Chapitre 54 : Refléter sur le passé.

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LÉANDRE.

3 septembre 2022.

Plusieurs jours se sont écoulés depuis la confrontation avec Louis. J'arrête pas de ressasser ce moment. À chaque fois que j'essaie de penser à autre chose, ça vient s'agripper à mes pensées comme des vignes envahissantes. Ça s'y ancrent tellement que j'ai l'impression que je n'arriverai jamais à m'en libérer. Je ne sais même pas vraiment ce que je ressens. Tout se mélange, c'est étrange.

D'un côté, je suis en colère. Je suis tellement en colère par tout ce qu'il a pu faire que j'ai envie de lui en faire baver que ça lui boufferait sa vie. De l'autre, je suis triste. Je n'arrive pas à me dire que c'est le Louis que j'ai connu. Le Louis que j'ai pu aimé, mon meilleur-ami. C'est impossible. Louis était spécial, certes ; mais il n'était pas manipulateur, méchant ni dangereux. Je l'aurais vu si ç'avait été le cas, non ? Il y a certains signes que j'aurais remarqué.

Je passe des heures à cogiter, remuant tous mes souvenirs dans tous les sens pour tenter de trouver un semblant de méchanceté en lui que j'aurais pu voir venir. Mais j'ai beau me les répéter, même les revivre dans ma mémoire, ils sont toujours pareils pour moi. J'en viens à penser que j'étais tout simplement juste aveugle ou naïf. Après tout, Antoine avait bien cerné son jeu avant moi, en ne le connaissant presque pas.

Ma dernière hypothèse, celle d'Antoine, c'est que Louis n'a pas toujours été comme ça, qu'il l'est devenu. Ainsi, je ne l'ai pas vu devenir comme il est maintenant car je me rattachais au Louis que j'ai connu, que j'ai appris à aimer et à apprécier.

L'amour, même amical, c'est dangereux. Ça peut nous rendre vulnérable et faible sans même que nous nous en rendions compte. Quand on aime quelqu'un, on ne l'aime pas à moitié. On aime tout chez cette personne, le bon comme le mauvais. Et l'amour est tellement étrange, que ça en vient à nous faire oublier le mauvais, ou du moins à le rendre moins important que le bon pour que ce dernier reste plus prédominant. Peut-être que c'est ce qui a causé ma perte dans cette relation avec Louis. Le fait que je sois tellement malléable lui a permis de me manipuler et de me blesser et de blesser ceux que j'aime, principalement Antoine. Putain.

Je suis assis dans le lit, il m'est impossible de bouger ce matin. Je suis comme paralysé par toutes ces pensées. Je ne suis pas au fond du gouffre, loin de là. C'est juste que... que ça me fait beaucoup penser. Antoine pensait que j'allais mal — le genre de mal qu'il redoute. Je l'ai rassuré. Je suis principalement en colère.

J'observe le ciel à travers la fenêtre, le jour s'est bien installé. Le soleil brille de mille feux, illuminant la pièce et la rendant chaude.

— T'es prêt ? Demande une voix en pénétrant la chambre.

Je tourne ma tête vers la source de cette voix et je vois Anto, apprêté. Il se stoppe en me voyant encore torse nu sous la couverture.

— Désolé, soupiré-je.

Je l'entends s'approcher de moi. Il va finir par me détester. On est sensé aller récupérer Camilo, mon demi-frère chilien, à l'aéroport. On s'est porté responsables de l'avoir à la maison pour qu'il suive les cours ici à Madrid et joue dans le club ado de l'Atlético.

Antoine vient s'installer sur le lit, à côté de moi. Il pose sa main sur la mienne.

— Mon coeur, t'es pas obligé de me répondre mais...

Sa voix est douce, bien qu'hésitante. Il me regarde, moi aussi.

— Mais t'es sûr que ça va aller ? Finit-il par demander;

Je veux pour parler mais rien ne sort, ma bouche ne fait que s'ouvrir. Je déglutis et viens la refermer. Je sens mon corps frémir. Putain.

— Quand tu seras prêt alors..

Il s'approche de moi, sa main venant attraper mon visage avec délicatesse. Il vient déposer un baiser sur mes lèvres avec légèreté, avant de se détacher.

— Je vais le chercher et je reviens, d'accord ?

Je fais un signe positif de la tête et il se lève et part. Je me laisse tomber sur le dos. Il faut que je rassemble mes forces, et mon mental. Je ne peux pas laisser Louis envahir mes pensées tous les jours. Et je peux encore moins rester dans cet état avec l'arrivée de Camilo.

*

Une bonne heure plus tard.

Alors que je suis enfin apprêté pour l'arrivée de Camilo, j'entends mon téléphone sonner à travers la pièce. Je suis en train de coiffer mes cheveux, qui deviennent de plus en plus rebelles et qui bouclent de plus en plus, m'arrivant presque aux épaules. J'hésite à les couper, Antoine est pour, Elsa est contre. Un duel entre ces deux-là qui me fait bien rire.

Je le laisse sonner une fois, puis deux. C'est au bout de la troisième fois que je me dis que ça doit être important. Je laisse donc vaquer mes cheveux et me dirige dans la chambre, attrape mon téléphone. Je vois son nom s'afficher. Ça me surprend. Je n'ai pas eu de nouvelles de lui depuis un moment.

Je déglutis, hésite à répondre et finis tout de même par décrocher.

« Allô ? Léandre ? Demande-t-il »

— Oui.

« C'est Didier... ton oncle »

Sa voix est étrange, je peux sentir qu'il est gêné. Et il a raison de l'être, après cette discussion avec lui et tout ce qui s'est enchaîné ce jour-là..

— Je sais, lui dis-je en adoptant une voix neutre.

« J'espère que je ne te dérange pas »

— Non, tu ne me déranges pas.

Ça devient de plus en plus gênant, et je déteste ça. Je tourne en rond entre la chambre et la salle de bain. Je m'arrache la peau autour des ongles de la main où je ne tiens pas mon téléphone, c'est une des mauvaises choses que je me fais lorsque je suis anxieux. Super.

— Pourquoi m'appelles-tu ? Finis-je par demander, lassé d'attendre une quelconque parole de sa part.

« Je sais que c'est délicat de te demander ça, surtout après tout ce qu'il s'est passé l'an passé mais... »

— Si c'est pour me proposer un poste de photographe au sein de l'équipe, tu peux y renoncer directement. Le coupé-je aussitôt.

Je l'entends soupirer.

« Non, ça n'a rien à voir avec un poste pour toi »

— Alors qu'est-ce que tu veux ?

« J'aimerais que tu parles à Antoine... tu sais ? Concernant ma demande de l'avoir pour la Coupe du Monde au Qatar. »

Ah, je me disais bien qu'il y avait une raison pour laquelle il m'appelait. Il ne m'a même pas demandé comment ça allait, rien. Bien.

— C'est vraiment la première chose que tu désires savoir en m'appelant ?

« Non.. j'allais te demander comment vous alliez aussi, juste.. »

Il se perd dans ses paroles. Ça me gave.

— Bien sûr.

« Je suis sérieux, Léandre. Je.. écoute, je sais que j'ai merdé mais... »

J'entends la porte d'entrée claquer à l'étage du dessous. Je descends donc en vitesse, apercevant Antoine et Camilo au loin. Je souris en les voyant.

— Je vais voir ce que je peux faire, bye. Dis-je avant de raccrocher.

Je m'approche d'eux, prends Camilo dans mes bras. On fait visiter la maison à Camilo avec Antoine et on reste à parler pendant le reste de la journée. Le soir, on décide d'aller diner au restaurant pour lui faire découvrir le centre-ville de Madrid. Je ne sais pas encore comment je vais aborder le sujet avec Antoine, sachant qu'il l'évite depuis un moment, mais je dois le faire. Je vais le faire... 

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Amour Refoulé - Antoine Griezmann (bxb)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant