LÉANDRE.
Nice, mercredi 03 juin : 01h50.
On rentre d'un bar que les gars ont privatisé. On s'est tellement tous rapprochés ces derniers jours, même les joueurs entre eux, du moins ceux qui sont nouveaux. Je suis devenu plutôt très proches de Paul et Antoine. Puisqu'ils sont inséparables, on parle souvent tous les trois.
Il est tard, très tard. On essaie de ne pas trop faire de bruit pour ne pas déranger dans l'hôtel. Les gars ont match contre le pays de galles ce soir donc ils doivent bien se reposer. Mon oncle serait furieux de savoir que nous sommes rentrés à cette heure-ci.
Alors qu'on sort de l'ascenseur et que nous arrivons à notre étage, Paul me regarde bizarrement.
— Quoi ? Je demande en rigolant.
J'ai l'impression qu'il me sonde complètement. Ça me fait bizarre de le voir me regarder comme ça, j'ai l'impression qu'il traverse mon âme.
— J'suis content de t'avoir rencontré, Léandranou. Il dit en souriant. T'es un bon gars.
Je souris et il passe son bras autour de moi. Antoine nous regarde en souriant.
— Bon, je vous laisse. Je suis claqué. Bonne nuit les gars. Rajoute Paul en partant vers sa chambre.
Je pars donc vers ma chambre avec Antoine. J'ai le sourire aux lèvres, ça me fait tellement plaisir d'entendre ça. Je sais que ça peut paraitre bête mais ça me touche vraiment.
— Il a raison, Léandre. Vient me dire Antoine alors qu'on arrive près de nos chambres respectives.
Je m'arrête devant ma porte et le regarde. On se regarde un instant. J'ai envie de lui dire quelque chose. Je ne sais pas pourquoi, mais j'ai envie qu'il me connaisse vraiment. J'ai envie qu'il sache qui je suis vraiment, complètement. J'ai envie de lui dire le pourquoi du comment.
— Antoine ? Je demande.
— Oui.
Je le regarde, ouvre la bouche mais rien ne sort. Du moins, pas les mots dont je voulais.
— Bonne nuit. Je finis par dire.
— Bonne nuit. Dit-il en souriant.
Il entre dans sa chambre et j'entre dans la mienne. Je viens enlever mes chaussures et me pose sur le lit. La lune éclaire ma chambre. Je m'assois sur le rebord de mon lit, contemplant le ciel. Je prends des respirations bien contrôlées.
Si je lui raconte ça, il n'y a pas de retour en arrière possible. Mais d'un côté, j'ai l'impression qu'il y a une amitié profonde qui peut naître entre nous. Je le ressens.. et je me dis que j'aurais peut-être besoin d'une amitié dans ma vie. Surtout ces derniers temps.
Je me lève de mon lit, ouvre ma porte et arrive devant la sienne. J'hésite mais finis par toquer. Je l'entends dire d'entrer.
J'entre donc dans la chambre. La lampe de chevet est allumée. Je le vois dans son lit sur son téléphone, il est torse nu. Je déglutis. Il est vraiment beau, même fatigué.
— Ça va ? Il demande en posant son téléphone.
— J'ai besoin de te dire quelque chose.. de te prévenir.. Tu ne me connais pas, Antoine. Je sais qu'on commence à se connaître, tout comme avec les autres gars de l'équipe. Je commence à dire en étant face à lui, stressé.
Je vois qu'il est très attentif, il boit mes paroles. Je n'ai pas envie que ce que je suis en train de lui dire ait l'air d'être dépressif ou bien passer pour un martyr. Je veux juste lui expliquer pourquoi je peux être heureux et triste tout d'un coup.
— Ma batterie sociale est insupportable, elle est incontrôlable aussi.. et tout ça, c'est dû au fait que j'ai dû surmonter des choses tellement intenses.. tu ne sais pas, et ce n'est pas de ta faute parce qu'on apprend à se connaitre.
— Léandre..
— Non. Le coupé-je. Laisse-moi, j'ai besoin de te confier ça maintenant pour ensuite être sur la même longueur d'onde.
Je reprends ma respiration.
— J'ai perdu ma grand-mère lorsque j'avais 20 ans. Avoué-je en sentant mes yeux s'humidifier.
Je me mets à nu, complètement. Ce sujet est tellement important pour moi.
— C'était ma deuxième maman.. elle me connaissait mieux que personne et.. et elle était là pour moi à chaque instant de ma vie. Cette douleur est tellement intense.. pleurer au dessus du corps de la personne que tu aimes le plus au monde.. c'est.. y'a même pas de mot. Cette douleur, ça fout tellement en l'air les gens. C'est à partir de là que j'ai commencé à me mutiler.. puis à..
Je ne dis pas le mot mais je sais qu'il m'a compris. Je m'arrête un instant pour éviter de pleurer.
— Ma vie n'était déjà pas facile avec mon père.. j'ai dû vivre ça et je l'ai vécu seul.. j'ai dû remonter la pente.. je crois même que je suis encore en train de me relever de cette épreuve et je fais du mieux que je peux alors.. alors j'ai besoin qu'on me lâche du lest sur ma sociabilité lorsqu'elle sera étrange.
Il se lève de son lit, ne portant qu'un short. Il s'approche de moi, semblant hésiter. Je baisse les yeux, les larmes commencent à couler. C'est là qu'il me prend dans ses bras. Je ne réponds pas tout de suite à son étreinte.
ANTOINE.
Je le prends dans mes bras. J'ai mal au coeur de le voir pleurer. Je ne sais pas trop pourquoi.. je suppose que ça me fout vraiment la haine de voir mon ami, bien que nouveau, pleurer. Il finit par répondre à mon étreinte.
Je pense à quand j'ai perdu mes grands-parents quand j'étais plus jeune. Ça m'avait aussi fait beaucoup de mal. Un décès, on ne s'en remet jamais vraiment. Je pense à tout ce que ma mère a pu me dire pour me remettre d'aplomb.. pour me faire continuer à vivre.
— J'ai une idée. Je dis en me décalant.
Il essuie ses larmes et semble confus.
— Quoi ? Il demande.
Je cherche sur le petit meuble la bougie que j'avais vu hier en arrivant à l'hôtel. Je la trouve dans le tiroir et sort le briquet. Je m'approche de Léandre avec les objets dans ma main.
— Allume cette bougie. Je lui dis en lui tendant les objets.
Il me regarde confus, je peux le voir sur son visage. J'insiste.
— Qu..
— Mes grands-parents sont décédés quand j'étais plus jeune. Je viens lui dire.
Il s'est mis à nu en me racontant ses problèmes, je pense que je peux lui en raconter un peu de mon passé.
— Mon grand-père lorsque j'avais treize ans et ma grand-mère lorsque j'en avais seize. C'était.. fin, tu sais. Je continue de dire.
Il semble surpris que je lui raconte des détails de ma vie.
— Les gens ont cette idée que parce que ce ne sont que des grands-parents, on s'en remet facilement.. qu'on est triste quelques jours et c'est tout, on fait notre deuil. Je dis. Mais c'est faux. Du moins, c'était pas mon expérience et je vois bien eu ce n'est pas la tienne non plus.
Je tente de contrôler mes émotions car je sais que je dois être fort, bien que ça m'attriste toujours autant aujourd'hui. Il a l'air triste que je parle de ça, comme s'il pensait que c'était de sa faute que je parle de ça.
— Donc.. pour chaque soir où je pense énormément à eux et où ils me manquent beaucoup, j'allume une bougie. J'explique en lui tendant les objets de nouveau, il les prend cette fois-ci. Ils ont pris des parties de nos coeurs en partant et ces vides ne se rempliront plus jamais. Donc.. peut-être qu'allumer une bougie ça.. fin, je sais pas..
— Merci. Il dit en reniflant.
Il allume la bougie et un léger sourire apparaît sur le coin de ses lèvres. Je souris.
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Amour Refoulé - Antoine Griezmann (bxb)
FanfictionQue se passe-t-il lorsque des sentiments inattendus viennent naître entre deux personnes de milieux totalement différents : l'un vivant une vie lambda, l'autre vivant sous les feux des projecteurs ! (BxB love story) 28/06/2021 -