Chapitre 74 : Se soutenir.

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LÉANDRE.

27 septembre 2022, Mâcon.

Ça fait plusieurs heures qu'Antoine est parti. Je ne sais même pas où il se trouve, ni même s'il est en sécurité. Il ne répond ni à mes appels, ni à mes messages — il les ouvre. Et, d'une façon assez étrange, c'est déjà pas mal car il ne daigne même pas ouvrir ceux de sa famille.

Je sais que ce que j'ai fait n'était probablement pas la meilleure chose, mais je ne savais pas vraiment quoi faire. Quand j'ai reçu ce message de Théo, je l'ai tout de suite appelé et il m'a annoncé la nouvelle. Je ne me voyais pas l'annoncer à Antoine, je reste sur ma position que ce n'était pas mon rôle.

Je suis donc dans cette maison, avec ma belle-famille. Nous avons discuté pendant de longues heures de la situation, avant que la mère d'Antoine ne s'endorme de fatigue. Nous avons donc décidé de la laisser se reposer. J'ai récupéré les affaires et me dirige vers la chambre d'Antoine. Bien que ce n'est pas la maison dans laquelle il a grandit, on dirait que ses parents ont juste remis sa décoration de la dernière fois qu'il vivait avec eux. C'est une chambre sobre avec quelques trophées, quelques médailles, des posters de football. Je souris en apercevant beaucoup de photos d'Antoine plus jeune accrochées sur les murs.

Je pose les valises sur le lit et commence donc à faire le tour. Je me stoppe sur une photo d'Antoine jeune, avec un maillot de l'équipe de France. Qu'est-ce qu'il est tout mignon, je fonds en le voyant.

— C'était à Clairefontaine, on attendait avec mes parents pour faire signer le maillot. Dit une voix derrière moi.

Je fais directement volte-face et je le vois dans l'embrasure de la porte. Il a sa capuche mise, son visage est terne et triste. Il vient fermer la porte et retirer ses chaussures. Il m'attrape le bras et vient me pousser sur le lit avant de venir s'y engouffrer, contre moi. Je le laisse faire, ne voulant pas le brusquer. Je suis déjà surpris de le voir, et de le voir ainsi avec moi en vue de notre dernière discussion.

Ma main vient se poser sur son dos et je commence à le caresser gentiment, faisant des petits cercles avec le bout de mes doigts.

Je peux l'entendre renifler régulièrement, je ne sais pas s'il pleure encore ou si ce ne sont juste que des reniflements d'après avoir pleuré. Je ne dis rien, je pense que c'est le genre de situation où je dois le laisser parler s'il en a besoin. Je ne sais pas ce qu'il est en train de vivre... du moins, c'est plus compliqué que ce que j'ai pu vivre.

J'ai perdu mon père de la maladie, c'est vrai. Cependant, je n'étais pas aussi proche de mon père qu'Antoine l'est de sa mère. Ma relation avec mon père était cornélienne, à chaque fois que l'on se voyait, nous nous disputions. Il a mené une double vie, et m'a caché énormément de choses. Là, c'est totalement différent... ça me fait plus penser à ce qui s'est produit avec ma grand-mère.

— Je suis désolé d'être parti comme ça.. vient-il enfin dire après une bonne vingtaine de minutes. Je.. j'avais besoin de m'isoler et de.. réfléchir.. je sais pas trop.

— T'as pas à te justifier, mon coeur. Dis-je en ayant une voix aussi douce que possible.

— Si.

Il se redresse, je fais de même. Il vient se poser sur mon bassin, face à moi. J'ai l'impression qu'il n'ose même pas me regarder, je ne sais pas ce qu'il ressent en ce moment même pour être ainsi. Aurait-il honte ? J'en sais trop rien.

Je viens donc retirer sa capuche avec mes deux mains, avant de lui relever le menton du bout des doigts.

— Anto..

Amour Refoulé - Antoine Griezmann (bxb)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant