Chapitre 59

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Ken

Premier rendez-vous. Y a définitivement une vibe de premier rendez-vous.

- T'as réussi ton pari ma Lya, je souris tout seul devant le miroir de la salle de bain.

Je viens de déposer Thanos chez Elisa, j'ai juste pris le temps de m'habiller depuis que je suis rentré. Et je kiffe tout ce que je ressens depuis que j'ai commencé à me préparer : le petit stress, l'excitation, le brin de confiance en soi quand tu regardes dans le miroir à quoi tu ressembles dans la tenue que t'as choisie, l'impatience de savoir comment ça va se passer, de quoi on va parler.

Elle a pas fait les choses en grand, on s'était mis d'accord. Juste un truc simple entre nous deux, juste pour profiter. Ce matin, en plein milieu de sa matinée de travail, j'ai reçu un message d'elle avec l'adresse du resto et l'heure. On arrive chacun de notre côté comme si c'était la première fois qu'on se voyait.

Et avec cette idée, y a un truc que j'arrive pas à m'expliquer. Ça me plait de ouf, ça me donne un sourire de dingue depuis que j'ai laissé les gars au studio. Je kiffe avoir l'occasion de montrer encore et encore à ma brune qu'il y a une raison pour laquelle elle m'a choisi moi.

Pourtant, ça pourrait être incroyablement facile de tomber dans la routine, de se dire je t'aime le matin et le soir, de se coucher côte à côte, d'aller la chercher au taff sans que notre quotidien soit plus fou que ça. Elle est enceinte de oim, ma bague au doigt, y a la chambre de notre fils de cinq ans de l'autre côté du mur, on pourrait grave tomber dans la routine.

C'est jamais le cas. Et ce soir je veux vraiment en profiter fort.

Je m'habille presque toujours de la même manière, c'est un truc dont je suis conscient. Je fais pas trop d'efforts, j'attrape un jogging ou un jean, un sweat, une casquette et j'enfile ma parka. Mais je sais faire des efforts, j'en ai juste pas fait depuis un peu. Faire un effort vestimentaire, ça implique laisser mes pulls larges pour des trucs plus serrés, le genre de trucs que je portais y a cinq ans. Sauf qu'il y a cinq ans, j'avais pas le même corps qu'aujourd'hui, je kiffais mettre des t-shirts un peu collants ou des hauts qui cachaient rien de la façon dont j'étais bâti. Ça faisait kiffer les filles.

Aujourd'hui, on va pas se mentir, même sans en faire des caisses, mon corps ressemble plus à un corps de jeune daron qu'au corps que je kifferais montrer à Alya. Elle a 25 ans, et oui, je kifferais avoir encore la même dégaine que quand j'avais 25 piges aussi.

Mais ça sert à r de ressasser, ça sert à r de rêver. J'ai vieilli, y a rien à dire là-dessus, mais elle est toujours à côté de moi. Je veux pas retomber dans mes bails de doute, ce soir je veux lui montrer autre chose. Je vais être cash, je veux voir ses joues rougir quand je vais débarquer.

Alors j'ai lâché le pull, j'ai lâché le jogging. J'ai pris un t-shirt, une veste de chez MIR et un pantalon. Et je compte laisser ma casquette sur le porte-manteau, ce que je fais jamais.

J'ai cette putain d'envie de lui plaire ce soir, ça me rend fou.

***

Elle se fait attendre. Je suis appuyé contre le lampadaire devant le restaurant depuis dix minutes et j'ai toujours pas de prunelles bleues posées sur moi. Pourtant, je crois que personne pourrait rater le sourire qui quitte pas mon visage.

Elle le fait exprès.

J'ai pas besoin de l'avoir près de moi pour savoir que ce soir, on est tous les deux dans le même mood, le même que celui qu'on avait dans le Sud. Je l'embête, elle m'embête. Je veux lui plaire, elle veut me plaire.

Nouveau souffle · NekfeuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant