Chapitre 65

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Ken

Je viens de partir, est-ce que c'est possible même qu'elle me manque déjà ? À peine j'ai tourné dans la rue parallèle à la nôtre, que j'avais déjà envie de faire demi-tour.

Et la raison est simple : ça a marché. La ficelle autour de son poignet, ça a marché. Depuis, elle me laisse l'aider le matin à lui brosser les cheveux, elle accepte que je porte les sacs de courses, elle me laisse lui préparer ses tisanes pour pas qu'elle ait à se lever du canapé.

Je sais que c'est des trucs simples, mais rien que là, je peux voir la différence, je peux voir qu'elle fait des efforts. C'est sûr que ça n'a pas grand-chose à voir avec tout ce qu'elle hésite à me dire au sujet de Lukas, mais je m'en fiche. Elle fait des efforts et je demande rien de plus.

Elle est indépendante, ça a toujours été le cas, je serais sûrement pas tombé amoureux d'elle si ça avait été autrement. Faut toujours qu'elle ait un minimum de contrôle, qu'une part du travail vienne d'elle, qu'elle mérite le résultat. Ça pose un nombre de problèmes incalculable dont je lui ai pas encore parlé, comme la plupart des papiers qu'il va falloir qu'elle signe avant qu'on se pointe à la mairie. Des papiers qui vont pas lui plaire.

Avec Lou, on avait fait les choses différemment. C'est peut-être chelou de dire ça, mais je savais qu'on allait avoir des problèmes à un moment ou à un autre, j'avais fait faire un contrat spécial.

Mais Lya c'est différent, je veux qu'on ait un mariage normal. Je veux qu'on ait signé les mêmes papiers que mes darons, les mêmes papiers que les siens, les mêmes que mes grands-parents. Je veux un truc simple, je veux un truc vrai, je veux qu'elle soit ma femme comme la plupart des gens l'entendent.

Et ça implique qu'elle puisse avoir accès à une certaine partie de mes biens. Et y a rien qui la tend plus que ça en matière d'indépendance. Mes revenus vont se joindre aux siens, et je sais d'avance que vaut mieux qu'elle l'apprenne avant le mariage. Histoire que je puisse la calmer. Et la raisonner.

Et elle est sacrément dure à raisonner là-dessus, la division du loyer avait déjà été une épreuve, une épreuve si on oublie à quel point je la trouve belle quand elle essaie de me convaincre qu'elle a raison.

- Je suis fou d'elle wesh, je souris tout seul en prenant le chemin des locaux de l'asso, ça devient grave.

Et y a pas que moi qui suis devenu fou. J'ai pas pu prendre ma douche tranquillement ce matin, le téléphone de ma brune arrêtait pas de vibrer, elle l'avait laissé sur le lavabo. Hakim est à peine parti avec son reuf et Jida voir de la famille en Essonne, que déjà ma sœur est au bout de sa vie. Et elle harcèle ma brune avec des smileys qui pleurent.

Au moins, je sais que c'est réciproque. Quand Idriss a posté des stories de lui hier soir, pour raconter comment Jida avait remonter les bretelles de tout le monde à peine arrivée, tu pouvais entendre Hakim grogner à l'arrière. Il grogne tout le temps, mais là c'était pire : le lit est dur, il fait trop chaud dans la chambre, l'oreiller c'est de la merde.

Traduction presque certaine : ma sœur lui manque mais il ira jamais le dire explicitement.

- Wesh, je fronce les sourcils quand la sonnerie de mon téléphone retentit à fond dans la voiture. Faut pas me faire des coups comme ça, mon souffle s'accélère pour suivre les battements de mon cœur.

- Nek frère, la voix du Bigo remplace la radio, y a un putain de blem avec la salle, il souffle.

Il est stressé comme jamais depuis deux jours : il manque plus qu'une étape pour pouvoir rendre l'asso active, et c'est de faire vérifier les activités qu'on va proposer par un organisme indépendant. Ils viennent ce matin checker vite fait des mini-stands qu'on a passés tout le week-end à installer avec les gars.

Nouveau souffle · NekfeuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant