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Vendredi 2 juin 2023 - Tampa Floride

— Vous ne sortez pas ce soir ? je m'enquiers auprès de mes frères.

Les garçons avaient l'habitude de sortir tous les vendredis soirs. L'objectif était de faire la tournée des bars et, idéalement, de rentrer accompagnés. Cette tradition perdure depuis leurs 17 ans. Je ne mentirais pas si je disais avoir eu l'envie de les étriper plus d'une fois à cause de cette habitude idiote. Je me retrouvais invariablement réveillée à cinq heures du matin par des cris féminins. Combien de filles ai-je vu défiler ici... certaines très sympathiques et d'autres tout simplement exaspérantes. Je ne me gênais d'ailleurs pas pour exprimer mon désaccord avec leur choix.

— Exact, mais ce soir, on a décidé de passer la soirée avec toi plutôt, m'informer Eden.

— Oh, vous allez renoncer à une partie de jambe en l'air pour moi ? Que je suis flattée !

Je les taquine, et bien sûr, je me prends une poignée de chips en plein visage. Trop d'amour par ici.

Après avoir dévoré nos pizzas, plutôt que de simplement les manger, je me sens sur le point d'exploser. Nous décidons alors de jouer aux cartes autour d'une bière. Un moment simple, mais qui me ramène des années en arrière, lorsque nous passions des nuits entières à faire ça.

Je réprime un bâillement tandis que les gars discutent de je ne sais quoi. Alec me jette un regard en coin, que je fais mine d'ignorer parfaitement en prenant mon téléphone. Cependant, je suis forcée de constater que mon corps est en alerte, notifiant sans que je m'en rende compte tous les mouvements du brun.

Un sourire se dessine sur mes lèvres à la vue du message de ma meilleure amie m'informant qu'elle passera demain. Ce sourire n'échappe pas aux garçons, qui se pressent de me demander à qui je parle et si c'est un mec. Je ris en levant les yeux au ciel. Rien n'a changé, apparemment. Cependant, je remarque qu'Alec me regarde avec insistance lorsque je ne réponds pas. Je leur indique que c'est June avant de me lever dans l'optique d'aller m'installer sur le canapé, non sans avoir dû informer les garçons de ma destination.

Mes frères hochent la tête avant de retourner à leur discussion. J'ai à peine le temps d'atteindre le salon qu'une main large et rugueuse s'enroule autour de mon poignet.

— Une partie de call of Sweety ?

— Pour que je te lamine encore une fois ? je demande en le taquinant.

— Ne te la joue pas trop, je me suis beaucoup amélioré en cinq ans, dit il en jouant des sourcils.

Je rigole face à son air bien trop confiant, mais finis par accepter.

— D'accord, même chose que d'habitude ? je demande joueuse.

— Exactement la même chose.

— Prépare-toi à devoir me faire le petit-déjeuner demain !

Je m'effondre gracieusement sur le canapé tandis qu'il me lance une manette. Il s'installe à mes côtés, visiblement bien trop près pour que je puisse ignorer son parfum d'océan qui remplit mes narines. La partie démarre, et comme à chaque fois, je prends l'avantage contre Hadès. Cela a le don de le faire enrager, une réaction prévisible.

— Au fait, je t'ai dit que tu étais absolument sexy dans cette robe ? il murmure d'une voix rauque.

Je m'étouffe presque avec ma propre salive à l'écoute de cette phrase. Suis-je en train de rêver ? Mon cœur s'emballe et mon souffle se suspend un instant. Il ne m'a jamais parlé ainsi, en ces termes. Jamais il ne m'a qualifiée de sexy, et le ton suave qu'il a utilisé me déstabilise complètement. Je reste figée comme une statue, ce qui lui donne le temps de reprendre légèrement l'avantage dans le jeu.

— On dirait que je reprends l'avantage, finalement, c'est peut-être toi qui vas m'apporter le petit déj.

Il ricane, ce petit con l'a fait exprès. J'essaie de reprendre le contrôle malgré le tumulte de pensées qui s'agitent dans ma tête. Comment pouvait-il savoir que cela me déstabiliserait ? Se rend-il compte de l'effet qu'il a sur moi ? Non, ce n'est pas possible. « Souviens-toi, tu as essayé de l'embrasser, il doit bien se douter de quelque chose. » C'était il y a cinq ans, c'est presque de l'histoire ancienne. Ou peut-être pariait-il simplement sur l'effet de surprise.

Je mets de côté mes interrogations et me concentre sur le jeu. Hors de question que je perds. Je redouble d'efforts et le bats de justesse, lui arrachant un soupir de défaite.

— Pff, tu as eu de la chance, c'est tout.

— Tu dis ça à chaque fois que tu perds, Al, donc tout le temps. Je t'attends demain matin avec des
pancakes aux pépites de chocolat !

— Elle t'a encore battu ? pouffe Ezra

— Gna gna gna, elle a eu de la chance une fois de plus, tu veux dire.

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Plus tard dans la soirée, alors que les jumeaux sont montés se coucher, Alec et moi nous retrouvons sur la terrasse, plongés dans une discussion animée. La tension de la partie de jeu semble s'être dissipée.

— Il faut croire que tu as vraiment un talent pour les jeux vidéo, dommage que ce soit le seul domaine où tu excelles.

Son regard, pétillant d'une lueur espiègle, rencontre le mien. Je lui adresse un magnifique fuck en guise de première réponse.

— Oh, mais j'excelle dans beaucoup d'autres domaines Al ! je réponds la voix bien plus aguicheuse que je ne le voudrais.

Je ne sais pas si je me fais des idées, et surement que c'est le cas, mais j'ai l'impression que l'air s'alourdit et que la tension augmente autour de nous.

— Ah ? Peut-être que tu devrais me faire découvrir tes autres talents dans ce cas...

Un frisson parcourt ma colonne vertébrale en entendant sa voix murmurer ses paroles tout en ne me lâchant pas des yeux. Surprise ? Je le suis, c'est indéniable. Cependant, c'est désormais le désir qui s'empare de tout mon être.

L'intensité du moment est malheureusement brisée quand son téléphone se met à sonner. Un léger soupir de frustration s'échappe de ses lèvres.

— Désolé, Swan. Je dois prendre ça, c'est important.

J'acquiesce, masquant ma déception avec une assurance feinte. Cependant, une part de moi espère qu'il revienne rapidement, que la magie de l'instant puisse être récupérée. Il s'éloigne vers l'intérieur de la maison, laissant derrière lui un vide sur la terrasse.

La nuit semble s'étirer, emportant avec elle la promesse d'une connexion plus profonde. Assise seule sur la terrasse, je scrute l'obscurité, me demandant ce qui aurait pu se passer si nous avions continué notre conversation. Une étrange anticipation s'installe dans l'air, laissant planer un mystère qui persiste à flotter dans la nuit étoilée.

Liens interdits : entre cœurs et amitiéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant