Chapitre 39

1.3K 84 2
                                    


Mikaël

Y a un truc que j'ai jamais dit à personne : à quoi servent réellement les dizaines et les dizaines de chevalières Saboteurs que j'ai fait faire. Parce que vu de loin, c'est simple, on dirait juste que c'est pour représenter mes reufs.

Bah peut-être que c'était ça à l'origine, mais aujourd'hui, c'est le seul moyen que j'ai pour me vider la tête et essayer de supprimer le putain de stress qui comprime sans arrêt mes organes. Il suffit que je fasse glisser mon doigt le long des crans assez longtemps pour que mes pensées disparaissent. C'était pas vraiment ce que j'avais prévu à la base, mais je crois que maintenant, je pourrais même plus m'en passer, c'est presque devenu une obsession.

En fait, y a bien un autre truc qui me permet de me calmer. Je l'ai juste pas emmenée avec moi, je pouvais pas et putain, je regrette tellement. Suffit qu'elle me lance son petit sourire pour que je me détende. Ou qu'elle sautille autour de moi avec ses rubans colorés. Vivre sans Mila, plusieurs semaines, c'était la première et la dernière fois. Je suis pas le seul à l'avoir mal vécu en plus, Alya m'a dit et redit que ma fille me demandait tous les jours, que tous les jours elle interrogeait ma reuss pour savoir dans combien de jours et de nuits j'allais rentrer.

Donc j'ai inventé une excuse pour rapatrier tous mes gars à Paname, j'ai juste eu à dire que je voulais faire un peu plaisir à ceux qui nous supportent, organiser un petit event en ville en plus de la Saboteurs Party. Ils ont tous accepté et ça a soulevé la moitié du poids qui pesait sur mes épaules.

C'est pour ça que je suis dans l'avion, au sol à CDG, en attendant de pouvoir descendre. Je sais qu'elle est là, à quelques centaines de mètres, à attendre dans le hall des arrivées avec Alya. Rien que de savoir que ce soir, je vais pouvoir m'endormir dans mon lit avec elle dans mes bras, devant un dessin animé, après avoir bouffé tout ce qu'elle voudra bouffer, ça me rend plus heureux que n'importe quelle dinguerie que j'ai pu faire aux États-Unis.

Je sais que je pourrais pas me rattraper seulement en lui faisant plaisir, je compte aussi faire mieux la prochaine fois. Aujourd'hui, je veux juste qu'elle sente à quel point elle est importante à mes yeux. Et ça commence dans 3 heures, quand je vais l'emmener avec moi faire un petit tour dans Paris pour rencontrer nos fans, aux gars et à moi. Le rap, c'est ma vie, Mila aussi, je veux profiter des deux pour mon retour et j'ai trouvé le meilleur moyen de le faire.

Mes reufs ont râlé quand j'ai interdit de fumer quoique ce soit tant qu'elle est près de nous, c'est-à-dire toute l'après-midi. Et je veux qu'elle reste près du camion, pas de bain de foule, pas de nuage de fumée.

- On sort bientôt, Eff se jette dans le siège en face du mien. T'as hâte ou quoi ? On va enfin retrouver ta tipeu, même moi ça me fait grave plaisir !

Le fait que lui le dise, à voix haute, ça rend le truc bien plus concret et ma gorge se noue. Mila aurait tous les droits de me tèj comme une merde pour l'avoir laissée derrière aussi longtemps, elle pourrait très bien me balancer à la gueule qu'elle a aucune envie de venir avec mes gars et moi cet après-midi, qu'elle préfère rester avec Alya et Nek.

- Quoi ? Eff lève les mains au ciel, joint à la bouche, quand je fronce les sourcils. Elle est pas encore là, c'est un jet privé, la porte est ouverte, je peux profiter un peu. Et arrête de taper du pied au sol, ça me casse les couilles depuis tout à l'heure. Comme si ta gamine allait te sermonner Bigo, elle t'aime trop et c'est réciproque.

Et j'espère qu'il a raison, que j'ai pas cassé un truc en partant si loin, si longtemps.

- C'est bon les gars, le pilote passe sa tête par la porte du cockpit, y a une hôtesse qui arrive pour vous amener jusqu'au hall. J'espère que vous avez fait bon voyage.

Nouveau souffle · NekfeuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant