Chapitre 76 : Duzama.

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° partie 5

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LÉANDRE.

30 octobre 2022, centre-ville de Madrid.

Il y a des regards qui sont durs à oublier, des regards dans lesquels on est prêt à se noyer. Et, pour toujours, j'ai plongé. Le sien était spécial, il avait le regard flamboyant, empli de joie et de vie. Loin du regard de ces gens maudits qui n'arrive plus à pleurer — ces gens qui sont là devant nous mais qui, au fond de leurs yeux, sont déjà partis. Ces gens comme moi..

Au final, lui et moi, on était peut-être pas faits pour ce monde; et ce monde n'était peut-être pas fait pour nous. Je me souviens de la manière dont ses yeux ont essayé de fuir la réalité, tant différent de ceux qu'il posait sur moi — comme si pour la première fois le soleil effleurait ma peau. Et pourtant, je savais qu'un jour il ne serait plus là.

Ça fait maintenant trois semaines que je ne l'ai pas vu, trois semaines que je n'ai pas eu de messages, de nouvelles. À vrai dire, personne n'en a. Ni moi, ni Erika, ni sa soeur. Personne. Ils sont tous les trois là-bas, sans connexion à quiconque les important. C'est dur, mais c'est sa décision — et je me dois de respecter sa décision, bien que cela soit dur. Le décès de sa mère a été tellement dur à vivre pour tout le monde. J'étais là pour lui, présent. Je crois que je n'avais jamais été aussi présent pour quelqu'un de toute ma vie. Mais c'est ça l'amour, non ? C'est de sortir de sa zone de confort pour combler ceux que l'on aime.

Assis derrière le comptoir de la boutique Duzama, le nom finalement choisi par Erika pour sa marque, je patiente. Il n'y a pas trop de clients aujourd'hui, disons que le temps maussade de la capitale espagnole n'aide pas trop. Erika est partie chercher les petits, elle ne devrait plus trop tarder.

Je regarde ma galerie, défilant dans mes photos avec Antoine. Il me manque tellement... je comprends enfin ce qu'il a pu vivre l'an passé lorsque j'étais au Chili pendant tout ce temps et que lui m'attendait. La vie est tellement différente, triste. Je me réveille seul, je me lave seul, je mange seul, je rentre dans une maison sans lui et me couche dans un lit vide. Heureusement qu'Erika et moi passons pas mal de temps ensemble, et que les petits sont là pour combler une partie de ce vide, ainsi que Camilo — revenu de son immersion — et Estéban à la maison. Mais ils ne sont pas lui..

Mes pensées commence à vagabonder et je me mets à repenser à la dernière fois où je l'ai vu.

Flashback

Paris, 16ème, début octobre.

Je suis en bas de l'hôtel, je le rejoins. J'ai fait du plus vite que j'ai pu pour ne pas le rater. Le problème, c'est que les métros parisiens sont toujours bondés de monde que j'ai loupé deux arrêts et j'ai dû venir ici en courant.

Il est là, casquette sur la tête, lunette de soleil, pour ne pas qu'on le remarque trop. Il est en train de mettre ses sacs dans le coffre du taxi. Je m'approche de lui, il m'entend. Il se tourne vers moi et me regarde en affichant un faible sourire. Je ne dis rien. Je ne sais pas trop quoi dire en vrai. Je ne sais pas si ce qu'il fait est une bonne chose dans un raisonnement plus global. Dans l'instant T, je me dis que ce sera peut-être bénéfique pour lui.. je sais pas trop.

Amour Refoulé - Antoine Griezmann (bxb)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant