Chapitre 4 : Coucher de soleil.

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LÉANDRE.

27 mai, 22h30.

J'arrive dans le bureau de mon oncle. Je sais qu'il est tard mais je sais qu'il y sera, il y est tout le temps. Je toque et entre dès qu'il me donne l'autorisation.

— Léandre ? Tu n'es pas encore couché ? Demande-t-il en levant la tête de sa paperasse.

— Je veux rentrer chez moi. Je dis de butte en blanc.

Je vois mon oncle soupirer. Il finit par relever la tête vers moi.

— Je peux pas te laisser rentrer chez toi seul, Léandre. Ta mère m'a fait promettre-

— Je suis majeur, putain ! Je devrais pouvoir faire mes propres décisions. Je rétorque, énervé par la situation.

— Tu es sous tutelle, Léandre ! Enchérit mon oncle. Tu es sous la tutelle de ta mère parce qu'à chaque minute de chaque jour, ma soeur ne fait que de s'inquiéter pour toi.

Je sens qu'il commence à être émotionnel. Je sais de quoi il va parler, un noeud se forme dans ma gorge.

— Elle s'inquiète du fait qu'elle va recevoir un appel lui annonçant que tu as eu un accident ou que tu t'es donné la mort ! C'est pour ça que tu es sous tutelle après les nombreuses tentatives que tu as faites. C'est pour ça que tu es ici avec moi cet été. Si elle t'a confié à moi c'est pour que, pour un tout petit peu de temps, elle puisse profiter de sa vie sans avoir à s'inquiéter que tu sois en train de mourir. Comme tu étais en train de mourir dans ses bras le soir où tu as commis ta dernière tentative.

Mon oncle est à bout de souffle. Je suis bouche-bée, et pourtant je suis bien au courant de tout ce qu'il vient d'énoncer. Mais je n'ai pas envie de rester dans un endroit où je ne me sens pas à ma place. Je n'aime pas ce sentiment, ça m'attire.. ça m'attire vers le bas.

Mon oncle se lève et vient me prendre dans ses bras. Une larme s'échappe de mes yeux que je viens immédiatement essuyer. Je me décale.

— Je.. je crois que je ferai bien d'aller dormir. Je dis en ouvrant la porte de son bureau.

Mais alors que je veux pour sortir du bureau, je vois Antoine devant la porte. Je déglutis. J'espère qu'il n'a rien entendu.. je sais que c'est assez ironique sachant que j'ai écouté sa dispute avec Erika mais.. mais j'ai pas envie qu'on me regarde comme un martyr.

Il me regarde étrangement. C'est là que je comprends qu'il a entendu.. du moins, il a dû entendre une partie de la conversation. Un léger pic de colère s'empare de moi et je le bouscule du coin de l'épaule et pars en direction de ma chambre.

Dimanche 30 mai, 21h30.

Je suis sur une des tribunes d'un des terrains. C'est la fête des mères aujourd'hui, les parents de tous les joueurs sont venus pour l'occasion. J'ai évité tout le monde.. c'est un peu devenu mon habitude depuis trois jours. Depuis ce qu'Antoine m'a dit.

Du moins, j'ai évité le plus que je le pouvais. Je me suis quand même bien rapproché de tous les joueurs en ayant dû passer du temps avec eux à cause d'Hugo et Olivier. En tout cas, j'ai parfaitement réussi à éviter Antoine.

En parlant de lui.. je n'arrive plus à dormir depuis ce soir-là. Pas pour ce qu'il a dit.. pour le fait que quelqu'un sache pour ma tutelle.. pour mon passé. J'ai tellement honte de cette partie de moi, j'essaie de vivre comme si ça n'était pas réel. Mais cette conversation avec mon oncle a fait resurgir beaucoup de sentiments.

Je me cale contre un des sièges derrière moi et admire le coucher de soleil. J'entends des pas s'approcher. Je ne daigne même pas regarder de qu'il s'agit. Je crois bien savoir au fond de moi.

Amour Refoulé - Antoine Griezmann (bxb)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant