Nouveau souffle · Nekfeu

Chapitre 56

Alya

- Un peu plus haut Maman, Thanos tend son bras en l'air depuis deux bonnes minutes pour essayer d'enlever la toile d'araignée qui stagne dans la cuisine d'Armelle depuis une semaine et demie.

- Miséricorde, Armelle fixe le plumeau, ses mains posées sur sa poitrine, je vous ai dit déjà qu'elle pouvait rester là cette pauvre araignée, je suis pour la cohabitation. Tu ne devrais même pas faire un effort aussi long en attendant des enfants, elle me lance son fameux regard réprobateur. S'il savait, tu te ferais gronder.

Absolument. Ken m'engueule déjà dès que je l'empêche de faire la vaisselle ou quand je vais faire les courses seule, sans lui dire. Mais il est pas là, et quand le chat dort, les souris dansent. J'ai même pas encore atteint mon cinquième mois, tout va bien, il est juste trop stressé.

- Oui ! Thanos finit par réussir à décrocher l'araignée. On va la mettre dans le jardin ?

- Où tu veux, tant que c'est dehors, je rigole en le reposant.

Le sourire aux lèvres, il ne perd pas une seconde pour ouvrir la baie vitrée avant de s'élancer jusqu'au potager.

- Il lui ressemble beaucoup, ça m'impressionne tous les jours, Armelle s'appuie contre la table en le regardant partir.

- À Ken ? Je souris, la main posée sur mon ventre.

- Bien sûr, son sourire s'élargit. Physiquement c'est évident, mais mentalement aussi, surtout la façon dont ses yeux brillent pour des choses simples que la plupart des gens ne remarqueraient même pas.

Ken tout craché. Un trottoir tordu dans une rue un peu à l'écart des autres, ça peut l'inspirer pendant vingt bonnes minutes.

- Mon premier fils ressemble à son père aussi, son sourire joyeux se dégrade un peu en quelque chose de plus mélancolique, en tout cas la dernière fois que je l'ai vu.

- Vous êtes courageuse, je souris, je me vois pas ne pas poursuivre Thanos jusqu'au bout du monde s'il le faut.

- Oh ça, elle rigole doucement, ça changera. Arrivera un moment où il faudra que seul le grand modèle te suffise, les autres partiront.

- Dans longtemps, je grimace en posant ma deuxième main sur mon ventre.

- Tu as du temps oui, elle me sourit. Mais c'est important aussi de prendre soin de ce que tu as avec Ken, c'est ce qu'il y avait au commencement, ce qu'il y a maintenant, et ce qu'il y aura à la fin.

Ce que j'ai avec Ken. La première chose qui s'affiche dans mon esprit quand je pense à lui, c'est la façon dont il me sourit quand il rentre, quand on se voit pour la première fois de la journée, que ce soit sur l'oreiller, ou plus tard. Peu importe s'il se sent bien, peu importe s'il a eu une journée pourrie, s'il s'est embrouillé avec Doums sur le choix du repas le midi, il a toujours le même sourire à la fois calme et sans limite.

- C'est précieux, Armelle reprend, très précieux.

- Il me manque maintenant, je rigole doucement.

- Le mien aussi, son rire se joint au mien. Mieux vaut aller voir ce que le petit a fait de l'araignée, elle retire son tablier avant de le poser sur la table.

Sauf qu'au moment où je me redresse pour la suivre jusqu'à dehors, la sonnette retentit au rez-de-chaussée, nous arrêtant toutes les deux dans notre mouvement.