Chapitre 78 : Le polaroïd.

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LÉANDRE.

J'ai pas dormi de la nuit. En fait, ça fait plus d'un mois que je n'arrive plus à dormir. Mes nuits n'étaient déjà pas grandioses auparavant, mais le départ d'Antoine n'a rien arrangé, et son retour non plus apparemment. J'ai une chose qui me trotte en tête et je n'arrive pas à m'en débarrasser.

En fait, c'est évident, c'est comme lui — un vrai parasite. Même sans qu'il ne soit là, il arrive à m'envahir l'esprit et c'est clairement pas ce dont j'avais besoin. Putain..

Antoine m'entoure de ses bras. Ma tête se penche vers le réveil, fais chier, il n'est que quatre heures du matin. Je soupire. Je me détache avec délicatesse de lui et sors du lit. Comme il commence à faire de plus en plus frais, je dors en caleçon avec un des sweats d'Anto. Je me dirige à l'étage inférieur pour me servir un verre de lait, avant de venir m'installer dans le canapé. Je bois une gorgée avant de venir lâcher une grosse respiration. Putain, j'en ai marre de penser à lui. Je n'arrête pas de penser à lui depuis que je l'ai revu. Pourquoi me reste-t-il autant en tête ? Pourquoi est-il ici ? Putain, trop de questions qui s'emmêlent en moi. Et, bien évidemment, il fallait que ça se passe lorsqu'Antoine revient et lorsque je suis en train de régler les choses avec Louis. Fais chier, vraiment !

Alors que je regarde le mur rempli de livres et d'albums photo, je pense à quelque chose. Je me lève et me dirige dans la section de livres de médecine. Ce sont quatre gros livres rouges que j'ai hérité de ma grand-mère, datant des années 90. Des livres que je lisais lorsque j'étais en première année de médecine, lorsque j'étais avec lui...

J'attrape le volume 2 et je commence à le feuilleter jusqu'à la section cardiothoracique où je tombe dessus. La photo polaroïd, Alexis et moi en train de nous embrasser dans un photomaton. Mon coeur se serre à la vue de cette photo. Je ne savais même pas que je l'avais encore. Je n'avais jamais feuilleté ce livre depuis que j'ai arrêté médecine. j'arrache la page et je la plie. Je me dépêche de filer jusque dans le dressing pour trouver une tenue avant d'aller me doucher.

*

Je l'attends. Il est six heures, le soleil va bientôt pointer le bout de son nez sur Madrid. Assis sur ce banc dans le parc du centre de la ville, ça fait bien dix minutes que je suis là. J'ai réussi à le contacter à travers Instagram, disons que c'était pas difficile lorsque j'ai vu qu'il avait aussi essayé — mais que je n'avais rien reçu, l'ayant bloqué toutes ces années auparavant.

Au bout de quelques minutes, je le vois arriver nonchalamment, les écouteurs dans les oreilles.

— Tu sais que c'est vraiment pas poli d'avoir ses écouteurs pour aller parler avec quelqu'un ? Dis-je en le regardant de travers.

Pourtant, je remarque bien qu'il s'est bien fringué pour venir. Il est habillé en mode streetwear, et j'avoue que c'est pas désagréable à voir. Putain, je me déteste à penser ça.

— Je sais... Désolé, mais bon j'étais seul sur la route et t'étais pas là pour me tenir compagnie donc... sourit-il à pleines dents.

Il s'approche de moi, venant derrière le banc et se pencher vers moi.

— Mais bon, j'suis tout à toi maintenant.. me murmure-t-il accompagné d'un gloussement.

Je sens mes poils s'hérisser, je déglutis. Pourquoi ça me fait tant d'effet ? C'est pas sensé me faire tant d'effet ! Je suis passé à autre chose, depuis bien longtemps, y'a prescription.

— Merde.. t'es fiancé. Je l'ai lu dans la presse mais ça m'a échappé quelques instants, feint-il en venant s'asseoir sur le banc face à moi.

Amour Refoulé - Antoine Griezmann (bxb)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant