"À la base, j'suis pas violent mais y a des jours où ça déborde, tu sais je combats la haine mais y a des jours où ça te porte."
Nekfeu, À la base
Ken
Ça paraissait facile, ou au moins faisable, quand Deen nous a proposé d'utiliser l'association pour garder Lukas à l'œil. Ça paraissait vraiment faisable, je m'étais même dit que je pourrais presque éprouver du plaisir à lui faire croire que je savais rien de son petit jeu.
Ça paraît tout de suite moins facile, tout de suite moins faisable, maintenant que je suis en route pour les locaux de l'asso. Je l'ai pas revu depuis, les seules interactions qu'on a eues, c'était pour les retours sur le rendu du clip. Retours que j'ai dû enjoliver bien évidemment, tout en évitant consciencieusement de lui dire que sa sœur était là avec nous quand on l'a regardé.
Y a toute cette réflexion qui tourne en arrière-plan dans ma tête depuis. Parce que c'est pas évident, c'est pas évident que ce gars, avec qui j'ai traîné pendant des semaines, avec qui j'ai ri, avec qui j'ai taffé sur le clip, soit le jumeau de la femme qui dort à côté de moi la nuit, qui a porté mon fils, qui porte mes filles, dont je suis putain d'amoureux.
C'est pourtant la vérité pure et dure : c'est le frère de Lya. C'est le frère de ma petite brune, et ça paraît fou. Je flippe de croiser son regard tout à l'heure, et d'y reconnaître celui qu'Alya pose sur moi le matin quand elle me tend mon café, le regard qu'elle pose sur moi quand on est couchés tous les deux, Thanos entre nous. Je sais qu'il y a bien plus dans son regard que juste les mêmes gènes que ceux de son frère. Y a tout l'amour, tous les trucs qu'on a vécus ensemble depuis que je l'ai rencontrée, mais ça change rien au fait qu'il a une réplique quasi-identique des iris de ma Lya. Je sais juste pas si je vais pouvoir faire comme si de rien était.
Y a rien d'humain dans cette putain de situation, y compris l'envie que j'ai de le faire souffrir. J'arrive pas à me le cacher, pourtant j'ai essayé. J'ai envie qu'il souffre, juste pour qu'il sache ce que ça fait, ce qu'Alya, Elisa, et Amos ont dû endurer pendant plusieurs années alors qu'il vivait sa petite vie tranquille à l'autre bout du monde. J'ai passé des dizaines et des dizaines de soirs à enrouler les mèches de ma brune autour de mes doigts en attendant qu'elle s'endorme, juste parce qu'elle pensait à lui, et que ça lui donnait ses pires insomnies. Lui il faisait quoi de son côté ? Il profitait du soleil, tranquillement posé au Brésil ?
- Va te faire enculer, je crache, les yeux sur le trottoir.
Va falloir me dire à quel moment Alya peut mériter ça ? Elisa et Amos aussi. Il a quoi dans sa tête pour vouloir fuir une famille comme celle-là ? Y a un an, la seule chose dont je rêvais c'était d'y entrer. Maintenant, je suis à deux doigt d'en faire officiellement partie, et il vient réduire à néant tous les sourires et la bonne à humeur qu'il y avait autour de nous, pourquoi ? Pour qu'il puisse revenir comme une fleur avant de repartir à nouveau ?
C'est cette colère qui me fait le plus flipper. Cette colère et l'envie qu'il souffre. Je suis pas violent, je kiffe pas ça, ça me dégoûte. Mais je pourrais jamais promettre de ne pas lui faire la misère s'il s'approche un peu trop près de ce que j'aime. De ce que j'aime, ou de ceux que j'aime.
Je glisse à peine ma main dans la poche de mon pull pour en tirer mon crayon que mes doigts tombent sur une texture de papier. La seconde suivante, mes yeux se posent sur un bout de papier blanc que je pourrais reconnaître entre mille. C'est le papier sur lequel ma brune prend ses notes en réunion, avec le petit logo de l'entreprise dans le coin.
Et dessus y a juste un petit cœur.
Je peux pas m'empêcher de sourire comme un con sur le trottoir. J'ai presque 33 ans, et je suis là, tout content, parce que ma copine m'a dessiné un cœur sur un bout de papier. C'est pour ça que je l'aime, c'est pour ça que je kiffe ce que l'on a. C'est simple, mais c'est vrai. Si elle l'a dessiné le cœur, et qu'elle l'a placé là, c'est qu'elle pensait à moi. Vraiment.
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Nouveau souffle · Nekfeu
FanfictionDeux mois. Deux mois d'absence, deux mois de manque, deux mois de questions. Deux mois. C'est long deux mois, surtout quand on perd sa raison de respirer. Alya a des questions, Ken des réponses. La seule chose dont les deux ont besoin, c'est d'un n...