Chapitre 84 : Sur ces balançoires.

129 6 0
                                    

ANTOINE

Flashback : quelques semaines auparavant, Mâcon.

Mon coeur est en flambeaux, je ne sais plus quoi faire ni que dire. Je ne sais même plus comment je fais pour être encore debout, pour tenir ce corps qui me paraît tellement lourd. Comment mes jambes, qui d'ordinaire sont si fortes, me semblent-elles si faibles dorénavant ? Mes muscles ne tiennent plus que mes membres sur un fil, tel un funambule vacillant.

Ma gorge est nouée, les larmes qui se sont écoulées le long de mes joues n'ont laissées que des joues asséchées derrière elles. Mes yeux, rouges de par les flots de larmes qui se sont déversées par torrent, me brûlent. Je déglutis, tentant de me libérer de ce mal m'habitant.

Je me lève du lit où se trouvent mes trois enfants, dormant tous ensemble. J'ai eu extrêmement de mal à les endormir, heureusement que Léandre était là pour — même s'il s'est endormi au passage aussi. Un léger sourire vient s'esquisser le long de mes lèvres à cet aperçu. D'un geste doux, je viens les couvrir de la couverture avant de venir déposer un baiser sur leurs joues. Ma main vient se poser dans la chevelure de mon fiancé, avant de venir déposer un baiser sur son front.

Je finis par quitter la pièce, après avoir éteint la lumière. Je ferme la porte d'une délicatesse inouïe. Mes épaules retombent, comme si le poids de l'univers s'évaporait pendant l'espace d'un instant, avant de reprendre de plus belle. J'avance pas à pas, chaque pas étant plus lourd que le précédent. Je descends les marches, la nuit est d'ors et déjà bien présente — mais impossible pour moi de trouver le sommeil. Je suppose que je n'arriverai pas à trouver le sommeil de la nuit, cette semaine à veiller va être compliquée, même si je sais que ça va être une petite semaine qui va défiler tellement rapidement...

Quand j'y repense, lorsque mes yeux daignent se fermer ne serait-ce qu'un instant, je ne fais que de me remémorer la scène. C'est comme si un vieux clip était bloqué dans ma tête, ne cessant de redémarrer lorsque ça se terminait. Je me revois, dans ce salon, cette fameuse nuit et j'ai l'impression de manquer d'air. C'était comme si l'oxygène présent autour de moi disparaissait, m'empêchant de respirer convenablement, comme pour me remémorer la douleur que j'ai pu ressentir à cet instant.

Je n'arrive même pas à y croire, j'ai l'impression d'être en plein rêve — plutôt cauchemar. Je ne cesse de fixer mes mains, tentant d'y apercevoir un doigt de trop — apparemment, nous ne pouvons pas compter le nombre de nos doigts en plein rêve. Malheureusement, je suis toujours capable de les compter, comme un rappel imminent et douloureux à ce qui est en train de se produire... s'est produit.

Arrivant près du salon, je vois Erika, assise sur un des canapés beige en cuir, regardant vers le feu de bois. Elle semble pensive, n'ayant pas remarqué ma présence. Je suis content de savoir qu'elle est là elle-aussi. Je sais que nous avons eu beaucoup d'obstacles et de difficultés tous les deux, mais je suis tellement content de l'avoir encore dans ma vie, de savoir que je peux compter sur elle — même si elle a pu me faire défaut parfois...

Je devine qu'elle a remarqué ma présence lorsqu'elle tourne sa tête vers moi. Elle semble très triste, ce qui ne m'étonne guère. Ma mère et elle s'entendaient très bien, elles s'appelaient souvent, même si parfois ce n'était que pour les enfants, elles se sont toujours énormément appréciées et je sais qu'Erika a toujours eu beaucoup de respect envers ma mère.

— Les enfants dorment enfin... je réussis à dire pour commencer. Ça a été dur de... de devoir leur expliquer ce qu'il se passe... Mía n'a pas arrêté de me poser un tas de question pendant qu'Ama—

Elle me regarde, et je ne sais pas si c'est voir son regard triste qui me rend mal comme ça ou bien si c'est juste la situation ou même juste peut-être un tout mais ma voix se brise sur le prénom de notre fils. Je me vois tenter de les endormir avec Léandre et de leur expliquer ce qui était en train de se passer. Je suppose que je n'avais jamais pensé devoir expliquer à mes enfants que leur mamie était décédée à un si jeune âge — tant pour eux que pour elle. Bien que n'importe quel âge n'aurait été facile, je me tends à penser que s'ils étaient plus grands, ç'aurait été moins dur.

Amour Refoulé - Antoine Griezmann (bxb)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant