Chapitre 80

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Alya

Même en faisant des efforts, j'ai eu du mal à accepter celui-là. C'était même pas un cadeau de la part de Ken, plutôt de celle de Lili, mais ça ne m'a pas empêchée de refuser deux ou trois fois quand j'ai vu le prix de ce qu'elle me proposait sur le site internet.

Aller au café avec elle, en regardant Thanos colorier à côté de Michka, moi ça m'aurait été. Mais je peux quand même avouer, après deux heures passées ici, que ça reste quand même agréable, voire très agréable. Pourtant, c'était mal parti à l'origine, quand j'ai fait mon sac avec Thanos après avoir été le chercher à l'école, que j'ai pris tout le nécessaire pour une après-midi tous les deux ici, j'avais un peu envie d'y aller à reculons.

Par contre, la petite tête brune qui tapote la surface de l'eau en souriant depuis dix minutes, ça lui convient parfaitement. Et à ses sœurs aussi, leurs mouvements sont beaucoup plus doux et réguliers que d'habitude. Ça fait plus de deux heures que j'oscille entre les fauteuils au bord du petit bassin, et l'eau chaude de celui-ci, et je dois dire que pour l'instant, je ne m'en suis pas lassée, et Thanos non plus.

Mais est-ce que j'aurais ri à la gueule de la personne qui m'aurait dit, il y a un an et demi, que je serais avec Thanos dans l'espace privatisé d'un centre thermal, à juste profiter de mon fils, de mes filles, et du confort de l'eau chaude ? Probablement, oui.

- Maman ? Je relève les yeux de mon ventre quand Tan pose sa main sur mon genou. Baba il va venir avec nous ?

Y a ça aussi, je voulais pas venir aujourd'hui, parce que Ken n'est même pas sur Paris. J'aurais préféré qu'on en profite tous les trois, qu'il me tienne dans ses bras, mon dos contre son torse, au lieu que je sois appuyée contre le mur du bassin.

- Non mon ange, je l'attire à moi, Baba il travaille aujourd'hui. Il t'a expliqué, non ?

Le sourire aux lèvres, il hoche la tête avant de la poser sur ma poitrine.

- Il a dit qu'il allait au travail avec Tonton Hakim, il lève son pouce, Tonton Idriss, il lève son index, Tonton Théo, il lève son majeur, et Tonton Doums, il sourit finalement en levant son annulaire.

Mais au final, me retrouver seule qu'avec lui, c'est pas si mal non plus. Les choses ont bien changé depuis presque deux ans, les moments où il n'y a que lui et moi sont passées d'extrêmement fréquents, à rare.

- Je t'aime mon ange, je viens caresser du bout des lèvres son front humide.

- Moi aussi, ses bras viennent entourer mon cou. Fort fort.

Je sais pas combien de temps on reste là, moi à lui caresser le dos, lui à jouer du bout des doigts avec les pointes de mes boucles.

- Maman ? Il finit par briser le calme de la pièce. Est-ce que tu peux me raconter une histoire ?

Je peux pas m'empêcher de sourire à l'entente de sa question. C'était sa favorite quand on habitait encore que tous les deux, que ni lui, ni moi, avions la moindre idée que Ken habitait à juste quelques rues de la nôtre, et ça depuis plusieurs années. Chaque journée finissait en général par son histoire. Et vu que je n'ai jamais eu beaucoup d'imagination, je détournais juste un souvenir en un conte un peu plus magique que la réalité.

- Une histoire sur quoi ? Je le redresse contre moi pour pas qu'il ne glisse.

- Je sais pas, il lève les yeux vers moi, sa lèvre du bas retroussée. Une histoire qui finit bien.

Y en a qu'une qui me vient en tête, et ça me fait sourire un peu plus encore.

- Ok, je nous plonge un peu plus dans l'eau chaude. C'est l'histoire d'une fille, qui..., il ne me laisse pas le temps de finir que déjà il lève le doigt pour me poser une question. Quoi ? Je rigole. Déjà ?

Nouveau souffle · NekfeuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant