Chapitre 87 : Mille et une façons d'aimer.

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LÉANDRE.

Quinze jours plus tard.

            Les jours qui ont suivis notre dispute furent un calvaire à vivre. Je ne vivais plus, j'errais dans ce qui me semblait n'être qu'une illusion de ma vie, qu'une sombre ombre de ce à quoi elle était sensée être. Je ne sais pas vraiment pourquoi, mais j'avais l'impression d'avoir de nouveau touché le plus bas des tréfonds. Comme si je revivais ce que j'avais vécu lorsqu'Antoine était parti en roadtrip. J'ai vraiment l'impression que nous faisons que de nous quitter sur de mauvais termes.

          Bien qu'il n'ait encore pris aucune décision, je sais qu'elle ne sera pas positive nous concernant. Notre couple a tellement vécu de choses que j'ai l'impression que ce coup-ci était celui de trop, le coup de grâce sur ce vase qui était d'ors et déjà fragilisé et trop plein. Il s'avère que les pansements et la colle ne suffisent plus à le faire tenir debout à un moment donné. Cependant, je suis tout de même très lucide sur la situation et sur le fait que je suis en grande partie le fautif sur toutes ces brisures. Mes départs répétitifs, mes erreurs, ma naïveté, ma dépression chronique... disons que rien de tout ça n'a joué en ma faveur pour faire persister mon couple.

          Malgré ça, j'ai toujours une partie de moi qui garde de l'espoir — je me dois de garder cette étincelle d'espoir qu'il prendra une décision positive. Même si cela fait d'ors et déjà quinze jours que je ne l'ai pas vu, ni même discuté avec lui, j'espère. Antoine est borné, mais il ne me laissera pas vivre trop longtemps sans me donner une réponse pour donner une finition à mes maux. Ça ne m'empêche pas de souffrir comme un martyr depuis son départ. S'en est suivie quelques jours où j'étais dans le déni, et où j'ai tenté d'innombrables fois de le contacter, ou même de le voir — vainement. J'ai compris la leçon lorsqu'Erika m'a annoncé qu'il était parti avec les enfants quelques jours sur Mâcon pour voir son père et le reste de la famille.

            Pour ce qui en est de Louis, je n'ai plus aucune nouvelle de lui depuis notre dernière discussion, et je suppose que c'est bien mieux comme cela. Quant à Alexis, c'est silence radio. Disons qu'il ne peut pas me harceler étant donné que je ne quitte même pas la maison. Je ne fais que de faire du travail à distanciel, avec l'accord d'Erika. Je ne veux voir personne, ni même Camilo, ou bien Estéban. Même au sein de ma propre maison, je les esquive.

          La nuit est tombée depuis quelques heures, je suis encore en tenue de pyjama : un vieux short avec un t-shirt. Assis sur le sol, le dos appuyé sur le canapé, je tiens une tasse contenant un espresso martini dedans. C'est lorsque même la chaleur du feu ne me réchauffe pas que je décide d'attraper le sweatshirt d'Antoine qui traîne sur le canapé. Je ne le quitte pas, c'est l'un des seuls vêtements qui sent encore son odeur après deux semaines. Je pose la tasse sur le tapis, venant tenir le vêtement de mes deux mains tremblantes. C'est un sweat-shirt que nous avions acheté ensemble à Londres lors d'un bref passage là-bas il y a plusieurs mois.

           De base, c'était moi qui avait craqué dessus, et Antoine me l'avait offert pour au final être celui qui l'ait le plus porté. Je viens le porter à mon visage, venant m'y écraser pour venir m'enivrer de son parfum. Un long frisson vient me travers le corps jusqu'à m'en hérisser les poils. Un poids s'abat sur ma cage thoracique, venant renforcer la pression sur mon coeur qui bat déjà la chamade.

          Je hume l'odeur une dernière fois avant de venir l'enfiler. Je viens automatiquement prendre une gorgée de ma boisson lorsque mon téléphone vibre. Je le sors de ma poche pour venir y découvrir une notification provenant d'Erika.

Erika 🫶🏻 : Il est de retour à Madrid.

          Mon coeur rate un battement. Je ne réponds même pas, tant je suis paralysé par l'information que je viens de recevoir. Antoine est rentré, et est sûrement chez Erika ou bien il est sur la route pour les ramener chez elle. Mon coeur me dit de prendre mes affaires et de me diriger tout droit chez elle pour l'intercepter, pour le voir et pour lui parler, mais mon cerveau me crie que ce n'est pas une bonne idée. Je sais que je devrais le laisser revenir lorsqu'il l'aura décider, mais je ne peux me permettre de ne rien faire et de juste laisser le temps faire les choses. Je ne veux pas laisser le temps lui faire croire qu'il est mieux sans moi — même si une infime partie de moi-même se dit que c'est probablement la vérité et qu'il a juste eu raison de partir et de ne pas se retourner une seule seconde en ma direction.

Amour Refoulé - Antoine Griezmann (bxb)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant