Chapitre 48

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Alya

J'avais presque oublié ce que ça faisait. Depuis que je me suis remise avec Ken, rares sont les moments que j'ai passés seule avec Thanos, encore plus rares ceux que j'ai passés seule avec Thanos en-dehors de l'appartement. Mais Ken est parti au studio avec les gars, Tan et moi on était tous les deux devant la télé et je me suis dite qu'au lieu de comater tout l'après-midi devant les dessins animés, on serait mieux chez mes parents.

En plus, ma mère s'est plainte y a même pas trois jours que ça faisait trop longtemps qu'elle n'avait pas vu ni moi, ni Thanos et, encore une fois, je n'avais même pas réalisé à quel point elle avait raison. Et peut-être que pour une fois, même si c'est pas trop mon truc, j'ai un peu envie de lui parler de Ken et moi, de la demande en mariage.

Alors ça fait déjà une vingtaine de minutes que je suis logée contre la vitre du métro, Thanos sur mes genoux qui joue du bout des doigts avec une de mes boucles. Je peux pas m'empêcher, quand il est contre moi comme ça, de m'imaginer ce que ce sera quand il saura pour le bébé. Et même si j'ai hâte, même si je suis pas forcément la mieux placée pour en parler parce que Lukas et moi on est nés le même jour, je sais que l'arrivée d'un deuxième enfant peut être dure pour le premier. Même s'il en a trop envie.

Et je crois que je ne réalise pas encore totalement l'ampleur de ce qui est en train de se passer. Il y a un peu moins de deux ans, j'étais persuadée que je ne reverrais jamais le père de Thanos, que c'était juste une histoire de soirée qui s'était mal terminée, que ça allait me prendre des années avant de rencontrer quelqu'un de nouveau avec qui je pourrais fonder une famille.

Puis y a eu Ken. Ça a été si rapide que j'ai rien vu passer. Ça a autant été un coup de cœur pour moi que pour Thanos et maintenant je sais pourquoi. C'est son papa, c'est le seul homme dont je suis réellement tombée amoureuse, c'est celui que je vais bientôt épouser et qui va bientôt être papa une deuxième fois.

- Maman, la petite voix de Thanos me fait baisser les yeux vers lui. Pourquoi tu pleures ?

Et suffit que je plonge mes yeux dans les siens pour y voir la réplique de ceux de Ken.

- C'est des gentilles larmes, je lui souris, je pense à Papa.

- Je peux penser à Papa avec toi alors ? Il repose sa tête contre ma poitrine, la main enroulée dans le bas de ma veste.

- Avec plaisir, je l'entoure de mes bras un peu plus.

Quand le métro s'arrête à la station suivante, que je lève les yeux vers le nom de l'arrêt, je me rends compte qu'il n'en reste plus que deux avant qu'on soit arrivés. Mais je suis pas prête, j'aimerais juste rester là avec Thanos jusqu'à ce qu'on en ait plus envie. Et ça résonne étonnamment bien avec le petit pincement au cœur que j'ai depuis notre discussion avec Ken dans la salle de bain : Thanos grandit vite, Ken a raison. Et peut-être qu'au fond, même si j'essaie de pas trop y penser, ça m'affecte autant que ça affecte Ken.

Je veux pas que ces moments-là disparaissent. Pourtant, y aura bien un jour où il ne sera plus intéressé par des trajets de métro sur mes genoux, ou des trajets de métro tout court avec moi.

- Maman ? La voix de Thanos caresse la peau de mon cou.

- Dis-moi, je glisse ma main dans ses cheveux.

- Tu crois que ma liste elle est trop compliquée pour le Père Noël ? Je l'entends presque retrousser sa lèvre.

Et effectivement, de son point de vue, je comprends qu'il puisse s'imaginer ça. Pour une fois cette année, il n'a pas seulement demandé une liste de jouets de taille irréaliste comme la plupart des enfants, il a aussi fourni deux demandes plus particulières que ni moi ni Ken, n'avons entendues directement. C'est le Père Noël du magasin de jouets qui me les a transmises.

Nouveau souffle · NekfeuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant