Amour Refoulé - Antoine Griezmann (bxb)

Chapitre 71 : L'ombre de toi.

LÉANDRE.

Une fois que Camilo passe la porte, je me tourne et me dirige vers la voiture pour y entrer. J'ouvre la portière arrière du taxi et, alors que j'allais repartir avec le conducteur pour rejoindre Antoine, j'entends une voix m'appeler. Étonnamment, ce n'est pas celle de mon petit-frère, mais c'est bien celle d'un membre de ma famille. Je m'arrête donc dans mon élan et me tourne vers la source de cette voix. Je le vois là, en tenue de sport, comme s'il partait en entraînement alors que je sais bel et bien qu'il n'est plus joueur. Cependant, il va sûrement montrer des exemples aux jeunes participant à cette immersion.

Je ne l'ai pas vu depuis quelques semaines maintenant. Disons que notre relation n'a toujours pas repris depuis que nous en avons atteint les tréfonds. Pourtant, lorsque je repense à mon oncle, je repense à sa présence constante lorsque j'étais jeune. Je repense à tout ça et je me demande « comment nous avons pu en arriver là? ». Après tout ce qu'il s'est passé, on pourrait se dire que l'eau a coulé sous les ponts.. mais son dernier acte lors du premier match d'Antoine en tant que capitaine me reste en travers de la gorge.

Il descend les marches avec une nonchalance et commence sa marche jusqu'à mon taxi.

— Tu n'entres même plus, même pour me dire bonjour ? Demande-t-il d'un ton étrangement neutre.

Je déglutis alors qu'il est maintenant à deux mètres de moi, là où il décide de s'arrêter.

— J'ai pas envie de me disputer, tonton. Lui dis-je, comme pour le prévenir.

— Je sais, moi non plus.

Je ne le montre pas, mais je le ressens au fond de moi que le soulagement me prend. Je n'ai plus envie de me disputer avec lui, je n'ai plus envie d'avoir de la rancoeur envers lui. J'ai envie de retrouver mon oncle, celui qui était là pour moi, celui qui m'a accompagné d'en d'innombrables choses, qui m'a soutenu dans les bons comme les mauvais moments. Est-ce que ce serait la discussion que j'ai eu avec lui pour faire entrer Camilo dans l'immersion qui le ferait être plus calme que d'ordinaire ?

Flashback de trois semaines auparavant.

Je suis dans le jardin de la maison. J'attends une visite assez spéciale, et je redoute même sa présence. S'il vient ici, ce n'est pas pour moi, c'est pour Camilo. Je sais que ça va être difficile de faire abstraction de tout et de faire comme si rien ne se passait entre nous, de faire comme si tout roulait comme sur des roulettes. Mais je me dois d'essayer de mon mieux, je l'ai promis à Antoine.

Mon oncle arrive donc chez moi, et c'est assez étrange de le recevoir. Antoine le salut amicalement, ainsi qu'Estéban, alors que Camilo est surexcité de le rencontrer. Une fois que ça vient à moi, un bref et petit « salut » sort de ma bouche et rien de plus.

Toute la matinée, je prends donc sur moi pour ne pas trop rendre l'atmosphère tendue. Antoine et Didier ont l'air de mieux s'entendre, je suis content de voir que ça va mieux tout de même entre eux. Je sais que c'est essentiel pour eux de bien s'entendre. Après tout, que serait une équipe si le capitaine et le sélectionneur ne s'entendaient pas ? Ce ne serait qu'une vaste assemblée de joueur, et non une équipe soudée. Et l'équipe de France doit être soudée, surtout avec deux piliers comme Antoine et mon oncle. De plus, ils ont toujours eu une bonne relation, ça m'aurait vraiment arraché le coeur de ne pas les voir s'entendre de nouveau.

Quant à moi et mon oncle, c'est tout autrement différent. Il y a un niveau de problème qui diffère totalement de la sphère du football. Cela relève du privé et c'est quelque chose que nous devons régler entre nous, et j'espère au fond de moi que nous réussirons à le faire. Je n'ai pas envie de garder une relation pleine de discorde avec mon oncle.