Nouveau souffle · Nekfeu

Chapitre 67

Ken

J'avais même pas fait attention, je suis vraiment trop con. Depuis quelques jours, il a cherché à obtenir mon attention d'une dizaine de manières différentes, et j'ai rien remarqué.

Pourtant, je me rappelle encore de quand c'était le contraire, quand c'était moi qui cherchais à ce qu'il me suive partout, à ce qu'il accepte mes câlins. Et au final, j'ai jamais trop galéré, Tan et moi, ça a été évident depuis le quasi tout début. Et peut-être que c'est ça qui lui fait peur maintenant.

On a eu une relation particulière depuis le départ, y a moyen qu'il ait peur qu'on la perde. Il sait juste pas à quel point ça n'a aucun sens. Suffit qu'il entre dans la pièce pour que mes pensées s'éclairent, suffit que ses boucles caressent mon bras quand on regarde la télé le soir pour que tous mes soucis disparaissent, suffit que je le voie s'amuser avec ses coquillages pour avoir envie de sortir mon carnet.

Y aura jamais rien pour remplacer Thanos. Même pas les jumelles, elles auront juste leur place à elle, mais elles vont sûrement pas prendre celle de leur frère.

- Nek ? Je relève la tête du trottoir quand un tipeu de 20 piges m'adresse la parole.

J'avais presque oublié que j'étais sorti sans faire d'efforts pour me camoufler. J'ai pris ma parka habituelle, ma casquette habituelle, j'ai pas attaché mes cheveux, et je baissais même pas complètement la tête.

Pas compliqué de me reconnaître, c'était presque une invitation.

- Salut, je lui souris, bien ou quoi ?

- Grave bien, il hausse les épaules.

- Tu veux une photo ou un que-tru ? Je propose.

- Nan tranquille, il secoue la tête, pas besoin. Juste grave chaud ce que tu fais, c'est un plaisir à chaque fois.

- Merci pour la ce-for, je lui serre la main. Faut que j'te laisse par contre, y a mon tipeu qui m'attend.

- Ah bah vas-y, il sourit. Désolé si je t'ai dérangé ou quoi.

- Tranquille, je lui fais un signe de la main, ça fait plaisir.

Et pour une fois, je suis sincère. Ça m'était pas arrivé depuis longtemps, limite il aurait voulu parler un peu, j'aurais pu dire oui. Si y avait pas l'entraînement de judo de Thanos qui finit dans 15 minutes au moins.

Je lui ai juste menti sur un que-tru : je sais que Thanos ne m'attend pas. Déjà parce qu'il ne me reste plus qu'une minute de marche à peine, et que la séance est loin d'être finie, ensuite parce que c'est ma mère qui vient le chercher le samedi matin logiquement.

J'ai juste voulu lui montrer que je suis là ce matin. Et pour le voir faire ses mouv' stylés, j'avoue. Ça m'a grave manqué.

- Une à droite ! La voix de son coach parvient direct à mes oreilles quand je pousse la porte de la salle. Luna ? Relève le bras un peu.

Je suis à peine rentré que je le repère direct. Au milieu du groupe, ses boucles attachées dans un petit chignon identique à ceux que je peux me faire, il suit les instructions du prof dans son kimono parfaitement blanc.

Je crois que jamais je me ferais totalement à l'idée, jamais je me ferais à l'idée que j'aurais pu passer à côté de tout ça. Il aurait suffi qu'on choisisse une route différente ce jour-là dans le Sud, ou que la meuf avec qui le Bigo avait un date se pointe au rendez-vous, pour que jamais je ne croise le chemin de Lya et Tan.