Chapitre 71

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Pour une fois, petite publication le matin, comme ça vous pouvez lire tranquille quand vous voulez 🥰

Bonne lecture et bonne journée ! 🌞

(Et y a Eidos qui est sorti hier soir pour ceux qui ont pas vu)

Ken

- Putain arrête mais j'suis trop con, ça me dépasse, Poly s'étale sur la table du café. Ken, je te jure que le premier truc que je lui ai demandé, c'est si elle avait un frère. J'suis vraiment une galère.

Je viens de lui expliquer. Je viens de lui expliquer le scénario digne d'une fiction qui se déroule devant mes yeux depuis plusieurs semaines : le clip avec Lukas, la réaction d'Alya, les après-midis à l'asso, et quelques trucs sur leur passé, juste ce que la plupart des gars savent. Je suis pas rentré dans les détails.

Sauf que ça lui suffit déjà pour capter à quel point la situation est délicate en ce moment. Ça ne tiendrait vraiment qu'à un pauvre fil qu'Alya tombe sur son frère au détour d'une rue, en allant chercher son café à la pause du midi, exactement de la même manière que moi au parc l'autre jour. Et je suis pas sûr que ça demanderait non plus grand-chose pour qu'elle apprenne que les gars et moi, on a jamais arrêté de traîner avec lui depuis, tout ça sans lui dire.

On va se faire soulever vénère, probablement moi le premier.

- Elle sait pas du coup ? Poly se redresse, les sourcils froncés.

- Nan, mon attention se déporte sur le petit groupe de gens qui sortent de la bouche de métro au-dehors. Poly je te jure, quand elle me sourit parce qu'elle est fière de me confier un truc, de s'ouvrir un peu, je me dis que je suis le pire des cons. Elle me prend trop pour le modèle parfait parce que je lui dis masse de trucs, je souffle, ce qu'elle sait pas, c'est que j'ai oublié de lui préciser que je passe la moitié de mes journées avec son reuf.

Silencieusement, il me rejoint dans mon observation de l'extérieur.

- Id' il m'a dit qu'elle était grave indépendante, il reprend, sans lâcher pour autant la rue du regard.

Sous-entendu : elle va pas kiffer que vous l'aillait couvée autant en lui cachant un truc pareil.

- Y a pas masse de trucs qu'elle accepte qu'on fasse pour elle, je fais tourner ma cuillère dans ma tasse.

- Du genre ?

La liste est longue. Je sais que ma brune travaille dur pour la rétrécir, mais elle reste longue.

- J'crois que le pire, c'est quand je sors ma carte bancaire, je soupire. J'sais pas quoi lui dire pour qu'elle change d'avis là-dessus. On a eu la discussion 1000 fois, 1000 fois j'ai eu l'impression qu'y avait enfin moyen qu'elle soit à l'aise, mais je la vois toujours froncer les sourcils quand c'est moi qui paye un que-tru.

- Même moi j'peux pas lui en vouloir, il grimace. Ken, t'es juste un peu blindé quoi.

- Arrête ça, mon dos vient s'enfoncer dans la banquette.

- Nan mais tranquille, il hausse les épaules. Peut-être que c'est toi aussi un peu qui refuse de le voir. Je sais bien que t'as tout ce qu'il te faut pour 100 vies sur tes comptes, c'est pas pour autant que tu vies une vie de luxe, t'es pas fait pour. Alors j'suis parfaitement ok que tu prétendes faire partie des gens normaux la plupart du temps parce que c'est plus facile, ça change rien au fait qu'en vérité, t'en es loin. Financièrement parlant hein.

Il a même pas fini sa phrase, que je sais déjà qu'il a mis le doigt sur quelque chose d'important. Parce qu'il a pas tort, je pourrais jamais nier que même moi, quand je jette un œil à mon solde, ça me fait grimacer autant que ça me fait sourire.

Nouveau souffle · NekfeuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant