Amour Refoulé - Antoine Griezmann (bxb)

Chapitre 85 : Qui est-il (et que signifie-t-il pour toi) ?

LÉANDRE.

Flashback du jour de la fête.

Je ne sais pas vraiment ce que je suis en train de faire. Disons que mes jambes ne sont plus régies pas mon cerveau mais par elles-même. Je sais pourtant ce que je dois faire, je dois aller le voir. Je dois m'assurer que tout ce que je pense savoir est vrai... ou faux. J'en sais trop rien. Je ne sais même plus ce que je suis en train de faire, mais disons que ma rencontre avec Alexis cette nuit m'a fait comprendre que je devais le voir. Je dois le voir, même si c'est la dernière fois — je dois en être sûr.

J'ai l'impression de trahir une nouvelle fois Antoine en faisant ça, je l'ai laissé dormir paisiblement pour m'y rendre. Putain, je fais vraiment n'importe quoi... Fais chier !

Ne sachant pas vraiment quoi faire, je tourne en rond en l'attendant. Ne voulant pas attirer de soupçons trop importants d'Antoine, en sachant que tous ses amis arrivent aujourd'hui, j'ai demandé à Louis de me rencontrer chez Erika. Elle n'est pas présente, et elle m'a donné son accord. Il est sensé arriver d'une seconde à l'autre, mais j'ai l'impression que le temps devient mon ennemi — il est comme au ralenti, voulant m'abattre dans mon malheur grandissant.

Je soupire, alternant entre le canapé, la chaise de la salle à manger. Je marche, je tourne en rond, je vérifie mon téléphone pour voir si Antoine ne me contacte pas. Putain, dépêche-toi Louis...

Après ce qu'il me semble être une éternité, j'entends la sonnerie de l'appartement retentir. Je me dirige immédiatement vers la porte d'entrée et lui ouvre. Il a l'air soucieux, je n'ose même pas en douter. Si ce qu'Alexis m'a dit le concernant, il a dû bien lui foutre la trouille — mais il est tout de même venu. Alors qu'il veut m'enlacer, je le repousse. Déjà car nous ne sommes pas redevenus si proches, et car je n'en ai guère l'intention — surtout avec ce que j'ai su.

— O.K, rit-il en tentant d'alléger l'atmosphère tendue.

Je soupire en refermant la porte derrière lui. On se dirige automatiquement vers le salon et je ne peux m'empêcher de lancer directement le sujet. J'ai besoin de savoir, j'ai besoin de savoir si c'est à cause de lui qu'Alexis est ici. J'ai besoin de savoir qu'il n'a pas fait ça... Pas encore, s'il te plaît...

— C'est de ta faute qu'il est ici, n'est-ce pas ? Demandé-je du tac-au-tac.

Son visage reste neutre, ce qui me semble étrange. Il devrait comprendre tout de suite de qui je parle, mais je n'ai pas l'impression qu'une lumière ne s'allume dans son cerveau. Super.

— C'est toi qui a envoyé un message à Alexis pour lui dire que je vivais ici ? Précisé-je pour tenter de lui faire comprendre où je veux en venir. Que je travaillais à Duzama ?

Son visage se décompose lentement, et c'est là la seule réponse dont j'ai besoin de sa part. Je ne sais pas si c'est la réponse que je voulais. Certes, ça me blesse de me dire que j'ai refait ne serait-ce qu'un peu confiance à une personne qui au final ne le méritait pas — mais je me dis aussi que ce n'est personne d'autre qui m'a trahi. Pas Elsa, ni même Eva.

Il tente de s'approcher de moi mais je recule automatiquement d'un pas. Son bras qui s'était levé délicatement vers moi retombe à son tour.

— J'ai juste... Putain... je sais pas... j'ai juste fait ça par jalousie et je... j'ai pas réfléchi. Se mélange-t-il dans ce qui me paraît être un semblant d'excuse.

Et, alors qu'il me l'avait déjà confirmé avec son expression faciale, l'entendre le dire me fait encore plus un électrochoc. Mon sang ne fait qu'un tour, avant de venir bouillir en moi. Je suis en colère. Putain, comment puis-je être aussi bête pour croire une personne comme ça ? Je me suis tant rattaché à l'idée de ce qu'il avait pu être pour moi dans ma vie que je suis devenu aveugle à ce qu'il était devenu — comme si des oeillères m'avaient été implantées à mon insu le concernant.