Nouveau souffle · Nekfeu

Chapitre 4

Ken

- Tu as pris tes comprimés ? Yaya accélère le pas devant moi, un de mes sacs à l'épaule. Inès m'a dit que tu devais en prendre deux à chaque repas.

C'est reparti. J'ai eu le malheur de faire un malaise et tout le monde me couve déjà comme si j'avais deux ans.

- Et me sors pas que tu as juste fait un malaise, elle tourne son regard de fer vers moi. Trois jours à l'hôpital, c'est pas un malaise Ken.

À la mention de mon séjour à l'hôpital, je peux pas m'empêcher de grimacer. Je crois que c'est bon, je crois que j'ai compris. Tout le monde me l'a dit, tout le monde me l'a répété. Ça sert plus à rien de chercher. Elle reviendra quand elle aura décidé de revenir, je me nique juste la santé à me donner de faux espoirs tout seul.

Alors j'ai promis, j'ai promis que je faisais une pause. Une vraie pause. J'ai promis à ma mère, j'ai promis à ma sœur, j'ai promis aux gars. J'ai promis que je resterai chez Yaya au moins deux semaines, le temps de me remettre de l'Algérie.

Je sais pas réellement ce qu'il s'est passé. Je crois que même si je disais le contraire, j'espérais plus de ce voyage que de tous les autres qu'on avait pu faire avant. La piste semblait logique, Louna était vraiment proche d'elle, on aurait jamais eu l'idée d'aller la chercher en Algérie.

Puis y a eu les figurines dans l'herbe. Je crois que c'est à partir de ce moment-là que tout a vrillé. C'est à partir de ce moment-là que je me suis persuadé que ça y est, j'allais enfin les avoir à nouveau devant moi, que j'allais enfin pouvoir les serrer dans mes bras.

Quand Louna m'a annoncé que non, on avait encore une fois fait fausse route, j'ai finalement réalisé. Tous mes efforts sont vains. Thanos est loin, quelque part, avec ma brune, et je les retrouverai pas sans qu'ils en aient envie. Peu importe le temps que ça peut prendre.

Le pire c'est que je sais pas si je suis réellement le plus à plaindre. Y a Mathieu. Bordel, y a Mathieu. Mathieu qui tourne en rond depuis deux mois encore plus fort que moi, incapable de voyager avec nous à cause de ses dates prévues depuis des mois. Il essaie tant bien que mal de se libérer pour venir m'aider à chercher entre deux festivals mais je sais que ça le mine.

Et je le comprends.

- Jeune homme, la main de Yaya vient rencontrer l'arrière de mon crâne, j'ai posé une question.

- Ouais, je grogne, ouais Yaya, j'ai pris mes médicaments.

- Bien, elle me sourit doucement avant de me pousser jusqu'à sa voiture.

Silencieusement, je m'installe au volant, la laissant s'installer et s'attacher. Au fur et à mesure des années, j'ai fini par connaître la route par cœur. Pas parce que j'y viens depuis petit nan, mais parce que depuis que j'ai des problèmes, c'est toujours ici que je viens pour les régler. Ça n'a pas changé en quinze ans, je pense pas que ça changera maintenant.

- Je suis heureuse tu sais, elle tourne la tête vers moi en souriant. Tu m'as enfin offert un arrière-petit-fils. Une copie conforme en plus.

- Ouais, je souris doucement en visualisant sûrement pour la millième fois de la journée déjà le visage de Thanos.

- Elle va revenir, ma grand-mère hoche la tête en posant son regard sur la route devant nous. Elle va revenir Ken.

- Je vois mal comment tu peux en être sûre.

- Elle t'aime, et de ce que j'ai vu la dernière fois que vous êtes venus, elle n'a pas besoin de savoir que tu es le père biologique de son fils pour le penser.