Chapitre 75 : Après moi, le déluge.

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LÉANDRE.

L'état de la mère d'Antoine s'est énormément dégradé ces deux derniers jours. En fait, j'ai l'impression que notre arrivée a accéléré les choses en quelques sortes, comme ci elle attendait qu'Antoine arrive pour pouvoir se laisser aller. Ça me fait penser à mon père.. ça a fait un an ce mois-ci qu'il est décédé et, étrangement, je n'y avais pas pensé avec que tout cela se produise.

Le fait est que la date d'anniversaire de la mort de Simon approche et, comme chaque année, ça me tue tellement de l'intérieur. Je n'ai pas encore refait de cauchemar, mais je me dis que ça ne saurait tarder et ça me paralyse rien que d'y penser. Comment suis-je sensé être là pour Antoine si je suis moi-même tétanisé par ma propre douleur ?

Assis dans le lit de la chambre d'enfance d'Antoine, je tente de m'endormir mais je n'y parviens pas. J'essaie pourtant d'être au maximum au côté d'Antoine avec sa mère dans le salon, mais je n'arrive pas à y rester trop longtemps sans que je ne commence à faire une crise de panique. Ça me tue de me dire que je ne suis même pas là pour lui à 100%. C'est juste.. au dessus de mes forces. Littéralement.

Tout à coup, la porte de la chambre s'ouvre. Je me surprends à voir Antoine pénétrer, se mettre en caleçon.

— Tu restes pas en bas ? Demandé-je, étonné.

— Je pouvais plus tenir.. personne, à vrai dire. Me dit-il.

Après tout, tout le monde est K.O. Ça fait deux jours que personne ne dort, hormis les enfants de Maud. On essaie tous de tenir le maximum de temps pour se relayer ou être là les uns pour les autres — c'était évident que ça allait devenir intenable au bout d'un certain temps.

Il grimpe sur le lit jusqu'à moi, venant déposer un baiser sur mes lèvres, avant de de venir se glisser sous la couverture et de s'effondrer à côté de moi. Il vient poser sa tête sur mon torse, relâchant un râle.

— Merci d'être là.. murmure-t-il.

— Toujours..

Je viens jouer avec ses cheveux qui ont commencé à repousser de quelques centimètres. On reste comme ça, silencieusement et dans le noir. Je peux l'entendre s'endormir très rapidement, la fatigue ayant le meilleur de lui. Je continue cependant mes mouvements avant de ne m'endormir à mon tour..

ANTOINE.

Je me réveille brusquement. Au début, je ne comprends pas trop pourquoi, jusqu'à ce que j'entende les grondements du tonnerre retentir une nouvelle fois. Je déteste ça, ça me fout la trouille.

— Ça va ? Me demande Léandre en venant déposer un baiser sur le haut de mon dos avant de m'enlacer délicatement.

J'avale ma salive avant de répondre un faible « oui ». Il me serre contre lui et je peux l'entendre se rendormir aussi rapidement lorsque ses petits ronflements font apparition. Cependant, impossible pour moi de retrouver les bras de Morphée. Le tonnerre gronde de plus en plus et je peux entendre la pluie s'abattre sur la fenêtre — un vrai déluge. Je n'arriverai pas à me rendormir pour le moment, ça je le sais.

Je me défais de l'emprise de celui que j'aime avec délicatesse pour sortir du lit. Vêtu seulement d'un caleçon, j'enfile le sweat-shirt Nike de Léandre qui traîne sur la chaise du bureau. Je descends en catimini à l'étage du dessous et me dirige vers la cuisine. Je passe devant le salon mais je me dépêche pour ne pas faire trop de bruit.

Une fois dans la cuisine, je me sers un verre d'eau que je bois d'une traite. Je le dépose avec une douceur extraordinaire dans l'évier pour ne pas réveiller ma mère.

Amour Refoulé - Antoine Griezmann (bxb)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant