Amour Refoulé - Antoine Griezmann (bxb)

Chapitre 81 : À double tranchant.

LÉANDRE.

Je m'habille en vitesse, attrapant un sweat de NBA d'Antoine qui trainait sur la chaise dans la chambre. Je m'empresse de sauter dans un short et d'enfiler une paire de chaussures, tout en voyant qu'Antoine est en train de faire de même de son côté. Nos regards se croisent, et je peux le voir angoissé — tout comme je suis sûr qu'il peut apercevoir la même chose dans mes yeux. Que se passe-t-il ?

Je déglutis, tentant de faire disparaitre la boule qui prend forme dans ma gorge. Je mets mes lunettes et nous descendons en vitesse avec Antoine. Tout le monde est déguisé alors que nous sommes littéralement en short et sweat avec Antoine, fraîchement sortis de la douche.

De mon regard, je cherche Eva. Elle nous a interpellé, elle doit savoir ce qu'il se passe. Alors que tout le monde parle, créant un bruit de fond nuisible et sourd pour mes oreilles, je ne suis que concentré par trouver Eva. Disons que mon état est peut-être encore un peu secoué par le rêve que je viens de faire. Cette soirée est tellement... étrange. Je suis passé par la tristesse, tout en tentant de la noyer dans l'alcool, à un des meilleurs moments que j'ai pu passer avec l'homme que j'aime, puis par un rêve traumatisant et maintenant ça..

— Eva ?! M'écrié-je, ne parvenant pas à la trouver. Eva !

Malgré mes appels, je ne la trouve toujours pas. C'est alors que je décide d'aller checker le jardin — j'aurais dû m'en douter. Je vois mes meilleures amies ensemble, l'une tentant de calmer l'autre. Je les rejoins donc, confus par la situation.

— Qu'est-ce qui se passe ? Elsa, ça va ? Demandé-je, inquiet.

Mes mains viennent effleurer celles de ma meilleure amie, tentant de la calmer passivement. Cependant, elle me repousse. Mon regard se tourne vers Eva, abasourdi par la situation. Je la regarde, elle semble désespérée.

— Ils ne font que de se disputer avec Paul et elle est dans un état pitoyable. Ça a commencé il y a un moment, on ne voulait juste pas vous déranger, on pensait que vous étiez en train de vous réconcilier, m'informe-t-elle.

En dispute avec Paul ? Quelle nouveauté... Ils ne font que ça depuis des semaines, ça en devient désastreux à ce niveau. Cependant, je n'avais pas encore vu Elsa dans un tel état pour un garçon. Je ne pensais pas qu'elle était même capable d'agir de cette façon, elle a toujours eu cette carapace un peu coeur de pierre envers les hommes de sa vie — on dirait bien que les carapaces finissent toujours par tomber quoi qu'il arrive..

— En quelques sortes, ouais. Je.. Je me charge d'Elsa, tente de trouver Antoine et Paul, ok ? Demandé-je, tentant de gérer la situation.

Elle acquiesce d'un signe de tête et s'écarte rapidement. Je vois qu'Elsa tente de filer alors je la rattrape par le poignet alors qu'elle s'approche de la sortie.

— Elsa, arrête. Lui dis-je d'un ton ferme pour qu'elle m'écoute enfin.

— Lâche-moi, Léandre ! S'exclame-t-elle en repoussant ma main d'un grand coup de bras.

— Je peux pas te laisser toute seule, pas dans cet état.

Elle ne bouge plus et ne dit plus rien. Je la vois perdue, mais aussi.. triste ? On reste ainsi pendant une bonne vingtaine de secondes avant que je tente de m'approcher d'elle d'une douceur exceptionnelle pour ne pas la brusquer.

— Elsa... tenté-je en prenant sa main dans la mienne.

— Lâche-moi, bon sang.. rétorqua-t-elle d'une voix brisée, ne montrant aucun débat physique.

Je n'avais jusqu'à là pas vu les clés qu'elle avait dans sa main où elle tient une bouteille de vin blanc.

— Qu'est-ce que tu fais avec cette bouteille et tes clés de voiture ? Tu vas où comme ça ? M'inquiété-je.

— Je dois me tirer d'ici et juste.. putain..

Sa voix ne fait que de se briser à chaque phrase qu'elle tente de prononcer et ça ne fait que de me fendre le coeur de voir ma meilleure-amie de toujours être dans un tel état. Je ne pense pas l'avoir déjà vu aussi mal, que ce soit par rapport à un chagrin d'amour ou non.

— Reste, on va régler ça. Ensemble, okay ?

— Non, non... Lé. Tu comprends pas ce que j'essaie de te faire comprendre.. parvient-elle à dire malgré ses pleurs. Je ne veux pas régler cette situation car je sais qu'il n'y a aucune solution et je ne peux pas ne pas avoir de solution car je l'aime trop alors..

— Alors quoi ? Demandé-je, haussant un sourcil.

— Je préfère crever plutôt que de le perdre malgré tout ça !

J'ai l'impression que le temps se fige et que tout autour de moi reste bloqué aussi. Je peux juste entendre les battements incessants de mon coeur retentissant contre ma cage thoracique telle une cloche retentissant chaque heure. Mon corps est comme paralysé, ma seule vue étant Elsa en pleurs devant moi. Pendant un bref instant, je pourrais jurer me voir à sa place..

— Dis pas ça, Elsa.. C'est pas la solution, crois-moi.

— T'en sais rien.

— Je sais que je suis là pour toi, Elsa. Tout comme Antoine et Eva et tant d'autres personnes. Elsa.. on a vécu tellement de choses ensemble pour que tu ne me laisses pas être là pour toi. Je t'en prie.

— De la même manière dont t'as été là pour Antoine ?

J'ai l'impression de me prendre une claque en pleine face lorsque j'entends ses paroles. Elles viennent me percuter comme jamais, me laissant clairement une douleur après leur passage.

— Elsa..

— Quand tu as souffert pendant une semaine avant de recourir vers Louis et maintenant que ce n'est plus lui, c'est Alexis qui est de retour, je ne me trompe ?

J'ai l'impression que plus elle prononce de paroles, plus je tombe de cinq étages. Je ne pensais pas pouvoir tomber plus bas que ça, mais apparemment si.. Comment est-elle au courant pour Alexis ? Je ne comprends pas.. à moins qu'il l'ait contacté ? Mais pourquoi aurait-il fait ça ? Quoi que ça ne m'étonnerait pas de lui au final.. Putain !

— À chaque fois tu fais le malheureux sur qui tous les malheurs du monde s'abattent mais j'ai l'impression que tu tends justement le bâton pour ça. Dès que l'on t'offre ne serait-ce qu'un peu de bonheur tu le gâches en faisant de la merde et tu essaies de me faire des leçons de moral ?

Aucune parole ne sort. Je ne peux que remercier Eva pour intervenir avec Erika et la faire rentrer dans la maison. Mon corps reste statufié, j'ai l'impression de m'enraciner dans le sol se trouvant sous mes pieds. Je n'ai pas bougé d'un seul poil depuis qu'elle a prononcé ses paroles. Au final, a-t-elle vraiment tort ? J'en sais trop rien; sûrement que non. Je suppose que je n'étais peut-être juste pas prêt à les entendre.

Au final, ce qui m'a semblé être une éternité n'a sûrement duré qu'une minute ou deux avant que je ne reprenne conscience et que je tourne mon visage vers la maison. C'est là que je me rends compte qu'Antoine est là, derrière moi, son visage bloqué.

— Antoine, parviens-je à dire faiblement.

— Prétend pas que je ne viens pas d'entendre ce que je viens d'entendre. Me dit-il d'une voix tellement neutre que ça me perturbe encore plus qu'il avait été énervé.

— Mon coeur..

— M'appelle pas comme ça, s'te plait. Pas après ça, pas après Louis.. et Alexis apparemment ? Je sais même pas c'est qui ce putain d'Alexis ! Rit-il de nerfs.

Un silence s'installe rapidement avant qu'il ne le rompe aussi.

— Je pensais pas que tu pouvais autant une pourriture comme ça, lâche-t-il avant de partir.

Je reste planté là, perdu. J'ai l'impression que mon coeur va lâcher, mes membres tremblent et je m'effondre sur mes genoux. Putain..

🌟🌟