Nouveau souffle · Nekfeu

Chapitre 27

Alya

Là, juste là maintenant, si on me demandait quelle image j'aimerais pouvoir imprimer et garder précieusement, ce serait le sourire que Ken me lance de l'autre côté de la table du petit-déjeuner. Calme, serein, un brin suffisant et beaucoup de douceur.

On s'est embrassés. Il y a même pas quelques jours, c'était encore la norme. On s'embrassait si souvent que le baiser d'hier soir paraît ridicule à côté de l'amas de baisers qu'on a pu faire avant. Pourtant, les deux petites secondes pendant lesquelles j'ai posé mes lèvres sur les siennes ont suffi à lui redonner le sourire toute la soirée. Et le brin de gaieté qu'il y avait dans ses yeux avant toute cette histoire de test.

Et cette gaieté, je la retrouve à la table du petit-déjeuner ce matin. Tout en buvant son café, il discute avec Αlpha à côté de lui, une question d'EP je crois. Ça ne l'empêche pas de me surveiller du coin de l'œil.

- Je veux absolument savoir ce qu'il est en train de se passer, Lili pose sa tête contre mon épaule, la bouche pleine de son donut à la fraise. Je crois qu'on a pas besoin de chauffage, vos regards réchauffent la pièce à 200%.

Je sais exactement ce qu'il est en train de se passer : Ken me drague de l'autre côté de la table, sa tasse de café entre les mains. Hier soir, tard, il a passé la soirée à me faire rire et à me parler de ses projets à venir, assis au milieu du champ. Maintenant, il enchaîne sur son petit jeu de regard.

- On s'est embrassés, je hausse les épaules en finissant mon verre de jus d'orange.

À côté de moi, ma meilleure amie s'étouffe, attirant le regard de Mathieu sur nous deux. Regard inquiet pour Lili, noir pour moi. Mais il se reprend vite quand Lili se calme, se concentrant à nouveau sur le jeu qu'Enzo est en train de lui montrer.

- Embrassés ? Lili répète, un peu plus bas. Petit bisou ou plus gros ?

- Petit, j'attrape une pile de petits gâteaux au centre de la table.

- T'as commencé ou il a commencé ? Elle me détaille.

Et je crois que la couleur de mes joues lui suffit comme réponse car déjà son sourire s'élargit.

- Bravo Alya, elle s'appuie dans sa chaise, la main sur son ventre, tu reprends les choses en main.

- J'ai surtout envie qu'on laisse les choses se faire naturellement, je soupire. On s'est pris la tête à prévoir à quel moment on allait coucher ensemble pour essayer d'avoir une fille, ça me paraît insensé à chaque fois que j'y pense. C'était limite plus un devoir à faire que parce qu'on avait réellement envie l'un de l'autre. Tu m'étonnes qu'on bloquait à chaque fois. Là, j'observe Ken rigoler avec les gars, il a l'air beaucoup moins stressé par nos plans et tout est bien plus naturel qu'avant.

Mais vu l'interrogation que je lis dans ses prunelles grises, y a quelque chose que Lili n'a pas compris.

- C'est la Grèce qui a changé les choses ? Elle pose son menton entre ses mains. Parce que vous étiez trop beaux tous les deux avant, tout allait parfaitement bien.

- Je sais pas, je hausse les épaules. En tout cas, j'ai l'impression que depuis un ou deux jours, on a retrouvé ce que j'aimais tellement entre nous deux avant toute cette histoire avec Baptiste.

- Tant que vous ne jouez pas avec vos sentiments, elle hausse les épaules à son tour avant de finir la dernière goutte de son thé.

Le baiser d'hier n'aurait pas eu cette saveur-là si ça avait été de la drague pure et dure. J'ai laissé mes lèvres à peine deux secondes contre les siennes et tous nos souvenirs, nos sentiments me sont revenus avec une intensité délirante. Entre Ken et moi, ça ne peut pas se limiter qu'à de la drague.