Chapitre 58 : La proposition.

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ANTOINE.

Une semaine plus tard, Clairefontaine.

Nous sommes arrivés ce matin à Clairefontaine. Je dois parler à Didier. Beaucoup de choses se sont bousculées cette semaine au sein de l'équipe de France. Beaucoup trop à mon goût... des choses qui m'ont choqué, et qui ne me donne pas nécessairement envie de revenir. Bien que ce soit ma hantise du terrain qui me retient, tout ça me bloque encore plus.

Hugo, Olivier, Karim et Raphaël ont tous les quatre annoncé leur retraite internationale. J'en suis encore choqué. Ça fait tellement de personnes en moins d'un coup. Certes, Karim n'était revenu que depuis peu mais même... ça fait beaucoup des anciens qui ne sont plus là, l'équipe est toute jeune maintenant.

Didier veut à tout prix discuter avec moi seul, j'ai insisté pour que Léandre soit présent. Disons que la dernière fois que j'ai parlé avec Didier, il a fini dans un lit d'hôpital. J'ai clairement pas envie que ça m'arrive si je venais à être seul avec lui.

C'est ainsi que nous sommes devant la porte de son bureau. Léandre est à mes côtés. Je prends une grande respiration et je me tourne vers lui. Il me regarde.

— Ça va aller ? Me demande-t-il d'une petite voix.

Je sens mon coeur qui commence à battre de plus en plus. Je ne sais pas quoi faire. Putain, je sais pas quoi faire. Que suis-je sensé faire ? Je sais que je dois suivre ce que mon coeur me dit. Mais qu'advient-il des décisions à prendre quand même mon coeur est perdu ?

Je sens une main se glisser dans la mienne. Je descends mon regard et je vois Léandre venir serrer fort ma main dans la sienne. Je vois sa bague de fiançailles que je lui ai offert. Je souris. J'ai vraiment de la chance de l'avoir à mes côtés. J'espère qu'il le sait.

— C'est parti, grommelé-je avant de venir me racler la gorge.

Mais, alors que je suis sur le point de toquer contre la porte, mon téléphone se met à sonner. Je m'arrête donc dans mon élan et je glisse ma main dans mon jean pour attraper mon cellulaire. Je suis surpris en voyant le nom de Paul affiché.

Je décroche.

— Paul ? Demandé-je, surpris.

Je m'éloigne de la porte, lâchant par la même occasion la main de Léandre.

— Anto, écoute-moi ! S'urge-t-il de dire.

Ça m'étonne d'entendre Paul parler ainsi. Il a l'air vraiment sérieux, ce qui change de son ton très humoristique et blagueur de d'habitude. Je crains ce qu'il a à me dire, mais je décide tout de même de l'écouter. Après tout, c'est Paul, c'est mon meilleur-ami.

— Tu vaux mieux que ça, d'accord ? Tu vaux mieux que ce que ces connards ont pu te faire. Dit-il. Et je suis désolé, tellement désolé que ça te soit arrivé. Et je sais que ta peur de retourner sur le terrain est grande, et je sais que c'est pas facile mais...

Il ne dit rien pendant quelques secondes, ce qui me permet à la fois de bien enregistrer ce qu'il me dit et de l'analyser.

— Mais putain, avec tout le monde qui prend sa retraite internationale en équipe de France, j'ai l'impression qu'il n'y aura plus personne. Anto... quand on a commencé ensemble en 2014, nous étions cinq. Explique-t-il en étant plutôt émotif au timbre de sa voix. Maintenant, on est plus que deux. Il ne reste plus que toi et moi et... et il ne peut pas rester que moi... Je peux pas être Paulo sans grizi.. j'peux pas.

Je sens mon coeur rater un battement. C'est vrai qu'il ne reste plus que nous deux maintenant. Le duo inimitable. Putain... Paul, tu joues à quoi là ? T'es en train d'encore plus m'embrouiller...

Amour Refoulé - Antoine Griezmann (bxb)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant