Chapitre 56 : Questionnements.

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LÉANDRE.

4 septembre, Madrid.

Le jour se lève à peine sur Madrid. Aujourd'hui, c'est le premier jour officiel de Camilo ici. Sa première journée complète. Sa nouvelle vie madrilène commence, et je stresse par la même occasion. Je ne sais pas si je suis capable de m'occuper d'un adolescent. Je sais qu'Antoine est là pour m'épauler, mais c'est plus ma responsabilité que la sienne. C'est mon demi-frère, pas le sien. Je ne sais pas vraiment ce qui m'a pris lorsque j'ai proposé ça quelques mois plus tôt. Je ne savais pas vraiment dans quoi je m'embarquais.

Je savais juste que je voulais le rendre heureux, et que je le pouvais, alors j'ai proposé ça après une longue discussion avec Antoine. Ce dernier n'a pas hésité, l'envie de Camilo de venir vivre ici et de jouer au football en Espagne lui rappelant sa propre expérience. Cependant, j'ai peur que ce soit compliqué pour Camilo de s'intégrer à la vie espagnole. La mentalité ici est bien différente de celle du Chili. J'ai peur qu'il ne trouve pas sa place, ou bien qu'il ne se sente pas bien chez nous. Après tout, peut-être que je suis invivable ? Antoine m'aime, donc savoir si je suis vivable pour lui, c'est pas vraiment objectif. Mais peut-être que je suis pas une bonne figure d'autorité et de responsabilité. J'en sais rien...

Penser à tout ça, ça me fait penser aux enfants. C'est vrai que la question ne s'est jamais posé avec Antoine. Disons que nous étions plutôt occuper à d'autres choses. Mais on ne s'est jamais vraiment demandé si nous voulions des enfants ensemble. Ensemble... c'est aussi ça qui me détruit l'esprit : savoir que je ne pourrais jamais avoir un enfant qui soit le mélange de celui que j'aime et de moi. Ce sera soit lui, soit moi. Tout ça étant dans l'optique qu'il veuille encore des enfants, ou un. Après tout, il en a déjà trois biologiques, pourquoi se casserait-il la tête à en vouloir d'autres ? De plus, ils sont encore en bas âge.

C'est toutes ces questions me torturent l'esprit ce matin. Et c'est encore pire quand je le vois devant moi en train de dormir paisiblement. Il a l'air heureux, et rien que de voir son visage apaisé, ça me met du baume au coeur. C'est vrai que les dix mois qui ont passé étaient hardcore, c'était vraiment intense et pas dans le bon sens du terme. Mais là, les choses commencent à enfin aller mieux. Certaines choses restent encore ambiguës, encore bizarres, mais tout s'arrangera tout finit toujours par s'arranger. Ma grand-mère me disait tout le temps que le meilleur remède contre le temps c'est de se dire que dans tous les cas il défile, que l'on le veuille ou non.

Ma main posée sur son torse, je fais des petits mouvements circulaires pour ne pas trop le réveiller, même si c'est ce que je souhaite au fond de moi. J'ai envie de le réveiller, de lui parler, de l'embrasser, d'être avec lui. La saison reprend, et je sais que je suis sur le point de le voir de moins en moins; mais c'est les sacrifices de vivre avec un footballeur international. Il faut savoir sacrifier son temps et sa vie, sinon la mort de la relation est presque plus qu'imminente.

Il se réveille tout doucement, mes caresses étant sûrement des facteurs. Il se tourne vers moi, les yeux encore à moitié fermés. Il sourit.

— J't'ai déjà dit que c'était flippant de me regarder dormir, non ? Grommelle-t-il.

— C'était pas l'inverse ?

— J'suis pratiquement sûr que c'était moi qui te disait ça, mon coeur.

Il vient poser sa main sur ma hanche.

— Tu penses à quoi ? Me demande-t-il.

— À nous.

— Comment ça ?

Il semble confus, et je le vois sur son visage que ça le réveille bien plus. Il est plus attentif et ses yeux sont mieux ouverts. Il se redresse même légèrement.

Amour Refoulé - Antoine Griezmann (bxb)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant