Chapitre 49 : Reste, s'te plaît...

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ANTOINE.

Voilà ce qu'il ne fallait pas me dire. Ce que je voulais, mais que je redoutais tant. Ce qui me fait rêver, mais qui me fait cauchemarder par la même occasion. Mon retour au foot, je l'anticipe depuis quelques semaines avec Léandre. On tente petit à petit de me faire retourner, j'ai même des sessions avec ma psychologue là-dessus.

Mais retourner en club m'angoisse beaucoup moins que de retourner en sélection nationale. Lorsque Paul prononce cette phrase, je sens mon être se figer. Ma gorge se noue, un frisson me traverse l'échine. Progressivement , j'ai l'impression que tout autour de moi devient trouble, les sons deviennent presque inaudibles. Je suis sûr de déceler mon prénom, mais je ne réponds pas, j'en suis incapable.

Je me lève et me dirige en vitesse vers la salle de bain, ne prenant aucune respiration depuis une bonne minute. Une fois que le taquet est verrouillé, je viens m'écrouler sur le sol, ma respiration reprenant à une vitesse saccadée et incontrôlable. Les larmes s'y mélangent, mon corps tremble.

Ma poitrine est en feu, alors que je ressens un vent frais s'abattre sur mon ventre. Alors que j'ai l'impression que mon coeur va sortir de ma cage thoracique, j'ai l'impression que mon abdomen est sur le point de geler. Je viens remonter mes jambes contre moi-même, tentant de calmer la douleur mais rien ne vient.

Ça faisait un moment que je n'avais pas eu de crise d'angoisse comme ça.. je sais que c'en est, maintenant. Cependant, Léandre ne m'a jamais vu en faire. Il est au courant, mais ne l'a jamais vu.

Alors que je tente encore de calmer cette crise, j'entends quelqu'un toquer sur la porte. Je sais que c'est Léandre. Je me décale tant bien que mal et ouvre le taquet, sans démontrer une quelconque opposition à son entrée. Il pénètre la salle de bain, je n'ose même pas le regarder. Il vient se mettre sur le sol, m'attire vers lui. Il se retrouve derrière moi et me serre fort, sa tête contre mon épaule. Il ne dit rien, mais rien que sa présence aide énormément.

Petit-à-petit, les battements de mon coeur reprennent un rythme normal, les tremblements s'apaisent, ma respiration reprend un court régulier.

On reste comme ça pendant longtemps, sans parler. Il va me falloir beaucoup de courage pour rapprocher un terrain, mais heureusement, j'ai Léandre à mes côtés.

*

Madrid,

10 jours plus tard, le 23 août.

On vient de finir d'emménager dans notre nouvelle maison avec Léandre. Disons qu'on a tout fait pour accélérer les choses. Ça fait une semaine que nous sommes revenus des vacances, et ça fait quelques jours que nous étions sur le déménagement. C'est que nous n'avions pas beaucoup d'aide, Erika devant garder les enfants, nos amis ne vivant pas en Espagne, ainsi que la plupart de nos familles. Ainsi, nous n'étions que deux.

Cependant, j'ai une chose à faire qui me tue. Je dois prendre quelques distances avec Léandre. Ce n'est pas ce que je veux, c'est ce que sa mère m'a dit de faire. Apparemment, il sombre de nouveau. Pourtant, j'avais l'impression que ça allait mieux. Sa mère me dit que ça ne va pas mieux, qu'il l'a appelé en pleurant la nuit dernière, il était sur le point de se mutiler mais a trouvé la force de l'appeler. J'étais dans la pièce d'à côté et je n'ai rien entendu. Rien. Je ne comprends pas... je pensais être suffisant pour lui, du moins être un support émotionnel suffisant.

Sa mère me dit qu'elle viendra pour être là pour lui pendant une à deux bonnes semaines, la durée que nous avons déterminé ensemble. Je ne m'imagine même pas ne pas être avec Léandre pendant autant de temps. Je ne sais même pas si c'est une bonne idée... l'abandonner ? Comment c'est sensé l'aider à aller mieux ? Il va m'en vouloir et je ne pense pas que ça le rendra plus heureux.

Amour Refoulé - Antoine Griezmann (bxb)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant