Chapitre 64 : Premier match, premier problème.

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ANTOINE.

20 septembre, Lyon, Groupama Stadium.

Une semaine qu'Estéban est sorti de l'hôpital. Une semaine qu'il est à la maison avec nous, à Madrid. Et bientôt une semaine que tous les frères et soeurs de Léandre sont tous réunis avec nous, ainsi que la mère d'Estéban. Disons qu'il n'est pas bien seul, il est bien entouré. C'est ce que les médecins ont conseillé, qu'il soit bien entouré et qu'il suive des séances chez une psychothérapeute.Les raisons pour lesquelles il a fait ça restent vagues, du moins, pour moi. Je pense qu'il n'arrive même pas à vraiment comprendre lui non plus. Il semble perdu. Je pense tout de même que sa grande solitude y a joué énormément.

Heureusement que sa famille est là, car avec les matches de l'équipe de France qui reprennent, en plus des matchs à l'Atlético, j'ai de moins en moins de temps maintenant. Même aujourd'hui, je suis à Lyon pour jouer un match amical contre la sélection italienne. C'est le premier de trois matches amicaux avant le début de la coupe du monde au Qatar. Beaucoup d'espoir est placé en ce match, tant pour l'équipe entière que pour moi. Pour l'équipe, c'est vraiment décisif sur le support que nous obtiendrons des supporters selon le match que nous réalisons. Pour moi, c'est décisif de ma carrière internationale. Ça fait dix mois que je n'ai pas joué un match en équipe nationale, et ça fait à peine deux semaines que j'ai repris les matches avec l'Atlético.

À Madrid, je n'ai plus besoin de prouver quoi que ce soit, j'ai retrouvé ma place — même si c'était difficile. Mais ici, avec les Bleus, je ne sais pas si je pourrais reprendre le même poste. Je ne sais pas s'il y a encore assez de place pour être en tête de gondole. C'est pour ça que j'ai beaucoup bossé ces trois derniers jours avec Kylian et Didier sur mon poste. J'ai décidé de me mettre un peu en retrait, en étant plus dans le poste de milieu attaquant. De là, je pourrais toujours être attaquant et assurer le coordination du jeu — surtout que c'est beaucoup plus important maintenant que je suis capitaine de l'équipe.

Nous sommes tous en ligne, attendant de pénétrer le terrain. Je suis devant, pourtant fièrement autour du biceps le brassard aux couleurs LGBT qu'Hugo m'a offert. Je peux sentir les regards des joueurs italiens à mes côtés, mais je n'y prête pas attention. Je sais ce qu'ils essaient de faire : me déstabiliser. Ça ne fonctionnera pas.

On nous indique de pénétrer le terrain, alors nous entrons tous un à un. La foule nous acclame tous. Je sens mon coeur qui commence à battre de plus en plus fort. C'est vraiment une pression d'être ici, de rejouer pour la sélection française. J'ai ces flashs qui apparaissent dans me tête, des flashs de ce fameux match. Putain. Pas maintenant, pas ici, pas lors de mon premier match en tant que capitaine. Non.

Je secoue la tête, comme si ça fonctionnerait à faire partir ces souvenirs qui remontent en surface. Comme s'ils grimpaient une échelle et que je tentais de les faire retomber dans les abysses de ma mémoire.

— Ça va ? Demande une voix basse à mes côtés.

Je tourne la tête brièvement et je vois Paul, inquiet. Je m'efforce d'arborer un faible sourire.

— Oui.

— T'es sûr ? Insiste-t-il.

— Ça va aller, je te promets. T'en fais pas pour moi.

Nous nous plaçons en ligne, face aux tribunes donnant sur la famille et sur les staffs. Alors que mon rythme cardiaque ne cesse de tambouriner contre ma cage thoracique, je le cherche du regard. Avec mon pouce, je ne fais que de triturer mon doigt et l'alliance qui y siège.

Au final, je finis par tomber sur sa tête brune aux cheveux bouclés. Il est assis avec Elsa et d'autres membres de famille ayant pu faire le déplacement. Un sourire vient automatiquement s'esquisser sur mes lèvres. Je peux sentir mon coeur reprendre tout doucement un rythme plus normal alors que l'hymne italien est en train d'être diffusé.

Amour Refoulé - Antoine Griezmann (bxb)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant