Amour Refoulé - Antoine Griezmann (bxb)

Chapitre 89 : Près de la cheminée.

LÉANDRE.

          Je ne sais pas quelle heure il est, mais je sais qu'il fait jour à la lumière qui passe à travers les fenêtres. J'ouvre les yeux pour apercevoir le déluge qui se produit à l'extérieur. Le temps est vraiment pitoyable en ce moment à Madrid, bien que de saison je suppose. On est début novembre, je ne devrais plus m'attendre à avoir un grand soleil bien chaleureux pour me réveiller le petit matin.

          Je me tourne pour voir si Antoine est là, mais il n'est pas dans le lit. Je commence à m'inquiéter. Mon coeur rate un battement. Est-il parti de nouveau ? Ou bien aurais-je même halluciné la soirée d'hier ? J'en sais trop rien, mais je ne peux noyer le sentiment de panique qui me gagne. Je me lève rapidement du lit, manquant de m'effondrer par la même occasion. J'enfile un sweat-shirt traînant sur la chaise et un short. Je me dépêche de descendre à l'étage pour le trouver. Je ne le trouve ni dans la cuisine, ni dans la salle à manger. Je finis par vérifier le salon et c'est là que je le vois près de la cheminée.

         Mon coeur semble reprendre une cadence bien plus normale. Je lâche un soupir et mon corps semble revivre lorsque mes épaules se relâchent. Je m'approche à petits pas vers lui et je le vois tourner sa tête en ma direction. Il affiche un faible sourire, portant le sweat-shirt que j'avais la veille au soir. Il est assis à l'indienne, se réchauffant près du feu.

— T'es enfin réveillé, fait-il remarquer.

— Il est quelle heure ? Demandé-je en venant m'installer face à lui.

          Nous nous trouvons donc tous les deux près du feu. Je voulais me mettre à ses côtés mais je préfère être face à lui pour pouvoir mieux le regarder, et lui parler plus convenablement.

— Il va bientôt être dix-huit heures.

           Je suis sous le choc. Comment ça j'ai presque fait le tour du cadran ? Je crois que je n'ai pas autant dormi depuis mes années du collège, et encore. Après, pour ma défense, j'ai mis des heures à m'endormir cette nuit. Je n'arrêtais pas de rejouer toute la scène dans ma tête, de me rejouer les expressions faciales d'Antoine pour tenter de discerner son jugement nous concernant. Éventuellement, je me suis endormi de fatigue ne tenant plus.

— T'en fais pas, je me suis réveillé il n'y a pas si longtemps que ça à vrai dire. Disons que le sommeil nous a gagné tardivement dans la nuit. Ajoute-t-il en mettant des mots sur mes pensées.

          Un silence s'installe, comme il s'était installé cette nuit lorsque nous nous sommes couchés ensemble dans le même lit pour la première fois depuis quinze jours. Aucun de nous deux n'avions parlé, et c'était étrange. Très étrange. Trop étrange. Je décide de briser la glace, je n'ai pas envie que la situation tendue perdure. Aucune parole n'avait été prononcé mais rien que de le savoir avec moi me soulageait — et j'aime à penser que lui aussi ça lui a fait du bien. Du moins, il ne semblait pas mal à l'aise, au contraire.

— Ça m'a fait du bien de dormir avec toi, malgré tout. Lui avoué-je d'une voix douce.

           Mon regard cherche le sien, bloqué sur les flammes du feu de cheminée. Il finit tout de même par venir les diriger vers moi. Je n'ai même pas besoin qu'il me réponde quoique ce soit pour comprendre que lui aussi ça lui a fait du bien. Je suis satisfait de cette semi-confirmation, car ça me rassure dans l'idée que nous pouvons repartir mieux de tout ça — que ce n'est pas la fin de notre histoire tout compte fait.

— Moi aussi, avoue-t-il à son tour.

          Il sourit, et je ne saurais expliquer la sensation que cela me procure. C'est comme si tout mon être venait d'être chamboulé rien que par cette minime action de sa part. Je suppose que je suis tout simplement devenu super sensible à chaque action positive qu'il peut me donner depuis que je l'ai retrouvé. J'ai tellement envie que nous repartions comme si rien n'avait changé, comme si je n'avais jamais fait cette erreur de revenir vers Louis et de lui avoir caché l'existence d'Alexis. Malheureusement, je ne peux pas revenir dans le passé, je ne peux agir que pour forger le futur et c'est en cet instant même que je dois le faire.