Nouveau souffle · Nekfeu

Chapitre 68

Alya

J'ai recommencé, encore. Au pire, on pourrait se dire que ça finit par ne plus compter, je crois que je lui ai fait le coup au moins 10 fois. Elle a l'habitude maintenant, je suis presque sûre qu'elle ne m'a pas crue quand je lui ai dit que je reviendrais la dernière fois.

Parce que oui, c'est un fait, je lui avais dit que je prendrais un nouveau rendez-vous, mais je l'ai pas fait. Depuis le lycée, je fais l'effort d'y aller, mais que quand ça m'arrange, ou quand je suis vraiment tombée au plus bas.

Et faut que ça s'arrête. C'est un constat flagrant quand mes yeux se posent sur mon reflet dans le miroir de la salle de bain. Mon ventre a doublé de volume, maintenant ça ne sert vraiment plus à rien d'essayer de cacher quoique ce soit. Les jumelles commencent doucement à prendre leurs aises, et ça se voit à ma silhouette.

Mais elles ne peuvent pas être complètement à l'aise si je continue à les noyer dans mon stress, dans mes peurs, dans mes crises d'angoisses. Pourtant, je leur ai fait la même promesse que celle que j'avais pu faire à Thanos il y a 6 ans : peu importe ce qu'il peut m'arriver, y a rien que je ne ferais pas pour elles. Si c'est pas pour moi que je me force à aller chez le psychologue, ce sera pour elles. Pour elles, je peux.

Et pas que. Pour elles, mais aussi pour leur père. Ken passe tout son temps libre à essayer de me faire me sentir en sécurité, à essayer de me rassurer, de maintenir la bulle de douceur et de confort qu'on a créée à la maison. Et moi, j'ai l'impression de faire littéralement 0 effort en retour : je lui parle pas aussi souvent qu'il faudrait de mes peurs, il ne sait toujours pas pour les lettres de Lukas, la plupart de mes crises d'angoisse passe à la trappe.

Et pourtant il ne dit jamais rien, il continue de me protéger. Il pourrait avoir 1000 motifs de dispute différents, il n'en utilise aucun. Alors non, je n'ai pas envie qu'on se fâche, mais je n'ai pas envie non plus que les efforts soient à sens unique plus longtemps. Je me suis assez noyée là-dedans, ça fait plusieurs mois déjà.

Donc j'ai pris rendez-vous pour ce matin. Avant-hier, avant qu'il ne vienne me chercher au travail, je suis sortie deux minutes pour appeler le cabinet. Il m'a fallu plusieurs essais avant de finalement appuyer sur le contact, mais le plus important, c'est que j'ai fini par le faire. Pour les jumelles, pour lui, pour Thanos qui s'inquiète quand je sors de la chambre avec les yeux rouges.

Ça ne peut pas durer plus longtemps, y a que moi qui peut faire avancer les choses.

- Oh Baba ! La voix de Thanos me fait sourire, à peine sortie de la salle de bain. Regarde, regarde, ses cheveux ils sont devenus jaunes !

- T'as vu ? Ken rigole. Méga stylé.

C'est le retour de leurs samedi matin devant la télé. Il a suffi que Tan demande plus de temps à son père pour que Ken fourmille d'idées sur comment lui faire plaisir. Et se faire plaisir à lui au passage, il dirait jamais non à des animés. Même s'il les a déjà vus des milliards de fois avant.

Quand je débarque au salon, mon cœur pourrait lâcher devant le spectacle. Thanos, la tête posée sur les jambes de son père, regarde les images défiler à l'écran avec des étoiles plein les yeux. Pareil pour le grand modèle, qui caresse le bras de Tan en même temps.

- Ken ? Je lance en attrapant mon sac et mon manteau.

Ses yeux passent de la télé à moi. Et ses sourcils se froncent quand il remarque que je suis déjà habillée, mes chaussures aux pieds, prête à partir.

- T'as un que-tru de prévu ? Il se redresse doucement.

- Tu viens m'aider à sortir les poubelles ? Je lui souris en espérant qu'il comprenne le sous-entendu.