Chapitre 42

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Sorry pour le retard, j'étais en examen aujourd'hui, j'ai complètement oublié de publier hier soir et aujourd'hui...

Ken

C'est dans ces périodes que je me sens sans défense. J'ai mon crayon à la main, mon carnet ouvert sur les genoux, des idées plein la tête mais je sais d'avance qu'il n'y a rien qui sortira, la page restera blanche.

Tout est une question de volonté, je l'ai déjà dit. Je meurs d'envie d'écrire, j'ai les idées pour, le crayon, le papier, mais j'ai pas la volonté. Il me manque la toute petite étincelle qui me permet d'habitude de noircir des pages et des pages, pendant des heures et des heures.

Alya n'a pas tort, y a juste des jours où l'écriture, ça me paraît fade, sans goût, à la limite d'une corvée. Pas étonnant qu'elle ait l'impression que ça me déprime.

Je veux écrire mais ça fonctionne pas. Et sans l'écriture, j'ai toujours bien plus de mal à gérer mes émotions, à discerner le bien du mal, à savoir comment agir. Quand je pose mes mots sur le papier, tout devient plus clair et là, depuis plusieurs jours, je suis juste privé de ça.

Alors j'ai l'impression de marcher dans le noir, de me noyer dans mes pensées.

Ça doit faire trois bonnes heures que je suis assis sur le balcon, étalé contre le mur en pierre, les jambes qui pendent dans le vide et le regard posé sur les toits qui s'étalent devant moi. Je sais que quand ça m'arrive, quand je suis juste pas décidé à écrire, faut attendre et y a pas d'autres options. Faut que j'attende que ça passe, que les mots reviennent.

C'est ce que je fais, attendre. Tant que j'écris pas, c'est même pas la peine d'essayer de dormir ou de faire autre chose, je sais que ça fonctionnera pas. Alors je me suis levé pour éviter de saouler Alya puis je suis venu me poser dehors, au frais, en espérant que peut-être en voyant passer un avion, en entendant le bruit des voitures ou les conversations des gens dans la rue, la volonté d'écrire reviendrait. Même juste un instant.

Pour l'instant, ça me paraît toujours peine perdue. Je suis là, je patiente mais j'ai plus l'impression de patienter jusqu'au lever du soleil que jusqu'à ce que l'inspiration me vienne.

Derrière moi, le glissement de la baie vitrée dans son rail me fait tourner la tête. Debout dans l'encadrement, Thanos, les yeux à moitié fermés et les sourcils froncés, me regarde en silence.

- Y a un truc qui va pas bonhomme ? Je me redresse, déposant mon carnet et mon crayon sur le sol gelé du balcon.

L'hiver est là et moi je traîne toujours en t-shirt sur le balcon comme si on était au Mexique.

- J'arrive pas à dormir, il danse d'un pied sur l'autre, le regard sur les dalles au sol.

- C'est pas grave ça, je souris doucement, ça arrive à tout le monde regarde, je me pointe du doigt, j'y arrive pas non plus. Tu veux qu'on aille chercher une couverture et que tu restes avec oim un peu ?

Silencieusement, il hoche la tête et je me soulève du sol, les jambes engourdies. Je crois qu'un des pires trucs qui m'arrive quand je suis incapable d'écrire, c'est que j'arrive plus à me gérer correctement. Je suis là, à me demander quand est-ce que je vais pouvoir aligner deux mots à nouveau et je me préoccupe absolument plus d'où je suis, d'est-ce que j'ai mangé ou de la dernière fois que je me suis levé pour aller boire un verre d'eau.

Quand j'arrive à sa hauteur, je glisse par réflexe ma main sous son t-shirt de pyjama, en suivant le même geste que j'ai vu Alya répéter des milliards de fois. Pour vérifier s'il a de la fièvre. Pour le sommeil chaotique, Thanos n'a pas hérité de oim, il dort comme un bébé. C'est plutôt simple de savoir que, quand il n'arrive pas à dormir, c'est qu'il y a quelque chose qui va pas.

Nouveau souffle · NekfeuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant