant tour du monde.

Au final, rien.  L'antidote miracle contre "L'alcool" n'existait pas—du moins rien d'assez convainquant pour que Joanne l'ingère.

— Papa, viens ! le secoua son fils. Tante Lizzie a promis qu'elle m'offrirait ma taille en cadeaux. Tu as vu comme j'ai grandi.

Il le tira  si fort par le bras que, résigné, le monarque le suivit. Tom et Lizzie se posèrent en douceur dans le jardin qu'aucun dôme ne recouvrait plus. C'était mieux ainsi : la protection attisait la méfiance et dans son règne, Léo ne cherchait que l'entraide entre les autres royaumes.
Lucia Layon, l'aînée, descendit de son perchoir —une fenêtre au premier étage —, et tomba juste devant son frère et son père sans la moindre égratignure. Avec ses yeux sombres et ses longs cheveux bruns, elle ressemblait à sa mère en tout point.Peut-être trop.

—Wow, Lu, je peux faire pareil ? s'enthousiasma Bastian et les cheveux de son père s'hérissèrent sur sa tête.

—Hors de question !

Lucia avait été mordue l'année dernière et si elle s'accommodait assez bien à sa nouvelle apparence, elle avait plus de mal à respecter les règles que lui avait fixées son père —et le protocole royal.

Elle étira un sourire, révélant de longues canines blanches,  comme pour signifier à son petit frère qu'à l'abri des regards, elle l'initierait à la haute voltige. Léo en frissonnait déjà.

— Bonjour oncle Tom ! salua-t-elle, pour éviter que son père ne s'engage dans une longue remontrance.

— Bonjour tante Lizzie ! l'imita le petit démon. Tu as apporté mes cadeaux ?

—Bastian ! Le réprimanda le roi. Ça ne se fait pas.

Lizzie ne put s'empêcher de rire. Malgré sa transformation en vampire, elle n'avait jamais abandonné sa couleur fétiche. Rose de la tête au pied, elle avait même assorti les cadeaux d'anniversaire du jeune prince à sa tenue, ce que le petit prince accueillit en battant des mains. Un carrosse d'argent s'était chargé de tout déposer dans la cour royale et déjà l'enfant s 'y précipita aux côtés de sa grande sœur.

—Allons à l'intérieur, proposa le roi.

Après l'incendie déployée par la maléfique sombrume, Léo avait recueilli l'aide du royaume entier pour rebâtir un palais somptueux. Des fées s'étaient joints aux travailleurs  pour parfaire la décoration et l'or de la trésorerie vampirique avait fondu—autant par les flammes que par le coût des travaux.

Heureusement, les potions conçues par le roi en personne avaient connu un tel succès que leurs ventes avaient en partie regonflé les finances du royaume.

Rouge grenade (terminée) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant