Nouveau souffle · Nekfeu

Chapitre 62

Alya

- Tu me promets que tu fais attention ? Les yeux bruns de Ken me sondent pendant qu'il caresse doucement ma joue. Si t'as le moindre stress, le moindre problème, tu m'appelles Lya.

Être cajolée, c'est pas mon affaire. Me débrouiller seule, comme j'ai souvent dû le faire, ça je préfère. Mais y a cette douceur dans chaque action de Ken qui m'empêche d'être saoulée. Ça se voit à la façon dont il me détaille, à la façon dont il me touche : il a vraiment peur, y a zéro pitié, rien de ce genre.

Il a peur pour moi, il a peur pour les bébés. Et je ne peux pas lui en vouloir, je lui ai caché mes problèmes pendant des semaines pour la même raison : j'avais peur pour lui, peur qu'il ne replonge dans un état d'esprit trop négatif.

Sauf que pour l'instant, même en sachant pour Lukas, même en ayant peur pour moi, Thanos, et les bébés, il ne cille pas d'un centimètre. Tout ce qu'il peut faire pour nous, il le fait, même s'il a déjà passé toute la journée au label ou à l'association pour aider Deen et Moh.

- Promis, je lui souris doucement en posant ma main sur la sienne. Je garde mon téléphone avec moi jusqu'à ce midi, et on mange ensemble à la brasserie du bout de la rue ? 12h45 ? Je me hisse sur la pointe des pieds pour déposer mes lèvres sur les siennes.

- 12h45, il m'entoure de ses bras en confirmant l'horaire. T'es sûre que ça va aller ?

J'ai insisté pour reprendre le travail, c'est pas mon frère et ses idées incohérentes qui vont m'éloigner de ce que j'ai pris plusieurs années à construire. L'idée n'a pas enchanté Ken au maximum, c'était pas difficile à deviner, mais il a fini par accepter, sous réserve que je le prévienne au moindre souci. Et ce matin, encore pire que d'habitude, il stresse parce que, pour une fois, c'est moi qui vais déposer Thanos à l'école.

- Je l'ai fait pendant 5 ans Ken, je rigole doucement, je pense pouvoir déposer Tan à l'école sans trop de problème.

- J'parle pas de ça, il soupire dans mon cou, j'sais que tu gères ça comme une reine. Mais ça fait beaucoup.

- Tu es à 5 minutes en voiture, je glisse mes doigts dans ses cheveux, je t'appelle si ça va pas. Et je sais que Moh attend avec impatience la préparation de l'atelier avec les graphistes, il m'en a parlé toute la semaine. Faut pas le décevoir.

Silencieusement, il dépose ses lèvres contre ma peau avant de remonter jusqu'à mes lèvres.

- Je t'aime ma Lya, il ferme les yeux. 12h45, son sourire revient avant qu'il ne serre une dernière fois ma main et qu'il passe la porte d'entrée.

- Tan ? Je lance une fois que j'entends le moteur de la voiture démarrer. T'as bientôt fini ?

- Bientôt, il débarque du couloir, son sac à dos dans les bras.

Ça m'avait manqué. Ses boucles se balancent de droite à gauche quand il sautille jusqu'au canapé avant d'y déposer son sac.

- Peinture aujourd'hui ? Je m'assois sur le bord de la table basse en le regardant déposer ses petits tubes de couleur dans son cartable.

- Oui, il me sourit. Avec Mila on a décidé de faire une licorne parce qu'elle voulait des paillettes.

- Tu as besoin des paillettes ? Je glisse ma main dans ses cheveux.

- Un peu comme ça, il me sourit en me montrant avec ses doigts. Les roses Maman s'il te plaît, il me suit jusqu'au tiroir.

- Elles ? Je lui montre le tube. Ou elles ?