Chapitre 45

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Ken

J'ai du mal à rester concentré sur la route, on va pas se mentir. Évidemment que je fais attention, évidemment qu'on ne va pas finir dans le fossé, mais ce serait mentir que de dire que la petite brune qui dort sur le siège à côté de moi ne me distrait pas un peu. Y a juste ce qu'il faut de lumière pour éclairer les reflets blonds de ses cheveux, juste assez de lumière pour mettre en valeur chaque rainure de ses lèvres, juste assez de lumière pour me rendre taré au final.

Puis y a pas que ça, y a pas que ça. Je sais pas si c'est parce que je suis au courant ou si c'est la réalité, mais j'ai l'impression que son ventre est clairement arrondi maintenant. Et très sincèrement, je saurais même pas expliquer ce que ça me fait ressentir. Je l'avais déjà vue enceinte sur les albums photos d'Elisa mais putain, ça n'a vraiment rien à voir en vrai. J'ose même pas imaginer ce que ce sera dans quelques mois.

Elle va être encore plus belle que maintenant et je sais même pas comment je vais faire pour rester calme.

Et ça colle avec le mood qui règne entre nous deux depuis que je suis parti la chercher au travail tout à l'heure. L'ambiance est lunaire, clairement lunaire. On sait tous les deux vers quoi on se dirige, on sait tous les deux ce qui nous attend ce week-end. Je vais enfin pouvoir la demander en mariage, je vais enfin pouvoir l'entendre dire oui, je sais même plus comment me tenir. J'ai passé l'après-midi à attendre de pouvoir aller la chercher au taff, oscillant entre sa valise et la mienne. J'ai pas arrêté de bouger dans tous les sens, pire que Thanos, je pouvais pas rester en place.

Maintenant elle est là, recroquevillée dans son siège à côté de moi, la main sur son ventre comme souvent ces derniers temps. C'est presque un miracle que personne n'ait rien remarqué. Au final, ça m'arrange presque qu'elle ait joué la marmotte l'intégralité du trajet : elle n'a aucune idée d'où je l'emmène. J'ai dû me casser la tête pour réussir à trouver le week-end idéal. Pourtant, je sais qu'elle n'aime pas trop l'extravagance ou les choses compliquées.

Mais je tenais à mon idée. Je sais où je veux la demander en mariage depuis une éternité, ça m'a juste demandé quelques appels et plusieurs excuses. Et de l'organisation. Mais j'ai réussi, et j'ai hâte de voir ce qu'elle va en penser. Pour le moment, ça me va très bien qu'elle ait raté tous les panneaux qui indiquent où on va, parce que maintenant qu'on se retrouve en plein milieu de la campagne, entre les champs, elle va être bien incapable de comprendre où je l'ai emmenée.

C'est quelques centaines de mètres plus loin, quand le gîte que j'ai loué apparaît au bout du chemin, que je ralentis doucement, lui faisant froncer les sourcils au passage. Progressivement, je vois ses pupilles bleues apparaître, ses muscles s'étirer, et quand elle se souvient enfin qu'on est dans la voiture pour un week-end à deux, c'est limite si son nez ne se colle pas à la vitre.

- On est déjà arrivé ? Elle se tourne vers moi, l'air dépité. Mais j'ai pas vu un seul panneau.

- C'était mon plan, je souris comme un con en garant la voiture au-devant de la maison. J'ai fait exprès de choisir le vendredi soir et pas le samedi matin, je savais que t'allais taper ta meilleure sieste et que la destination serait vraiment une surprise.

Sur son siège, elle me détaille, l'air suspicieux.

- On est où ? Elle sourit doucement.

- Je te le dirai pas Lya, je glisse ma main dans son cou, et je kifferais que tu regardes pas sur Internet. J'veux vraiment te faire la surprise.

- Tu vas m'assassiner dans la forêt ? Elle hausse un sourcil. Où j'aurais pas de réseau, pas d'Internet ?

- Tu rigoles mais toi, je l'attire à moi, t'as bien failli me tuer l'année dernière en nous faisant tomber de l'arbre juste parce que t'avais trop de fierté pour avouer que j'avais gagné le cache-cache.

Nouveau souffle · NekfeuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant