Nouveau souffle · Nekfeu

Chapitre 55

Ken

Y a des trucs plus passionnants que de faire la vaisselle, faire la vaisselle en me rappelant chaque détail de la tenue dans laquelle Lya est partie au taff ce matin, c'est infiniment plus passionnant.

C'est pas le genre à faire attention à sa tenue plus que ça, elle s'y intéresse juste assez pour être bien habillée sans pour autant rester devant le placard une éternité. Au plus grand malheur de Deen, au plus grand malheur de Sneazz.

Mais y a quand même un truc qui a changé dans sa façon de choisir sa tenue : elle le fait toujours de manière à mettre l'arrondi de son ventre en valeur. Et elle sait pas à quel point ça me rend ouf. Déjà parce qu'elle est absolument magnifique enceinte, encore plus que d'habitude, mais aussi parce que je peux pas m'empêcher de me dire que c'est parce qu'elle en est fière.

Elle est fière et heureuse de porter nos enfants. Ce constat c'est un délire, il me fait un effet de dingue. Y a un peu moins de deux ans, je pensais que j'étais juste bon à finir seul vu la façon dont je gérais mes relations amoureuses. Je pensais que j'allais mourir en solo et sans enfant, juste parce que c'était pas pour moi. Puis y a eu Lya, y a eu Thanos, et putain, maintenant je m'imagine plus un instant seul.

- Merde, le verre me glisse des bains pour rouler au fond de l'évier.

Heureusement que c'est un des verres en plastique de Tan, sinon il serait déjà explosé vu le choc qu'il s'est pris. C'est Hakim qu'a eu l'idée. Un matin, il s'est ramené pour garder Thanos, un set de verres en plastique sous le bras parce qu'il en avait marre de ramasser les bouts de verre à chaque fois que Tan en cassait un. Ce qui arrivait souvent, pour pas dire tous les jours.

C'est un bruit sourd qui cette fois me fait lâcher le deuxième verre en plastique au fond de l'évier. Suivi des pleurs de Thanos.

- Merde, j'éteins l'eau avant de m'essuyer les mains en deux-deux pour foncer vers le couloir. Tan ?

Pas de réponse, toujours des pleurs. Le cœur qui menace de sortir de ma poitrine, je pousse la porte de sa chambre.

- Tan ? Je m'accroupis près de lui dès que je le repère, assis au milieu de la pièce, les mains sur le visage. Y a eu quoi ? Je glisse ma main sur son front. T'es tombé ?

Toujours en pleurant, il secoue la tête de droite à gauche avant de venir se coller contre moi.

- T'as mal où ? Je l'écarte doucement de moi pour avoir son visage en face du mien.

- Au cœur, il renifle et mon souffle se coupe.

- Comment ça t'as mal au cœur ? Je sens mon visage se vider de ses couleurs. Ça t'empêche de respirer ? Ma main se pose d'elle-même sur son torse.

- Non, ses sanglots le font trembler, le dessin que j'ai fait pour Mila il s'est déchiré.

Putain de merde. Pendant un instant, j'ai cru qu'à 5 ans, il avait déjà chopé ma merde au cœur.

- Le livre il est tombé et le dessin il a cassé, sa petite main serre le tissu de mon t-shirt quand ses yeux se posent sur le dessin derrière nous.

- Tu l'as fini le dessin ? Je m'assois au sol avant de le tirer sur mes genoux.

Silencieusement, il hoche la tête.

- On s'en fiche alors, je souris, moi je vais te le réparer ton dessin. Tu m'aides ?

- Tu peux réparer ? Il lève les yeux vers moi entre deux sanglots.